Soupirs assoiffés

Sentiment d’épuisement, de mal vivre, de manque d’air. Laisser derrière moi ce monde de bruits et de contraintes… J’ai besoin de vacances!

Trouver la paix dans le silence et la solitude, y abandonner mes soucis ou plutôt en prendre la juste mesure et y découvrir cette part d’activisme qui me donne bonne conscience. Le silence ne fera-t-il pas résonner le vide de mes coquilles?

Découvrir que le silence n’est pas le vide, mais au contraire qu’il est habité, qu’il me parle. Mon corps en dit souvent plus si j’y prête attention. Ainsi, la mouche indésirable me fait prendre conscience que, comme elle, je cherche sans relâche et en dépit des vitres sur lesquelles je me cogne, la lumière qui m’appelle.

Se dépouiller non seulement du superflu, mais aussi de tout ce qui me soucie pour enfin atteindre ces choses subtiles qui me diront que je suis aimable, que je suis aimé : n’y aura-t-il pas là, en vacances, quelque source de paix et de bonheur?

Retrouver au creux du silence cette force qui m’habite, mais que je veux contraindre à travailler pour une fin autre que la faim pour laquelle elle est faite : l’amour de soi, l’amour des autres, l’amour de l’Amour…

Errer sur des chemins d’ombre et de lumière à l’image de ma vie. Ombres des cryptes, naturelles ou humaines, manquant d’air et de soleil et produisant un sentiment d’enfermement apeurant. Pourtant, en y prêtant attention autrement, ne s’y cache-il pas des beautés à couper le souffle? Que penser de la lumière d’un soleil, tantôt trop brillant pour les yeux ou trop chaud pour le corps, mais à l’effet bienfaisant quand il reste tempéré ou que trop fort, il souligne l’assoupissement du monde qui y reconstitue ses énergies?

Vivre ce temps des vacances comme un plongeon en eaux profondes pour y nommer mes blessures secrètes et y accueillir une force de vie qui les guérisse. Car on ne plonge pas en eau profonde sans un peu de préparation, sans se mettre à nu, sans laisser sur le bord tous les effets qui encombreraient une telle plongée, sans revêtir ce qui permettra d’opérer avec succès cette descente au cœur de moi-même.

Surmonter mes peurs qui peuvent prévenir des vacances salutaires. Monde étranger que celui du silence et de la solitude! Oser vivre cet autrement des vacances. Prendre le risque de cet inconnu et découvrir l’enchantement d’une rencontre. Avoir cette audace d’aller vivre ce qui, une fois rencontré, laissera sur les lèvres non un goût d’amertume, mais au contraire celui d’un vrai « au revoir ».

Me donner l’occasion de creuser mon puits, d’en dégager les abords, d’en réparer les margelles. Reprendre goût à la saveur oubliée de son eau. Dieu qu’elle sera fraîche! Elle sera là pour assouvir toute soif! Ne le savais-je pas? L’ai-je oublié?

M’émerveiller devant ce qui est là, et ce, sans y être pour rien si ce n’est que de s’ouvrir pour recevoir. Faire l’expérience de la gratuité, de ce qui m’est offert en abondance : la vie, la nature, l’amour qui s’y manifeste sous des formes infiniment renouvelées. Comme devant un tableau de maître, ne pas se contenter d’une première impression, mais lui accorder un peu plus d’attention. Quel enchantement s’y dévoilera? Quel discours muet y fera entendre une parole toujours neuve qui libère et qui guérit! Quel plaisir d’y plonger corps et âme!

Me laisser dévoiler un peu plus le mystère de la vie et de son langage tout aussi mystérieux. Méditer sur les choses les plus insignifiantes et qui, tout à coup, semblent parler avec une telle abondance que tous les livres de la terre ne sauraient y suffire. M’offrir un temps où mon expérience se forgera dans la relecture de ma propre vie en dialogue avec l’univers, ce grand livre de la vie et du silence habité.

Laisser venir à moi cette abondance qui s’offre d’apaiser ma peur de manquer. Cette abondance œuvre d’une présence autre qui seule peut assouvir ma soif d’être, d’exister, d’aimer et d’être aimé, infiniment, sans condition, gratuitement? Encore me faut-il accepter de m’y ouvrir, car si cet amour est là, disponible et sans condition, il est trop respectueux pour s’imposer à moi.

Heureux qui s’ouvre au silence qui parle, il y entendra la parole qui fait vivre l’abondance!

Le drame de l’intranquillité

Ce n’est pas pour rien si les maladies du cœur sont actuellement une des principales causes de décès. Si le cœur ne trouve pas la tranquillité, il s’épuise et au bout d’un moment finit par défaillir.

L’« intranquillité » est devenue une des maladies de notre époque. Malgré cette incapacité à trouver le calme, qui d’entre nous n’aspire à « décrocher ». On attend parfois de méthodes psychologiques ou de techniques de relaxation de pouvoir trouver ce calme auquel on aspire. Mais pourquoi attendre les effets de « techniques » ce qui peut nous être donné par une plongée dans notre intériorité. Les ermites des premiers siècles, par leur retrait dans le silence et la nature, tentaient de retrouver l’harmonie avec eux-mêmes.

Voyez quelle leçon on peut tirer de cette parabole : Un homme avait peur de l’ombre de son corps et avait peur des traces de ses pas. Pour y échapper, il se mit à courir. Or, plus il fit de pas, plus il laissa de traces; plus il courut vite, moins son ombre le quitta. S’imaginant qu’il allait encore trop lentement, il ne cessa de courir toujours plus vite, sans se reposer. À bout de force, il mourut. Il ne savait pas que pour supprimer son ombre, il lui aurait suffi de se mettre à l’ombre et que pour arrêter ses traces, il lui aurait suffi de se tenir tranquille.

S’asseoir à l’ombre d’un arbre. Quelle merveilleuse thérapie. Disponible à tout moment. Il n’y a pas de liste d’attente.

Voici comment Tatanga Mani, un Indien Stoney, évoque l’éducation qu’il a reçue chez les Blancs : « Je suis allé à l’école des hommes blancs. J’ai appris à lire leurs livres de classe, les journaux et la Bible. Mais j’ai découvert à temps que cela n’était pas suffisant. Les peuples civilisés dépendent beaucoup trop de la page imprimée. Je me tournai vers le livre du Grand Esprit qui est l’ensemble de sa création. Vous pouvez lire une grande partie de ce livre en utilisant la nature. Vous savez, si vous prenez tous vos livres et les étendez sous le soleil en laissant pendant quelque temps la pluie, la neige et les insectes accomplir leur œuvre, il n’en restera plus rien. Mais le Grand Esprit nous a fourni la possibilité, à vous et à moi, d’étudier à l’université de la nature les forêts, les rivières, les montagnes et les animaux dont nous faisons partie ». On n’est pas loin de saint Bernard de Clairvaux qui disait avoir plus appris des arbres que des livres. Regarder et écouter un arbre, une fleur, un caillou. Laisser l’objet s’exprimer dans le silence. Le laisser « parler ». Le recevoir et non le prendre. Celui qui ne sait plus écouter la musique de la création, ne saura pas écouter les autres et encore moins le silence de Dieu.

Nous avons à ouvrir les yeux, nettoyer les portes de notre perception, apprendre ou réapprendre à écouter, nous émerveiller, admirer, contempler, respirer, vivre « poétiquement » lair, leau, le feu, la terre, les arbres, les montagnes, les oiseaux. Cela suppose de savoir sarrêter, faire silence, reprendre souffle, cesser de courir après le temps et de le remplir jusquà la nausée, apprendre à être là, véritablement présent dans la profondeur insondable de lici et maintenant.

La parabole du hibou évangélique : chemin d’intériorité

Dans mes jeunes années de formation, j’ai découvert un livre au titre étrange : « Le Hibou évangélique », écrit par Jean-Luc Hétu. Sur la pochette du livre, on retrouvait l’équivalent du symbole des magasins Couche-Tard : un hibou avec un œil fermé et l’autre œil ouvert. Dans la publicité d’aujourd’hui, le symbole veut nous parler d’un service disponible presque jour et nuit.

Les yeux et les oreilles

Le premier trait intéressant à noter pour le hibou, c’est qu’on le découvre comme une sentinelle solitaire dans sa tour de garde. Il est aux aguets. On dit qu’il possède un champ de vision de 180 degrés, de telle sorte qu’une légère rotation de la tête lui assure une vision complète de 360 degrés, sans même qu’il ait à bouger son corps. On peut déjà retenir que, contrairement aux girouettes qui s’agitent sans cesse pour entrer et rester en contact avec leur environnement, le hibou reste le corps immobile et en même temps l’esprit vif.

Mais la trouvaille de la nature, c’est qu’on voit souvent le hibou, comme dans la publicité de Couche-Tard, un œil fermé pendant que l’autre est ouvert. Branché sur l’extérieur qui ne représente toujours que la moitié de la réalité, l’autre œil, pourrait-on dire, se trouve branché sur les réalités intérieures. Et en langage biblique, on pourrait inventer une nouvelle béatitude : Heureux qui comme le hibou garde un œil ouvert sur chacune de ces réalités.

À cette vigilance intérieure, Jésus et toute la Bible nous convoquent sans cesse : « Vérifie si la lumière qui est au-dedans de toi est ténèbres… » (Luc, 11,35).

Le silence et la parole

Le hibou sait aussi crier. Il n’est pas jacasseur comme la pie. Il n’est pas non plus muet comme la carpe, restant coi lorsqu’il faudrait faire entendre une parole claire. On aime ceux qui savent se taire autant qu’ils savent parler. Cette double capacité rend authentiques et signifiants leurs silences autant que leurs paroles. Le hibou connaît cette sagesse évangélique : Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler » (Qo, 3,7).

Un temps pour la guerre

Le hibou est programmé pour livrer une guerre inlassable aux destructeurs de l’environnement, aux rongeurs de récoltes, à ceux qui s’engraissent aux dépens d’autrui. Il ne peut découvrir un rongeur à l’œuvre, sans le localiser et intervenir au bon moment pour le neutraliser. De par sa nature, on pourrait conclure que le hibou est un défenseur de la vie blessée. Hibou, tu es un grand livre, où on peut apprendre ce que chacun de nous serait appelé à devenir.

La hauteur et le ras du sol

Le hibou se tient le plus souvent sur les plus hautes branches, mais il sait se faire rapidement proche de la vie menacée au sol : œufs de caille ou de perdrix, jeunes pousses de blé ou d’avoine convoitées par le mulot qui approche, poussins menacés par la belette qui s’enhardira tantôt dans le poulailler…

Et dans la même perspective, on peut aussi évoquer cet homme qui s’appelle Jésus, dans les Évangiles, rendu loin dans son cheminement intérieur – lui qui sonde la hauteur et la profondeur du mystère de Dieu – mais qui sait en même temps se faire proche et s’attabler avec les gens broyés par les préjugés et les autres oppressions des rongeurs sociaux (Mc 2, 15-16).

Hibou, mon frère, vienne le jour où je te ressemblerai davantage!

Des moments bulles

Le temps des fêtes est probablement la période où nous sommes le plus occupés durant l’année. Non seulement nous pensons aux gens proches de nous en préparant des repas festifs, en achetant des cadeaux personnalisés et en organisant des rencontres spéciales, mais nous sommes aussi généralement plus enclins à penser à ceux et celles moins proches de nous en donnant généreusement à des organismes qui aident les plus démunis. Avec toutes cette activité, parfois on ne se le cachera pas étourdissante, nous oublions souvent de prendre soin de la personne par qui toute cette générosité est possible : nous-même!

Il est important dans ces périodes frénétiques de prendre des pauses, ne serait-ce que pour respirer des fois! Donnez-vous l’opportunité d’arrêter le temps pour 5 minutes, vous ne serez que plus productif par la suite. L’idéal bien sûr serait de s’arrêter pour une bonne journée complète et de ne rien faire. La réalité par contre est souvent que vos échéanciers ne nous permettent pas une telle pause. Une bonne façon d’intégrer des « moments bulles » comme je les appelle est d’y aller graduellement. Par exemple, vous pourriez prendre 5 minutes le matin (soit en vous réveillant, avant de partir travailler, avant de sortir de l’auto dans le stationnement, avant d’ouvrir votre ordinateur au bureau, etc.), un autre 5 minutes dans la journée (avant d’aller dîner, après avoir dîner, durant votre pause d’après-midi…) et un dernier 5 minutes juste avant de vous endormir.

Que faire durant ce 5 minutes d’arrêt? Idéalement rien, seulement être. Comme ne rien faire n’est pas toujours facile et ne vient pas nécessairement naturellement par contre, voici quelques suggestions pour vos moments bulles : la méditation est toujours une belle option, se concentrer sur sa respiration également, on peut porter notre attention sur les choses pour lesquelles nous avons de la gratitude présentement ou faire un « scan corporel », c’est-à-dire porter notre attention sur chaque partie de notre corps une partie à la fois.

L’important c’est vraiment de s’arrêter de « faire » et de prendre du temps pour soi. Vous verrez avec le temps vous deviendrez accro de ces petits moments bulles.

Donc je vous souhaite chers amis un temps des fêtes ressourçant et une nouvelle année remplie de belles découvertes de soi.

Ne rien faire… un luxe à s’offrir

Est-il encore possible, dans notre société nord-américaine, de s’arrêter de faire? Je vous invite à penser à vos week-ends, à vos journées de congé, à vos vacances. Que faites-vous pendant ces moments précieux qui devraient servir à recharger vos batteries? Si vous êtes comme moi et comme beaucoup de gens qui m’entourent, vous vous apercevrez qu’il y a toujours quelque chose à faire. Que ce soit par obligation, par choix ou par automatisme, il est très rare qu’on prenne le temps de s’arrêter complètement.

Le week-end arrive, et nous en profitons pour faire du ménage, du lavage et pour préparer les repas de la semaine. S’il nous reste un peu de temps ou si on se donne la permission de prendre un congé un peu plus long, alors on se détendra en lisant un livre, en regardant un film, en écoutant la radio, en faisant de l’exercice. Bref, en s’occupant. Parce qu’on a l’impression que ne rien faire, c’est plate!

Même quand notre corps nous envoie des messages (qu’on choisit d’ignorer) et qu’on se retrouve malade, il reste difficile pour certains de s’arrêter ou de simplement ralentir le rythme. Si on est obligé de ne rien faire, alors l’inaction nous pèse. On se sent inutile, parfois même coupable. Ne rien faire est devenu un luxe qu’on ne s’offre plus.

La raison reste propre à chacun, mais il est clair que toutes les raisons sont bonnes pour ne pas s’arrêter. L’adage « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » illustre bien ce que la société pense de ceux qui, comme moi, aiment bien flâner au lit en ne faisant rien le matin. Le temps reste une autre contrainte populaire. Quand on sait que la majorité des gens n’ont pas assez de temps dans une journée pour faire tout ce qu’ils voudraient faire, comment envisager de prendre du temps pour ne rien faire? Ensuite viennent les peurs que l’idée de s’arrêter suscite : peur de passer pour un égoïste en prenant du temps pour soi, peur de s’ennuyer à ne rien faire, peur du silence, de la solitude, du vide, peur de soi, de son discours intérieur… Il y a autant de peurs qu’il y a de gens.

Mais la vraie question ici est pourquoi devrions-nous décider de ne rien faire?

Ma réponse est simple : pour pouvoir se retrouver, pour être capable de se reconnecter à son essence. Trop souvent, nous nous retrouvons aspirés dans le tourbillon qu’est notre vie mouvementée et saturée de notre environnement extérieur. Il est facile de devenir désorienté et de perdre de vue ses points de repère. S’arrêter devient un outil pour nous permettre de remettre le compteur à zéro. Je vois toujours la différence chez une personne avant et après qu’elle ait pris le temps nécessaire pour s’arrêter. Quelqu’un qui s’est donné le droit de ne rien faire pendant une journée, un week-end ou une semaine dégagera un calme paisible. Un sentiment de paix intérieure irradiera de son être, et on pourra lire un bonheur tranquille dans ses yeux. Cette sérénité vient du fait qu’elle a réussi à s’entendre et à s’accueillir. Une harmonie s’est créée entre son mental, son cœur et son corps. Imaginez l’énergie physique, psychologique et émotionnelle dont cette personne dispose désormais!

Alors, maintenant que vous connaissez les bienfaits de ne rien faire, il ne vous reste qu’à le mettre en pratique. Trouvez-vous des lieux, des moments, sortez de votre routine et, surtout, donnez-vous le droit de ne rien faire.

Les bienfaits d’un espace sacré

En spiritualité, tout commence par une panne (Richard Bergeron, Renaître à la spiritualité). Et il arrive que la panne se présente tout simplement sous une forme banale: « Je suis fatigué ». Il s’agit souvent plus que d’une fatigue physique causée par la dépense d’énergie quotidienne. Ce signal de fatigue indique une fatigue morale ou spirituelle qui peut se manifester à tout âge, à la suite des déceptions découlant des chemins parcourus.

Cette situation est une invitation à cesser de courir à longueur de journée, même durant nos journées de congé, pour emprunter de nouveaux chemins et ne pas oublier d’apprivoiser les espaces qui mènent à l’intériorité.

Il existe en chacun de nous un « espace sacré » à découvrir. Beaucoup craignent de s’avancer dans ce genre d’aventure comme s’il s’agissait de s’exposer à de vastes espaces où l’on risque de se perdre. On se met alors à chercher des guides extérieurs pour nous rassurer.

Il suffirait peut-être de commencer par apprivoiser le silence extérieur. S’arrêter, seul, dans la nature, à goûter le temps, à écouter la musique, à contempler la lumière ou les étoiles. Découvrir ou se créer des îlots de silence.

Tenter de faire un peu de silence intérieur par diverses formes de méditation ou de temps d’arrêt dans un lieu de calme choisi et apprécié. Fréquenter des ermitages ou des centres de retraite, pratiquer la marche silencieuse.

Offrir à l’âme agitée cette dose de calme quotidien qui nourrit non seulement le psychique, mais tous les niveaux de conscience, depuis les plus superficiels jusqu’aux plus comblants. Le silence parle fort; le silence me révèle le mystère que je suis, il est miroir et me reflète les secrets cachés, les désirs enfouis, les richesses inexploitées.

Dans un de ses sermons, saint Bernard affirmait que l’âme cesse d’être solitaire quand elle devient « sanctuaire ». Cela signifie que toute personne qui cultive l’ouverture intérieure peut aussi devenir un « espace sacré ».

Tout vivant conscient reçoit plus facilement les cadeaux de la vie lorsque tous les volets de sa maison sont ouverts pour laisser entrer toute forme de lumière.

De tous temps, les êtres spirituels, prophètes ou mystiques, ont désigné les chemins du sacré ; à tous les âges, ils ont cherché divers points de contact avec ce que nous appelons la Transcendance. On a attribué le nom de sacré à ce qui nous fait ressentir sa présence, nous induit à la contempler et à s’en émerveiller. L’actuelle désaffection pour le religieux institué n’implique pas la disparition des expériences de la transcendance. Elle les rend seulement plus difficiles à identifier.

Le témoignage de la vie de Jésus, comme celui de nombreux croyants provenant de toutes les cultures, pose la personne humaine comme réalité prioritaire, précieuse et inaltérable, sacrée. Toute sa pratique en témoigne : ses actes de guérison, ses attitudes d’accueil et ses enseignements éthiques privilégient toujours la personne et sa capacité de relation à Dieu.

Un témoin de chez nous, de réputation internationale, Jean Vanier, nous rappelle cette vérité dans le titre d’un de ses livres : Toute personne est une histoire sacrée.

Une urgence pour notre temps : reconnaître l’espace sacré que je suis, reconnaître l’espace sacré qu’est chaque personne humaine, même si elle est handicapée, migrante, d’une autre culture. La situation internationale de repli sur soi, de sécurité à tout prix, profiterait avantageusement d’une injection d’humanité en provenance des « sanctuaires » que nous sommes.