Un espace pour le thé

Le thé a depuis toujours été associé à un temps d’arrêt, à un moment de tranquillité. Pour toutes les cultures l’ayant adopté dans leur mode de vie au quotidien, de la Chine ancienne jusqu’à notre époque, ce breuvage a su inspirer la paix et la quiétude. Ces différents rituels en témoignent parfaitement. Qu’il soit dégusté seul, en tête-à-tête avec soi-même dans un état d’introspection et de méditation, ou partagé avec nos proches et invités, le thé est porteur de conscience, d’éveil, de calme. Dans notre monde moderne où tout semble aller si vite, où la stimulation technologique est partout, le simple geste millénaire de poser nos lèvres sur une tasse de thé bien préparé nous offre la chance de reprendre contact avec « l’ici et maintenant ».

Lorsque nous entrons dans une maison de thé traditionnelle, qu’elle soit en Asie ou ailleurs, une ambiance sereine et inspirante est généralement palpable dès les premiers instants après avoir passé le seuil de la porte. Les arômes flottant dans l’air, le bruit délicat de la porcelaine tintant dans l’atmosphère feutré, la musique douce qui berce tous les gestes et la gentillesse des « gens du thé ». On peut alors avoir l’impression d’être plongé dans un autre monde où nos soucis ont été laissés derrière. Un peu comme dans un sanctuaire, rien ne semble pouvoir nous atteindre. Déguster un thé dans un endroit paisible nous ramène à l’essentiel, jusqu’à goûter l’éternité de chaque instant se cachant au fond de notre tasse…

À défaut de chapelle pour se réfugier ou du moins de petit autel pour se recueillir, de plus en plus de personnes créent à la maison un espace consacré au calme et à la méditation. Dans la même veine, de nombreux amateurs aménageront leur propre « coin de thé » dans leur maison ou appartement, un endroit parfait pour savourer tranquillement leurs infusions préférées dans un état d’esprit de détente et de tranquillité. Définir un espace pour déguster le thé nous permettra d’en apprécier plus finement les nuances et les subtilités en plus de ses effets bienfaisants. Cet endroit peut également s’associer au coin lecture ou musique que nous avons peut-être déjà, ces activités étant tout à fait compatibles à la dégustation.

Pour aménager un tel espace, on peut s’inspirer de principes que l’on associe habituellement au thé : harmonie, respect, pureté, tranquillité. On pourra également garder à l’esprit que pour les taoïstes, la préparation du thé comprend les cinq éléments : métal, bois, eau, feu, terre. Quelques plantes vertes, une orchidée ou un sobre arrangement de fleurs, une fenêtre ou une source de lumière tamisée, une belle calligraphie ou une peinture, de la musique douce comme celle de la harpe guqin ou de la flûte japonaise shukuhachi par exemple, une table basse et des coussins, un encens délicat, sont tous des éléments pouvant donner au décor une ambiance paisible se conjuguant bien au thé. En ce qui a trait au matériel d’infusion, de beaux objets du thé que vous aimez feront parfaitement l’affaire à moins qu’en amateur chevronné vous ne vous adonniez à des techniques traditionnelles plus poussées. Dans tous les cas, la beauté et l’agencement des instruments d’infusion rajoutera au précieux de notre salle de thé.

Plusieurs personnes croient malheureusement que la préparation correcte du thé nécessite forcément un rituel. Bien qu’un grand nombre de cultures aient lié une méthode particulière et spirituelle autour de sa préparation, – on pense, entre autres au bouddhisme zen et à la cérémonie du thé japonaise, à l’art chinois du gong fu cha puisant son inspiration dans le taoïsme, au rituel du thé à la menthe en Afrique du Nord ou au thé de quatre heures des Anglais où le partage tient la place principale –, il n’en demeure pas moins que l’art de préparer le thé à la maison peut prendre des allures toutes simples. Il ne faut surtout pas se sentir limité par notre manque de connaissances ou de pratique. Et d’ailleurs, rien ne nous empêche de créer notre propre rituel. Tout ce qui est nécessaire sera la pleine conscience et un esprit du sacré, nous plongeant ainsi totalement dans l’acte de préparer et déguster le thé. Peu importe la technique, peu importe le résultat, le thé sera apprécié avec le cœur, apprécié tel qu’il est. C’est l’essentiel de la voie du thé, le Cha Dao. Pour le zen, c’est le plus bel enseignement que puisse nous offrir le thé : « Ce qui est, est comme il est. »

Le thé a la capacité de nous calmer lorsque nous sommes agités et nous tonifier lorsque nous sommes accablés. En plus de nous servir de refuge lorsque les temps sont difficiles, une pièce consacrée au thé peut nous permettre de retrouver notre centre et nous inspirer. En souhaitant vous avoir donné l’envie de créer chez-vous un havre de paix où le thé éclairera votre quotidien par ses saveurs, arômes et vitalité!

Redécouvrir les bienfaits du thé noir

Avec l’engouement pour le thé vert et les nombreux bienfaits sur la santé que les récentes recherches lui ont attribué, les thés noirs ont malheureusement été délaissés par certains amateurs depuis les dernières années. En raison de leur couleur plutôt sombre, de leur goût parfois robuste ou peut-être simplement parce que certains d’entre eux vivent dans l’ombre des thés classiques en sachets, les thés noirs sont souvent jugés moins santé ou encore trop proches du café pour ce qui est des effets. Pourtant, dans le cas d’un thé noir de qualité, nous avons bien affaire à l’une des boissons les plus saines qui soient.

Il faut d’abord comprendre que ce qui distingue le thé noir des autres familles de thés (blanc, jaune, vert, oolong, Pu Er) relève principalement du processus d’oxydation quasi complet de ses feuilles au cours de sa transformation. A priori, il s’agit des feuilles d’une même plante, le théier, qui subiront un traitement différent. Au cours de sa production, après la cueillette, le flétrissage et le roulage de ses feuilles, l’oxydation intervient grâce à une enzyme (oxydase) naturellement contenue dans tous les thés. Au contact de l’air et dans certaines conditions (température et humidité contrôlées), la sève de la feuille s’oxyde graduellement comme dans le cas d’une pomme une fois croquée ou d’une feuille de basilic qu’on vient de froisser, donnant aux feuilles de thé noir une couleur allant du cuivré au noir d’encre, en passant par le rouge et le bronze, selon les crus. L’odeur et le goût de son infusion sont alors transformés : si un thé vert (thé non oxydé) révèle des notes herbacées et fraîches, le thé noir offre plutôt des notes fruitées, boisées, gourmandes et réconfortantes.

En ce qui a trait aux bienfaits, le thé noir offre la même gamme de vertus que les autres familles de thé : digestif, antioxydant, stimulant, diurétique, protecteur du cœur, etc. Si sa teneur en catéchines peut parfois être légèrement plus basse que celle du thé vert dû à l’oxydation, il n’en demeure pas moins que nous pouvons habituellement en consommer une plus grande quantité par jour, puisqu’il est plus digeste… ce qui revient donc à peu près au même si on prend plaisir à en boire quotidiennement quelques tasses. Et qu’en est-il de la caféine? Vous serez peut-être surpris d’apprendre que le thé noir et le thé vert contiennent environ le même taux de caféine. La différence qui se fait pourtant sentir se situe dans leur rapidité de relâchement de l’alcaloïde : dans le cas du thé noir, la caféine est ressentie plus rapidement, mais l’effet durera moins longtemps, entre 4 et 6 heures après l’ingestion, tandis que celle du thé vert sera plus douce au départ, mais pourra persister durant 8 à 10 heures.

Si vous avez envie de découvrir ou de redécouvrir les nombreux thés noirs et leurs profils aromatiques plus variés que ce qu’on peut s’imaginer, voici quelques suggestions, classées par terroir d’intérêt :

Darjeeling : Champagnes des thés noirs indiens, ils sont classiques dans leur style britannique, mais surprenants par leur finesse et par la complexité de leurs arômes aux notes souvent florales et fruitées.

Assam : Thés noirs indiens robustes et puissants pouvant soutenir le lait, si désiré. Ils sont la base des English Breakfast ainsi que des thés noirs aromatisés tels que les Earl Grey ou les Chaï.

Chine et Taiwan : Ils sont variés et surprenants, généralement moins caféinés. Selon les crus, leur palette aromatique peut présenter des notes rappelant le chocolat, le sucre roux, la terre humide, la rose, les fruits exotiques, etc.

En outre, tous ces thés noirs vous garderont bien au chaud tout au long de l’hiver. Je vous souhaite donc une savoureuse dégustation.

Le tulsi, une plante formidable

Il y a de ces plantes sur la planète qui ont une aura fantastique. Leur goût est délicieux, le bien-être qu’elles procurent est presque instantané et, surtout, notre santé globale s’améliore graduellement après les avoir consommées pendant un certain temps. Parmi ces quelques alliées végétales bénies se trouve le tulsi.

Originaire de l’Inde et consommé par l’homme depuis près de 5 000 ans pour ses nombreux bienfaits, le tulsi (Ocimum tenuiflorum ou Ocimum sanctum), aussi appelé « basilic sacré », est une plante de la famille des Lamiacées, donc cousine directe du basilic que nous utilisons en cuisine. Ses feuilles, tiges et fleurs sont surtout utilisées en infusion, bien qu’on puisse les consommer directement lorsqu’elles sont fraîches. Son goût est agréable et aromatique, sans amertume, aux notes rappelant le camphre, le laurier, le thym et le clou de girofle.

Vénéré autant dans les maisonnées que dans les temples, le tulsi qu’on surnomme en Inde « la reine des plantes » a des vertus précieuses et presque divines. L’ayurveda, méde­cine traditionnelle indienne, lui attribue d’ailleurs des bienfaits de taille : purifier, parfaire l’équilibre de l’organisme et prolonger la vie. De son pays d’origine, son utilisation s’est répandue rapidement en Égypte, en Grèce, en Rome antique, ainsi que dans toute l’Asie et même jusqu’en Europe du XVIIe siècle, tous considérant que cette plante avait une valeur inégalée. Dès lors, on lui a attribué des valeurs purificatrices, digestives, vitalisantes et apaisantes. En plus de la consommer en infusion, on l’utilisait même dans les embaumements pour ses principes antibactériens et ses principes de conservation. Aujourd’hui, bien qu’avec la science on arrive à isoler les composantes médicinales de cette plante, ce sont surtout les interactions entre les différents éléments que contient le tulsi qui créent un effet particulièrement miraculeux lors de sa consommation régulière. Parmi ces éléments, on retrouve les vitamines A et C, l’eugénol, l’acide ursolique, le camphre, des antioxydants, du calcium, du phosphore et divers minéraux et oligo-éléments.

Voici les principaux bienfaits quel’on attribue au tulsi :

• équilibre l’organisme et ses défenses immunitaires;
• purifie et détoxique;
• combat les troubles de digestion;
• a un effet antibactérien, antiviral, antiparasitaire et désinfectant;
• lutte contre les infections,notamment le rhume, la grippe et la toux;
• tonifie l’organisme sans créer de surexcitation ou d’irritabilité;
• a un effet anti-inflammatoire,antidouleur et antinévralgique;
• contribue à réparer et à modérer les troubles allergiques;
• protège le système cardiovasculaire et stabilise la tension artérielle;
• combat les effets du diabète et stabilise la glycémie;
• agit sur le vieillissement et améliore la longévité;
• est un antioxydant majeur;
• lutte contre les maladies neurodégénératives;
• apaise l’esprit, est antistress et antidépressif;
• améliore la qualité du sommeil.

Les contre-indications du tulsi touchent principalement les femmes enceintes, qui ne devraient pas en consommer, et les personnes souffrant de diabète. En raison de la chute de la glycémie que cause le tulsi, celui-ci peut créer une perturbation lors de traitements éventuels à l’insuline.

Quant au dosage, il faut consommer l’infusion en quantité modérée, c’est-à-dire tout au plus quelques tasses par jour. Comme pour tous les produits de phytothérapie, il faut rester à l’écoute de son corps lors de la prise d’un nouveau remède et en ajuster la quantité en fonction des effets ressentis.

Le « basilic sacré » est une plante formidable et hors du commun. Ses multiples bienfaits ont une grande valeur pour la santé globale. Je vous invite donc à découvrir cette nouvelle et précieuse alliée.

Faire ses propres tisanes fraîches, rien de plus simple!

Avec le printemps qui approche à grands pas, nombreux sont ceux qui ont commencé à planifier leur jardin potager et à acheter des semences, s’ils n’ont pas déjà démarré leurs semis à la maison. On pense géné­ralement aux légumes et aux fleurs, parfois à certaines plantes condimentaires, mais qu’en est-il des plantes médicinales? Souvent oubliées à notre époque, ces plantes furent pourtant pendant des siècles parmi les plus importantes du potager, plantes salvatrices côtoyant plantes nourricières, main dans la main pour la plus grande santé de l’homme.

Pendant la belle saison, n’aimeriez-vous pas avoir la chance de simplement parcourir vos plates-bandes afin d’y cueillir quelques feuilles ou fleurs fraîches et d’en faire immédia­tement une bonne tisane pleine de vitalité, à la fraîcheur inégalée, bio et plus que locale? Loin d’être un projet irréaliste, et peut-être même en incluant quelques plantes que vous avez déjà dans votre jardin, il est facile de planifier d’inclure dans votre aménagement quelques plantes médicinales, tant pratiques que délicieuses, que vous pourrez dégus­ter en infusion tout l’été durant.

Qu’elles soient regroupées (dans une même plate-bande, une roue de médecine ou une autre section bien à elles) ou mélangées aux autres plantes du jardin (les plantes médi­cinales font d’ailleurs très bon compagnonnage avec les légumes et les fruits du potager et sont de merveilleuses plantes « bouche-trou » pour compléter un rang ou mettre dans un coin oublié…), elles doivent être faciles d’accès pour leur récolte au fil de la saison. Souvent une ou deux plantes de chaque variété est suffi­sante pour la consommation courante d’une maisonnée, à moins qu’il ne s’agisse d’une plante qu’on ne se lasse pas de boire au quotidien! De plus, ces plantes seront faciles à cultiver, sans besoins particuliers, mis à part un bon sol et un peu d’amour. On pourra souvent trouver au centre-jardin des petits plants prêts pour la plantation ou encore, pour ceux qui veulent bien se donner la peine de faire leur propre semis, un grand choix de graines chez les semenciers spécialisés (pour de bonnes référen­ces n’hésitez pas à me contacter).

Voici quelques exemples de plantes dont l’infusion sera agréable et que je vous conseille particulièrement de garder à portée de main en les cultivant chez vous :

Simplement pour le plaisir et la détente : basilic thaï, verveine citronnée, lavande, menthe douce, stevia

Pour une meilleure digestion : fenouil, hysope à l’anis, mélisse, menthe poivrée, gingembre

Pour maman et bébé : camomille, cataire, bourrache

Pour bien dormir : camomille, scutellaire, lavande

Comme petit coup de pouce au système immunitaire : thym, romarin, sureau, tulsi

En cas de coupure, de brûlure, de piqûre d’insecte : plantain, calendule

Pour contrer les vagues de chaleur de la ménopause : sauge

Pour réduire les migraines : grande camomille

Sans oublier ces grandes alliées de tous les jours, mais en prenant soin de les garder loin du potager pour ne pas s’y piquer les doigts (et se faire envahir) : ortie et framboisier (feuilles)…

En espérant vous avoir donné l’envie et la motivation de tenir votre petit lot de plantes médicinales à la maison et, surtout, de faire vos propres tisanes maison. Aussi délicieuses et bienfaisantes que soient ces cadeaux de la nature, les voir pousser en les cultivant soi-même permet de les apprécier encore plus!

Une rencontre avec… Daniel et Véronique

Entrevue par Carole Verdon

Propriétaires de la maison de thé CHA YI

« Cha yi » signifie l’art du thé en mandarin, et c’est dans cette expression que repose l’essence de notre entreprise.

D’où vient votre passion pour le thé?
(Daniel) – Ma première rencontre avec le thé n’a pas été la meilleure; les thés en sachets n’ont pas du tout réussi à me séduire… et je pensais que le thé se limitait à ça avant d’entrer en contact avec des thés purs d’origine. J’habitais alors en France, il y a de cela plus d’une dizaine d’années, et travaillais sur un vignoble bio. J’y décou­vrais avec plaisir les notions de terroir et de dégustation, la culture millénaire d’un produit aussi noble et passionnant que le vin de qualité. Mais, lorsque le hasard me fit découvrir le thé sous sa version authentique, j’ai été tout de suite conquis! S’ouvrait soudainement à moi un monde proposant les mêmes notions de terroir et de dégustation que m’offrait le vin, mais, avec le thé, s’additionnaient à cela la riche culture­ asiatique, les rituels entourant sa préparation, ses nombreux bienfaits pour le corps et l’esprit, ainsi qu’une philosophie mettant l’emphase sur la paix, l’harmonie et l’humilité, choses que je ne trouvais pas du tout dans le cercle plutôt élitiste et cérébral du monde viticole. Depuis, je n’ai cessé d’explorer cet univers si vaste, cons­tamment émerveillé par sa richesse et sa beauté. Et combien le thé fait du bien aux gens, comme il l’a fait pour moi! Il fait maintenant partie de mon quotidien comme ligne directrice; il ponctue mes journées d’instants précieux de recueillement et de dégus­tation.

(Véronique) – Pour ma part, j’ai découvert le thé au moment où j’ai rencontré Daniel. Nos premiers moments ont presque tous été accompagnés d’un bon thé. J’ai des souvenirs précieux de nos premiers matins ensemble, bercés des rayons du soleil d’automne qui filtraient par le rideau et le sifflement de la bouilloire, le son de l’eau que l’on verse sur les feuilles, la tasse chaude entre mes mains et les effluves d’arômes réconfortants qui se dégageaient de mes premières tasses de thés japo­nais, chinois, taïwanais… Puis j’ai commencé à faire des rêves de thé! J’infusais, je dégustais, je jouais avec les feuilles, même la nuit… signe que j’avais la piqûre, il faut croire! Pendant plusieurs années, je me suis laissée infuser de la passion de Daniel, et nous voilà aujourd’hui dans le prolongement logique de ces premiers instants.

Racontez-nous le début de votre belle aventure.
Le projet de la maison de thé CHA YI a d’abord commencé par une grossesse! Quand nous avons appris que nous attendions notre premier bébé, nous portions déjà le germe d’un projet d’affaires à notre image, nous avions envie de créer un lieu de par­tage qui serait inspirant pour la communauté. Nous avons donc vécu deux grossesses en même temps! Notre passion pour le thé et tout ce qui l’entoure, s’ajoutant à la demande qu’avait l’Outaouais pour une maison de thé spécialisée et un endroit calme où se ressourcer dans le centre-ville de Gatineau, nous a inspiré à ouvrir notre commerce en septembre 2010.

La maison de thé CHA YI comprend la boutique, le salon de dégustation ainsi que l’école du thé. C’est bien cela?
Oui. Ce sont trois éléments importants de l’entreprise qui travaillent en symbiose afin de développer chez les amateurs la connaissance et la passion des thés de terroir, que cela soit en participant à un de nos ateliers sur le thé, en s’asseyant dans notre salon de dégustation afin de savourer infusions et gourmandises ou en venant s’approvisionner en thés et tisanes dans notre boutique. Nous profitons toujours de chaque occasion pour informer nos clients, leur en apprendre encore plus sur les thés qu’ils s’apprêtent à déguster, nourrir leur amour pour cette boisson si bienfaisante.

Qu’est-ce que ça signifie : Vivre l’art du thé?
Pour nous, l’art du thé se vit d’abord intérieurement. C’est une attitude d’ouverture face au thé qui va s’offrir à nous à cet instant. Comme nous avons une tâche importante au moment de l’infusion, le rôle de l’alchimiste qui fera passer le thé de l’état sec de ses feuilles à l’état liquide de sa liqueur, nous nous devons d’être complètement présents, d’être à l’écoute de ces feuilles qui se sont nourries de la terre et du ciel ainsi que du savoir-faire de l’artisan qui a joué le rôle de trait d’union entre les deux. La qualité de l’infusion, l’harmonie et la beauté de son service­ et la paix que tout ce processus engendre ne sont que le résultat de cette présence.

En quoi consiste votre travail comme importateurs de thés?
Chaque année, nous nous rendons en Asie afin de visiter nos producteurs et leurs jardins. À chaque printemps, nous nous devons d’aller à la rencontre de nos amis artisans et produc­teurs afin de nous approvisionner­ en thés de qualité supérieure en Chine, à Taïwan, au Japon ainsi que dans les autres meilleurs terroirs d’Asie. Ces thés ne sont disponibles qu’en petites quantités, car ils sont issus de petites parcelles, produits à échelle humaine, artisanalement et sans utilisation de produits de synthèse. Ces crus exclusifs ne sont normalement pas destinés à être exportés, car les volumes ne sont pas assez importants. Ce sont donc de petits trésors que nous allons dénicher chez des artisans passionnés et très fiers de ce qu’ils font. C’est important pour nous de savoir que nos thés furent produits avec amour et dans les meilleures conditions!

Parlez-nous de votre école du thé
Presque chaque fin de semaine, nous proposons l’une de notre quinzaine d’activités thématiques sur le thé. Ces formations prennent la forme d’ateliers formels ou interactifs traitant des divers aspects du thé, tant ses origines, sa culture, l’art de sa préparation, ses rituels, sa dégustation, etc. C’est le moment pour nous de transmettre encore plus notre passion à des gens qui ont soif d’en apprendre davantage. C’est souvent en approfondissant nos connais­sances­ sur un sujet qu’on est en mesure de l’apprécier à sa juste valeur!­ On y montre des diaporamas de photos de nos voyages, on fait déguster les nouveaux arrivages, on révèle un univers qui, en coulisse, offre bien plus qu’une boisson chaude et stimulante. Les participants y découvrent des coups de cœur, ce qui stimule encore plus leur curiosité.

Qu’est-ce que ça signifie des thés exclusifs aux arômes des plus fins?
La palette aromatique des thés de terroir est presque infinie. Elle va des thés les plus délicats, au caractère printanier rafraîchissant et finement végétal, jusqu’aux thés les plus gourmands, fruités ou boisés, des crus plus réconfortants dans leur profil de saveurs. Ces thés sont bien sûr sous leur forme nature; ce sont leurs propres arômes et saveurs qui apparaissent dans notre tasse. Rien n’aura été ajouté à ces feuilles. Habituellement, plus un thé est de grande qualité, plus ses arômes seront fins et complexes.

Comment entrevoyez-vous l’avenir?
Le thé continue son bel essor dans les pays occidentaux. Les thés de terroir semblent trouver de plus en plus d’amateurs grâce à leur qualité et à leurs bienfaits. Depuis les dernières années, seulement un petit nombre de maisons spécialisées et d’importation comme la nôtre ont vu le jour pendant que de nombreuses grandes entreprises ont flairé ce marché en pleine croissance. Bien qu’elles aient également pour mission de promouvoir la consommation de thé dans la population, elles le proposent trop souvent sous des formes dénaturées, avec l’ajout d’arômes naturels ou artificiels, des fruits, des bonbons, le tout présenté en combinaisons originales pour séduire une clientèle plus jeune. L’avenir nous dira si ces nouveaux amateurs viendront à s’intéresser par la suite à des thés purs et authentiques.

Quelle est votre mission?
Notre mission principale est en quelque sorte d’apporter « la nouvelle du bon thé »! Si approvisionner les amateurs en thés et en instruments d’infusion de qualité qui ne seraient pas disponibles autrement est de toute évidence notre ligne directrice, d’une manière peut-être un peu plus subtile, notre souhait le plus cher est de donner aux gens l’habitude de s’arrêter le temps d’un thé, de ponctuer leurs journées de moments sacrés, de s’intérioriser, de partager au travers du thé. Notre société en a tellement besoin. La course folle du quotidien doit s’arrêter… et, si quelque chose peut aider à trouver notre équilibre à travers­ cette frénésie, nous sommes convaincus que le thé peut contribuer à ce changement d’habitudes pour un retour à l’essentiel.

CHA YI  remporte :
~ en 2011 le premier prix national, catégorie « Commerce », dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat.
~ le premier prix dans la catégorie « Nouvelle entreprise de l’année » dans le cadre des Prix d’excellence 2013 du RGA.