En cet instant magique de la vie, dans le ventre d’une femme, un second cœur se met à battre. Une nouvelle vie commence, et tout l’organisme dépend dorénavant de la fidélité sans faille des battements de ce cœur. Ce formidable muscle qu’est le cœur pompe deux gallons de sang à la minute et bat 100 000 fois par jour. Le cœur rythme la vie; cela, nous le savons. Mais serions-nous en train d’oublier que le cœur possède une autre clé essentielle? Celle de notre capacité de vivre heureux.
En effet, les découvertes montrent que le cœur est un organe extrêmement intelligent et sensible, capable d’interagir de façon continue avec son environnement. Contrairement à la croyance populaire, les battements du cœur sont en fait totalement imprévisibles, instables et irréguliers. En réponse aux constants stimuli provenant tant de l’intérieur que de l’extérieur de l’organisme, le rythme cardiaque peut varier entre 40 et 180 battements à la minute et changer en l’espace d’un millième de seconde. Le cœur est vivant au sens pur du terme, c’est à dire qu’il est en perpétuel déséquilibre et que son rythme fluctue sans cesse, réagissant ainsi à une multitude de stimuli. Une pure merveille! Tant d’intelligence le rend assurément digne de porter le nouveau titre de cerveau!
Pourtant, ce n’est pas la place que nous lui accordons à l’heure actuelle dans nos façons de faire et de vivre en société. C’est plutôt le néocortex que l’on privilégie dans nos écoles, nos institutions et nos régimes politiques. Qu’est-il arrivé à notre cœur humain? Qu’avons-nous perdu en nous civilisant? Quel est le sens de cette existence dont la route commence par le miracle d’un battement de cœur? Vient un jour où l’on ne peut plus résister à l’appel du cœur. On se met alors à le suivre, à l’écouter, car lui seul connaît le chemin de l’abandon au mystère de la vie. Nous connaissons tous cette expérience du bonheur tout simple que procure notre relation au monde lorsque celle-ci part du cœur.
Il est vrai qu’ouvrir son cœur, c’est prendre un risque. Mais on a plus à perdre en le maintenant fermé qu’en osant l’ouvrir, car la contraction du cœur nous ferme à la vie et empêche son mouvement. Pour l’ouvrir, il faut reconnaître et accueillir cette fermeture. Dès cet instant, l’intérieur se détend tout doucement. Le cœur peut alors commencer à se dévoiler lentement et à oser sa vulnérabilité. Parfois, il suffit de simplement prendre conscience de nos mécanismes de défense pour que tombent les barrières qui ont jadis servi à nous protéger, mais qui nous coupent maintenant de la danse de la vie.
Lorsque, dans l’intimité, nous osons tenir tendrement nos peurs dans la douceur de notre cœur, celles-ci trouvent aisément la libération. Ouvrir son cœur, c’est aussi la route du pardon à soi. C’est faire le choix audacieux de l’amour à chaque instant.
La vie s’anime dans un cœur ouvert. On peut bien sûr éprouver du chagrin, mais pas le genre de douleur que cause la résistance. Un cœur ouvert permet de vivre en intimité avec la vie et aime tout ce qui existe. Le regard du cœur fait des miracles partout, car il permet de retrouver la connexion à soi, à l’autre et au monde. Il nous ramène ainsi à la maison, dans la profondeur de notre vraie nature d’Être d’amour et de joie. Quand le cœur s’ouvre, s’ouvrent aussi des ailes de liberté insoupçonnée. C’est grâce à la conscience dans notre cœur que nous retrouvons notre pleine humanité. Écoutons, dans le silence de notre poitrine, les battements de notre cœur qui réclame une grande révolution de la tendresse.