Célébrer avec son clan!

Novembre s’est installé… les fêtes sont à nos portes… les arbres se sont complètement dépouillés… et pourtant la vie est là, toujours aussi vibrante, simplement enfouie au plus profond.

Parlant des fêtes, je ne sais pas si vous êtes de ceux et celles qui trouvent lourdes ces retrouvailles, ces longues soirées avec grand-mère, oncles, belle-mère, cousins, sœurs, neveux et co., certains que l’on ne reverra possiblement pas avant l’année prochaine?!?!?!

Des vieilles blagues ressortent, ainsi que d’illustres histoires. On rit. On prend un coup. On se chicane. Des froids persistent, d’autres se créent ou se dénouent. Mais, disons-le franchement, ces veillées ne nous laissent jamais insensibles. Pourquoi?

Alors qu’on dirait parfois que les arbres, une fois le mois d’octobre passé, croupissent sans vie : ternes, gelés, incolores… la réalité est pourtant toute autre. Une vie sommeille au plus profond des racines, prête à ressurgir dès les premiers rayons de chaleur. Il en est de même dans nos familles, nos clans, ces réservoirs de mémoires, d’histoires et d’événements, certains joyeux, d’autres très pénibles.

Notre famille, c’est nos racines. Peu importe qui en furent les membres : heureux ou tristes, pauvres ou prospères, malades ou en santé, réussissant professionnellement ou procrastinant toute leur vie, ils ont réussi à la perfection une chose… transmettre la vie… puisque nous sommes là.

Ceci dit, nous sommes arrivés dans le monde, issus de personnes parfaitement imparfaites, souvent chargés de fardeaux et de drames non résolus. Il est enrichissant de découvrir les histoires d’enfants morts jeunes, de femmes mortes en couches, de suicides, d’incestes, de morts à la guerre, d’immigration, d’adoption, de violence, d’alcoolisme, etc. Toutes ces histoires traînent dans notre arbre généalogique et, sans que nous nous en rendions compte, affectent notre qualité de vie, voire nous empêchent de nous réaliser comme nous le souhaiterions.

Je n’ai pas encore répondu à la question d’avant, à savoir pourquoi les réunions familiales viennent tant nous toucher. J’y arrive. Du fait que nous soyons issus de ces personnes, il résonne encore en nous des drames non résolus, voire des événements difficiles qui se soient passés entre nous. Passer une soirée en leur présence ne peut que réactiver ces souvenirs ou ces mémoires.

Avez-vous déjà senti ou pris conscience que, malgré que vous vous soyez dit que vous ne ressembleriez jamais à papa (ou maman), vous aviez eu le malheur de reproduire leurs attitudes ou destins?!. Vous souriez… moi aussi. Et ce qui pèse sur nos boutons, lors des fêtes de famille, demeure le miroir que nous nous offrons l’un à l’autre.

Mais pourquoi reproduisons-nous ce que nous détestons pourtant? Simplement parce que notre survie dépend du clan. Je m’explique. Lorsque vous êtes une gazelle ou un gnou, par mégarde isolé de votre troupeau, et qu’arrivent des lionnes ou des hyènes, vous devenez leur proie facile et trouvez la mort. Une partie du cerveau humain, appelé reptilien, sait très bien qu’être isolé du clan signifie mourir. Vous me suivez??? Étant donné que l’espèce humaine est la plus dépendante de ses parents, et ce, pour la plus longue période de vie, se retrouver hors de son clan égale la mort. C’est ainsi qu’inconsciemment nous adoptons des attitudes, caractères, visions, opinions, comportements familiaux, rôles… nous permettant d’appartenir à notre famille. Avez-vous déjà eu l’impression que quelque chose vous collait à la peau, que vous ne marchiez pas dans vos bottines, que malgré tout le travail sur soi accompli, une incompréhension et un questionnement persistaient et que vous n’arriviez pas à atteindre vos buts (former un couple, vous placer professionnellement, avoir de l’argent, prendre votre place dans la vie…)??? Dans mon bureau privé, j’entends régulièrement ces phrases.

Mon intérêt, comme thérapeute, a toujours été d’aller à la cause des maladies, souffrances, patterns et échecs répétitifs. Au fil des ans, j’ai découvert diverses approches intéressantes, mais celle qui a porté de puissants fruits, rapidement, concerne le travail sur le transgénérationnel… il s’agit des CONSTELLATIONS FAMILIALES.

Même s’il est très difficile de décrire ce travail ici en quelques lignes (je vous encourage à aller sur Google et taper « constellations familiales »), je vous dirais qu’il s’agit de « mettre en scène » une partie de nos ancêtres, à l’aide des participants, afin de voir ressurgir des liens qui nous unissent à certains d’entre eux, des loyautés inconscientes qui nous empêchent de nous réaliser et bloquent nos vies. Les Constellations Familiales permettent de mettre à jour des loyautés invisibles pour nous en libérer afin de nous accomplir dans nos vies.

C’est un travail puissant, très libérateur, que tous devraient connaître puisque nous traînons des fardeaux qui ne nous appartiennent pas étant, depuis la nuit des temps, issus de familles!

Au plaisir de partager avec vous ma passion… et joyeuses fêtes de famille!

Une rencontre avec… Christian Gosselin

Intervenant social de première ligne, il est le fondateur de l’organisme Le PORTAIL de l’Outaouais, un organisme qui aide à contrer l’itinérance et l’exclusion sociale.
Par Carole Verdon

Le cheminement d’un homme qui veut donner au suivant!

Nous nous sommes donné rendez-vous dans un café, à Aylmer. Le contact fut instantané. Vous savez, ce genre de rencontre où vous avez l’impression de connaître l’autre depuis toujours;­ voilà ce que j’ai ressenti en présence de Christian Gosselin! Un homme direct et transparent, un homme sensible, un homme à la voix forte et au rire caractéristique. Un homme blessé mais qui a voulu guérir, un homme détruit mais qui s’est reconstruit, un homme écorché vif qui s’est réconcilié avec la tendresse, un homme consumé de l’intérieur et qui, par la force de tout son être, a laissé la Lumière se frayer un chemin jusqu’à lui. Il sait maintenant qu’à l’intérieur de lui, il y a une source inépuisable.

Christian, c’est un homme généreux et débordant d’humanité, un bagarreur qui s’est adouci, un homme qui clame haut et fort « la droiture à tout prix », un homme au cœur d’enfant, un homme qui a connu la descente aux enfers avec l’alcoolisme, avant de trouver sa mission de vie : servir.

La descente aux enfers, le fond du baril, c’est dans sa cour. Oui c’était dans sa cour, dans son milieu fami­lial. Une mère monoparentale et alcoolique. Je lui volais de la boisson dans son 40 onces et j’allais boire le soir dans le parc Bisson. J’ai commencé à boire parce que je ne voulais plus souffrir de cette atmosphère familiale chaotique. J’ai endormi ma souffrance. Pour boire, j’ai menti, manipulé, volé et j’ai vécu à l’encontre de mes valeurs les plus fondamentales. J’ai bu jusqu’à en perdre mes amis, mes amours, mes emplois, mes logements, ma dignité, mes espoirs, la maîtrise de ma vie et ma raison. Pourquoi? Parce que je suis atteint de l’alcoolisme, tout simplement, une maladie sournoise et puissante.

Le Dépanneur Sylvestre, son issue de secours. Quand Christian s’est présenté au Dépanneur Sylvestre, il était alcoolique et toxicomane, mais grâce au dépanneur, il s’est ressaisi et a remonté la pente. J’étais exclu, jugé dans mon entourage et vraiment incapable de fonctionner en société. J’avais connu l’itinérance. Au dépanneur, on m’a accueilli, on ne m’a pas jugé. Je suis rentré comme dans le ventre d’une mère. Puis, pendant huit longues années, il y a eu une transformation qui s’est faite parce que j’ai été accepté, non jugé. On voyait l’être de lumière que je suis et non l’alcoolique. On m’a permis de m’impliquer et de gagner un peu de confiance en moi-même et de voir ce qui est vivant en moi et ce qui est mort.

Le Dépanneur Sylvestre n’est pas un dépanneur ordinaire. C’est une initiative citoyenne d’entraide et de solidarité. « Toutes les villes du Québec devraient avoir un Dépanneur Sylvestre », s’est exclamé le chanteur Richard Desjardins, de passage en 2012 pour un spectacle au profit du dépanneur.

Le 28 juin 2010. Dans nos vies, nous avons tous et toutes des dates mémo­rables. Pour Christian, celle du 28 juin 2010 est ancrée à jamais, c’est sa date de sobriété. Ce jour-là, j’ai arrêté d’avoir soif. J’ai trouvé ce que je cherchais. Cette soif a été assouvie.­ Ça, c’est définitivement un miracle, une intervention divine. Mais la nuit précédant ma date de sobriété a été la nuit la plus difficile de ma vie, et Dieu sait que j’en ai vécu des atroces. C’est vrai que le moment le plus sombre de la nuit est ce moment juste avant l’aube.

La liberté intérieure. Pour Christian, la liberté intérieure, se sentir vraiment libre, c’est un chemin difficile mais pourtant simple. Les seuls moments où je me sens vraiment libre, où il ne me manque absolu­­ment rien, c’est lorsque je m’arrête en silence et que je touche ce lieu intérieur en moi, invisible mais palpable. Ce tout petit endroit en moi qui une fois touché devient plus grand que grand.

À 50 ans, de retour sur les bancs d’école. Peintre en bâtiment de son métier, Christian a obtenu son diplôme en travail social de la Cité Collégiale en 2014, ce qui lui permet d’agir comme intervenant social de première ligne. Le jour où j’ai pris la décision de retourner sur les bancs d’école, j’ai décidé de consacrer ma vie à participer à la guérison des maux de ce monde plutôt qu’à sa maladie. C’est maintenant ma respon­sabilité d’être là pour quiconque tend la main en quête d’aide. Je veux travailler au front, comme on dit. En itinérance, pauvreté extrême, alcoolisme, toxicomanie, prostitution; le milieu que j’ai fréquenté.

L’itinérance : Un problème de soci­été? Une question de décrochage des valeurs proposées par la société actuelle? Une recherche de liberté? Que l’on ait ou non des préjugés, du mépris ou de l’incompréhension à l’égard des itinérants, un fait demeure : l’itinérance fait partie de notre réalité sociale. Ayant lui-même connu cette condition, Christian s’est donné comme mission de fonder un organisme de bienfaisance enre­gistré — Le PORTAIL de l’Outaouais — qui aide à contrer l’itinérance et l’exclusion sociale.

Quel était ton but en fondant le PORTAIL de l’Outaouais?
Produire un journal de rue mensuel en Outaouais comme il en existe dans d’autres villes du Québec et ailleurs dans le monde. Qui vend le journal, à qui et où? Des camelots itinérants vendent le journal aux piétons à différents coins de rue et dans certains endroits achalandés.

Combien coûte et se vend le journal?
Le camelot achète le journal à 1,50 $ avec son propre argent et le revend 3,00 $.

Quel est l’objectif du journal?
Le retour à l’autonomie. Chaque camelot est son propre patron. C’est plus valorisant de vendre un journal aux passants que de tendre la main. Cette action concrète aura un impact direct sur l’estime de soi et la prise en charge des camelots. Chaque piéton qui achète le journal contri­bue à une partie de la réinsertion sociale des personnes itinérantes.

Sur quoi portera le contenu du journal?
L’itinérance, les problématiques connexes, le rétablissement personnel et social, les modes de vie sains, l’art et la culture. Qui écrira dans le journal? Les articles seront écrits par des étudiants en journalisme, par la clientèle fragilisée, les acteurs sociaux et tout communicateur intéressé à s’impliquer. On y traitera de nombreux sujets pour attirer le lecteur désireux d’acheter son exemplaire à chaque mois. La première édition du journal est prévue pour le 1er décembre.

Carole Verdon — J’ai accepté avec grand plaisir de signer un article à chaque parution.

Donner au suivant. Christian a reçu beaucoup; il veut donner à son tour à la communauté. Je suis un homme qui ne veut qu’aimer au sens large. Aimer tout, même et surtout les êtres au comportement les plus aberrants; ce sont les êtres les plus souffrants. Je peux condamner l’acte, mais pas l’être humain.

Un cheminement inspirant. Nous avons besoin de modèles et d’histoires inspirantes. L’histoire de Christian fait partie de celles-là. Par son attitude, son optimisme, son courage et sa foi, il a su transformer le plomb en or. Une véritable alchimie a eu lieu : un processus de transformation intérieure, d’accomplissement et d’éveil à son plein potentiel.

1 Pour en savoir davantage sur le Dépanneur Sylvestre, lire sur le Web l’article intitulé Un dépanneur pas comme les autres, signé Anne Rousseau.
 

Christian Gosselin
leportaildeloutaouais@gmail.com
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