L’art imaginatif

L’art véritable est un art qui associe l’esprit à la matière parce que l’être humain est avant tout un esprit, un être spirituel dans un corps physique. Dans sa tête, l’artiste a un idéal, une représentation de ce qu’il veut montrer, partager avec les autres. C’est quelque chose de pur. L’artiste naît lorsqu’il a envie de partager avec les autres ce qu’il a dans sa tête.

L’œuvre de l’artiste commence à partir du moment où il va vouloir faire descendre ce qu’il a dans sa tête à travers ses mains, dans la matière. Mais entre la représentation qu’il a en tête et l’œuvre finale, il y aura forcément des différences. En passant à travers des matériaux créateurs, il va y avoir une certaine déperdition de la lumière et de la beauté perçues en soi. Il faut l’accepter. Mais il faut essayer par tout un travail intérieur et toute une lutte intérieure, de céder le moins possible de cette lumière à la matière. Une vraie œuvre réalisée par un vrai artiste, c’est quelque chose qui va nous toucher en profondeur. Elle va descendre jusque dans notre volonté et susciter l’espérance.

Dans l’œuvre de l’artiste, on va percevoir son combat, sa lutte et surtout sa victoire : l’esprit est plus fort que la matière ou le bien est plus fort que le mal. L’artiste peut ainsi dans notre monde actuel, générer l’espérance dans le cœur humain. L’individu face à l’œuvre d’art se dit : « Cet artiste là, dans son domaine a pu vaincre la matière, la transformer, la transcender. Je ne suis pas un artiste, ce n’est pas grave. Dans mon domaine, je peux sans doute faire pareil. Il y a sans doute un moyen d’y arriver. ».

Le créateur ou la créatrice est donc un méditant. Il accède au monde spirituel, source de Sagesse et de Beauté. Le créateur méditant cultive une riche vie intérieure grâce à l’étude de connaissances ésotériques qui mûrissent en lui et se transforment en puissantes images révélatrices. Lorsque nous méditons sur des connaissances ésotériques, sur des vérités spirituelles, et que nous sommes capables de les recréer intérieurement sous forme d’images, nous les appelons des Imaginations spirituelles : d’où l’expression d’art imaginatif.

Généralement, le méditant créateur pratique plusieurs fois sa recherche intérieure avec des temps de mûrissement plus ou moins long entre chaque méditation. Enfin, il crée ou manifeste l’image intérieure sur un support approprié, selon ses capacités (dessin, illustration, peinture, sculpture, photographie, théâtre, poésie, etc.).

Qu’apporte l’art imaginatif à notre époque?

L’art imaginatif est un art qui a pour but de rappeler à l’être humain d’où il vient et qui il est.

L’être humain de l’époque matérialiste a oublié qu’il venait du monde spirituel. Son rapport au monde spirituel est basé sur des croyances. Il y a des gens qui croient en Dieu et des gens qui croient que Dieu n’existe pas. Indépendamment de ses croyances, l’individu le plus matérialiste est aussi un être spirituel comme tout le monde. Aujourd’hui, le rôle de l’artiste est de rappeler à l’être humain l’existence du monde spirituel pour lui donner envie de s’y reconnecter, de s’y intéresser de nouveau.

L’art a aussi un autre rôle : guérir le cœur et le nourrir lorsqu’il est asséché par le matérialisme de l’être humain.

En effet, souvent on entend des gens dire qu’ils se sentent vides à l’intérieur, secs, avoir peur, être de plus en plus méfiants et avoir du mal à entrer en relation avec les autres. D’où vient « ce vide intérieur »? Il vient de la société de consommation. Tout ce qui est strictement matériel assèche le cœur. Tous nos désirs d’acquisitions matérielles vident notre cœur. L’art imaginatif abreuve le cœur humain de vie.

Une œuvre d’art authentique, harmonieuse apporte des forces de guérison à celui qui la contemple.

Cela peut se comprendre si vous imaginez que l’aspect esprit et l’aspect matière sont parfaitement accordés dans l’œuvre en question, ce qui crée un équilibre. Or, l’être humain est un esprit dans un corps de matière. La bonne santé est un accord harmonieux entre l’esprit humain et le corps dans lequel il vit. La maladie est une dysharmonie entre l’esprit et le corps de matière. Et les forces de guérison, c’est l’harmonie, l’équilibre, la perfection de l’association esprit-matière. Une œuvre d’art spirituelle, imaginative, génère des forces de guérison. Et quand on contemple, qu’on écoute, qu’on participe même à cette œuvre, cela réveille nos propres forces de guérison.

Chaque créateur ou créatrice au plein sens du mot, doit être conscient que son travail participe à la spiritualisation de cette société afin qu’elle devienne plus morale, plus fraternelle et plus responsable. En effet, cette nouvelle forme d’art va changer le monde, car les gens vont changer d’état d’esprit. Ils vont se mettre à générer de l’espérance en eux. L’espérance, au niveau de la volonté, va donc se traduire à travers leurs membres. Et petit à petit, elle va remonter jusqu’à leur pensée, et générer des idées nouvelles. Dans cette espérance, et ces idées nouvelles, il y aura les germes du futur, les germes de la société du futur.

La magie de créer

La vie d’aujourd’hui est plutôt trépidante. Plusieurs d’entre nous devons payer les factures, nettoyer la maison, participer à des réunions, garder les enfants, respecter des échéances, faire un peu de jogging, préparer le souper, etc. « OUF! »

C’est trop facile de se laisser prendre dans le tourbillon des petites et grandes choses qui peuvent nous amener à oublier que nous avons tous un être créateur qui sommeille en nous. Le vôtre, est-ce qu’il dort d’un sommeil profond? À quand remonte la dernière fois où vous avez créé? Les jours, les mois et les années passent et vous avez peut-être oublié la douce sensation qui est de s’assoir puis de s’arrêter pour pratiquer un loisir créatif, juste pour le plaisir de créer.

Avez-vous remarqué qu’il y a quelque chose de magique qui se produit lorsque l’on crée? Nous perdons la notion du temps. C’est peut-être pour cette raison que l’on associe souvent le mot loisir créatif au mot « passe-temps », nous ne voyons plus le temps passer, ce qui est plutôt rare de nos jours, car de plus en plus chaque minute est comptée… Ce mois-ci, que diriez-vous de reprendre contact avec votre être créateur? Je vous mets au défi de passer du temps de qualité avec lui et de vous offrir une petite escapade en sa compagnie. Vous verrez comment cela peut être libérateur de se laisser aller au gré du temps. En panne d’inspiration? Normal. À quand remonte votre dernier rendez-vous avec lui?

Écouter de la musique et se laisser inspirer par celle-ci pour peindre. Osez peindre une peinture abstraite, laissez aller vos gestes, choisissez des couleurs qui vous font vibrer.

Je vous entends déjà dire, mais je n’ai aucun talent en dessin ou en peinture; ce n’est pas important, je ne crois pas que votre but est de devenir un grand artiste? Le but de l’exercice est de prendre plaisir à créer, faites taire votre sens critique, ne soyez pas trop dur envers vous-même! Vous êtes en panne d’idées, vous ne savez pas par où commencer, vous persistez à dire que vous n’avez pas de talent, mais vous avez quand même un intérêt pour les arts visuels? Et bien, saviez-vous qu’il existe des revues, des ateliers et des sites web qui débordent d’idées créatives à faire avec des estampes. Ce sont des projets créatifs qui ne demandent aucun talent en particulier. Vous pourriez vous joindre à un groupe de créateurs et vous initier à l’art de l’estampage. De plus, il y a plusieurs avantages à créer en groupe par exemple : la motivation et le partage d’idées.

Je vous laisse donc sur ces mots : « Si nous avons chacun un objet et que nous les échangeons, nous avons chacun un objet. Si nous avons chacun une idée et que nous les échangeons, nous avons chacun deux idées ». (proverbe chinois que j’ai sur mon babillard à la maison) Alors, sur ce, je vous souhaite de beaux moments en compagnie de votre être créateur!

Créer en famille, créer sa famille, en toute simplicité

La réussite d’une rencontre créative en famille nécessite la réunion de plusieurs conditions, comme pour tout acte de création. L’une d’elles consiste bien sûr à se réserver un lieu adéquat (séjour, chambre, sous-sol, etc.) et une plage de temps suffisante pour ne pas étouffer dans l’œuf une activité qui a besoin de prendre son envol. Il s’agit également de se faire plaisir et de miser sur la confiance, en soi et dans nos proches. L’importance de cette démarche familiale réside bien moins dans l’objectif à atteindre, que dans l’écoute de notre processus créatif, un pas après l’autre et en toute simplicité avec ceux que l’on aime. Enfin, les encouragements, l’esprit du jeu et la spontanéité sont de fidèles alliés pour éviter le sabotage de l’autocritique et des jugements de valeur sur autrui. Très nombreux sont ceux qui dénigrent leur propre potentiel créateur. J’ai fait partie, moi-même, de ceux dont le verdict est en général sans appel, aussi tranchant que la lame du bourreau : « Moi, je ne suis vraiment pas doué en dessin! » ou « Je ne sais pas écrire ». Il est étonnant de constater à quel point l’autocritique – et l’autocensure qui peut en découler – sont des modes de pensée pour lesquels tant de gens développent presque du talent. Une sorte de conditionnement dès le plus jeune âge a relégué la création à une pratique secondaire, voire tout simplement inutile, et réservée à une élite d’intouchables. Pourtant, faire du beau m’apparaît totalement accessoire, tandis que risquer d’être vrai, au diapason de soi-même, constitue le défi majeur de la vitalité.

C’est en devenant père que j’ai expérimenté des jeux créatifs au sein de la famille, afin de tisser des liens plus subtils entre parents et enfants, mais aussi à l’intérieur du couple. Cela a confirmé une fois de plus que la créativité, cet élan vital qui caractérise l’être humain, coexiste autant chez l’enfant que chez le parent adulte. Dans un univers où le travail et le temps prennent beaucoup de place, la créativité rapproche et consolide. Depuis que notre enfant, le plus grand, est en âge de nous accompagner dans nos créations, nous nous retrouvons régulièrement pour du dessin, des collages, de la peinture et des créations originales autour de la table de la cuisine. Ces moments exceptionnels font aujourd’hui partie de notre quotidien. Pour réaliser des cadeaux, bien sûr, mais surtout sans objectif particulier, pour passer un moment de détente et de plaisir, ensemble. L’avantage est aussi de reléguer aux oubliettes pour quelques heures l’omnipotence des écrans de télévision, de jeux et de téléphonie, capables d’aspirer toute une famille dans son gouffre de passivité et d’individualisme.

Cette initiative créative est aussi venue bousculer des traditions ancrées depuis des générations, comme Noël et les fêtes d’anniversaire. La croissance de nos enfants a coïncidé avec une surabondance de cadeaux souvent inutiles et dispendieux. Cette tendance ne cesse de s’accroître, avec à chaque fois la torture quasi-obligatoire, pour nous autant que pour les autres, de « faire plaisir » et de trouver une bébelle à chacun. En particulier, cette tradition de fêter on ne sait plus trop quoi – le changement d’année, la naissance d’un messie ou l’arrivée du gros barbu par la cheminée – me pèse de plus en plus péniblement. La question s’est posée et se pose encore avec acuité : comment sortir de la spirale infernale du cadeau obligé? Cela n’a pas été facile et ce n’est pas encore gagné, nous avons pourtant introduit l’idée d’offrir « autre chose » à nos proches. Quelque chose de plus humain, dans lequel nous investissons temps, passion et bonne humeur. Nous risquons une attitude différente, démontrant à chaque fois qu’il est possible de s’amuser, et de grandir aussi, dans une activité de créativité familiale. La dernière fois, nous avons ainsi disposé de vieilles chutes de contreplaqué, de colle et de restants de peinture, auxquels se sont rajoutés roches, bois flotté et morceaux de verre dépolis ramassés sur la grève de Tadoussac. Cet assemblage magique a permis la fabrication de cadres à photo très originaux. Dans ces moments-là, plus besoin de parler, car ce sont les mains qui se mettent à raconter, les pinceaux qui chuchotent et les sourires qui créent la connivence. Notre œuvre collective est surprenante, inattendue et n’apparaîtra sûrement pas dans une galerie d’art. Pourtant, elle a été remise par mon fils à ses grands-parents, et je sais que ce présent « fait maison » représente bien plus qu’un cadeau ordinaire. Imparfait, croche, mais unique.

L’artiste peintre et le toucher…

Étant une artiste en arts visuels, je croyais que le sens le plus important pour moi était la vue! Devant la feuille blanche, pour cet article, je me suis mise à réfléchir et à me questionner. Et si je perdais la vue, est-ce que je continuerais à peindre? Et bien, je crois que oui, car en réfléchissant à mon processus créatif et au plaisir que j’ai à peindre, je me suis aperçu que le toucher occupait une très grande place.

Lorsque je veux savoir si ma peinture est assez sèche pour pouvoir ajouter une autre couleur sans que celle-ci ne se mélange aux autres ou, au contraire, lorsque je veux m’assurer que la peinture est encore assez humide pour réussir mes dégradés, alors qu’est-ce que je fais? Je touche! Le toucher, très souvent, me donne des informations pratiques et m’aide à faire des choix appropriés pour réussir les effets voulus, mais bien sûr, sans la vue, le résultat ne serait pas le même. Et quand je choisis un support, quel est mon premier réflexe? Et bien, c’est encore de toucher! Je frotte la surface de la toile pour voir si la texture du canevas me convient, je tâtonne les papiers pour voir s’ils sont de la bonne épaisseur, assez lisses ou trop rugueux… De plus, lorsque je peins, le toucher fait partie de mon processus créatif, de ma façon de peindre; la preuve, c’est qu’il n’y a pas une seule fois que j’ai terminé un tableau les mains propres. On pourrait penser que c’est par maladresse, mais non, c’est plus fort que moi, je finis toujours par me mettre les mains dans la peinture.

Depuis que je suis toute petite, j’aime me salir les mains, j’aime le contact direct avec la matière. J’aime faire glisser mes doigts dans la peinture, lisser celle-ci, l’étendre, l’estomper… Je trouve cela fascinant de voir les mélanges de couleurs se créer sur la toile; c’est comme si j’avais des mains de magicienne! Et aussi, le fait de ne pas être toujours obligée d’utiliser un outil pour peindre me donne une grande sen­sation de liberté et je me sens plus créative. Voici d’autres petits gestes, impliquant le toucher, que je fais tout spontanément lorsque je peins : j’égratigne, je gratte la peinture encore humide avec mes ongles afin de créer des textures, des lignes, laisser des traces et faire apparaître les couleurs qui se cachent en dessous. J’aime voir la surface qui se transforme sous mes doigts. Et puis, même lorsque je travaille avec du papier, j’utilise aussi le toucher, car j’aime le déchirer, le froisser, ensuite le coller et le lisser sur la toile directement avec mes mains. Cela vous semblera peut-être étrange, mais c’est comme si j’avais la sensation d’être plus habile et en contrôle lorsque je touche directement la matière. Alors, moi qui ai toujours pensé que j’étais plutôt du « type visuel », je viens de réaliser que je suis probablement plus kinesthésique que je ne le pensais. Finalement, cette petite réflexion au sujet du toucher m’a donné l’idée d’élaborer un nouvel atelier en peinture pour les adultes : « Peindre avec les mains ». Après tout, qui a dit que la peinture « aux doigts » était réservée aux enfants?

Et, bien sûr, il y a un autre aspect du toucher qui est important lorsqu’on est artiste, car bien souvent le but de créer est de tenter d’entrer en contact avec les autres, de toucher leur imaginaire et leur sensibilité. C’est un peu la même chose lorsque je donne mes ateliers; je tente de toucher le cœur de mes participants en leur transmettant ma passion pour la peinture. J’ose espérer que j’y arrive quelquefois…

Je ne crois pas que je pourrais peindre sans le toucher. J’ai réalisé que ce sens est aussi important pour moi que la vue. Je termine sur cette parole de sagesse de Confucius, qui me « touche » profondément : « Faites les gestes, et les sentiments entreront dans le cœur. »