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La paix de l’âme et le cheminement professionnel

Dans nos sociétés occidentales nourries par la compétition et la concurrence, la tendance est de croire que l’on est ce que l’on fait. Or, dans la vie, tout est changement, et cette impermanence se reflète en nous et en dehors de nous. Dans un siècle de grands bouleversements, comment rester en contact avec soi tout en s’adaptant à ce que la vie nous offre pour évoluer, personnellement et professionnellement?

Quel que soit le domaine dans lequel on travaille, on retrouve ces questionnements : j’aimais mon travail, mais c’est fini, que vais-je devenir? Ou bien, je n’aime pas mon travail, je l’endure et que puis-je faire d’autre, même si j’en change? Dans ces interrogations opposées, la question d’identité reste au centre du sujet : qui suis-je en dehors de l’adversité de ma vie… professionnelle?

Accepter son identité, c’est prendre l’engagement de se reconnaître dans chaque situation, avec humilité et compassion. C’est le moyen d’avoir du pouvoir sur soi et ça change bien des choses, car on va chercher les réponses à l’intérieur de soi, pas à l’extérieur.

Pour ma part, j’ai bien longtemps pensé que j’étais ce que je faisais, et comme je n’aimais pas mon travail, j’étais malheureuse. Je m’identifiais à mon malheur, j’avais honte de moi et une question me revenait sans arrêt : « où est ma place? » Désespérée de ne pouvoir éprouver un sentiment d’accomplissement qui me fasse passer du rôle de victime « qui subit ce qu’elle fait » à celui d’adulte « qui a du pouvoir » sur ce qu’elle souhaite faire, j’errais dans des énergies négatives attirant inévitablement des expériences exténuantes et destructrices. Puis, un jour, j’ai décidé de travailler d’arrache-pied sur moi, autant que pour les autres. Ainsi… ma vie a changé.

Être dans sa voie, comprendre intrinsèquement ce que l’on doit faire ici sur terre, quel bonheur! Bye bye dualité, me direz-vous alors? Non, les doutes quand tout ne roule pas comme on le pensait, les remises en question face à la difficulté de changer de chemin sont là aussi… Et là on se dit : « Encore? ». Oui encore, mais pas pour les mêmes raisons car on avance, on chemine et ces questions valident ou infirment si oui ou non nous voulons poursuivre dans cette voie. Le talent, c’est du génie plus du travail et un changement d’ADN ne se fait pas en 24 heures, ce sont des milliers de cellules qu’il faut reconstruire.

En quête ou sur notre chemin, l’adversité est là pour valider notre foi en nous-mêmes. Cela implique de regarder les deux côtés de la médaille de la même pièce que nous sommes. Pourquoi? Parce que ça n’est pas en regardant uniquement vers la lumière que l’on va vers la lumière, c’est aussi en parlant avec le démon qui est en nous que l’on se propulse vers le rayonnement. Comme dans le Tao, dans la partie blanche il y a un point noir et dans la partie noire il y a un point blanc. Les deux participent à notre évolution. Dans la turbulence, le défi est de continuer à croire en soi, donc à s’aimer. Et l’un de nos plus grands outils, c’est la communication avec notre démon intérieur, qui nous balance d’une porte lumineuse à une porte noire sans entrer ni dans l’une ni dans l’autre, pour nous installer dans une zone grise appelée « mal-être » ou souffrance.

Alors, maintenant, plutôt que de fuir ce consciencieux travailleur de la noirceur qui me dévalorise, je lui parle et je l’écoute, parce qu’il en a besoin et moi aussi. Ainsi, je le démystifie, je l’exorcise.

Car ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est trouver un sens à ce que nous faisons, profondément, à l’intérieur de nous. Si ce que je fais à un sens pour moi, même dans un environnement chaotique, je m’installe dans un espace à l’intérieur de moi qui a un axe que je définis en fonction de mes priorités et de mes propres valeurs. Ça s’appelle la paix intérieure et ça n’a pas de prix.

Apprivoiser le silence

Il n’y a pas de doute que le silence est très bénéfique. Nous avons tous besoin de silence; il est aussi indispensable que l’air que nous respirons.

Autrefois, le silence était beaucoup plus présent que le bruit. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Plusieurs d’entre nous ne trouvons nulle part les occasions ni les lieux où nous imprégner de silence tellement il est devenu un luxe dans le tumulte de notre société actuelle. En prenant­ conscience du bruit permanent qui nous entoure, aussi subtil soit-il, nous constatons rapidement à quel point il représente une distraction­ auditive qui nous pousse vers la dispersion et la fragmentation tant intérieure qu’extérieure, nous éloignant ainsi du seul état qui nous soit totalement naturel, spontané et absolument sans effort.

La peur du silence
Depuis plusieurs années, j’anime des retraites de silence chez moi. Je suis à même de constater que nombreux sont ceux qui s’y intéressent, mais qui reportent tout de même leur participation. Plusieurs m’ont avoué avoir peur du silence et ne pas avoir le courage de plonger dans cet espace perçu comme déstabi­lisant et confrontant. Sommes-nous si aliénés de nous-mêmes que nous refusons de rediriger notre énergie vers l’intérieur?

Le retour au silence spontané
Le retour au silence ne devrait pas être un combat. Il ne suffit pas de construire un silence extérieur dans une absence de bruit, mais bien de contribuer à nourrir le silence intérieur qui nous habite, ce silence spontané qui émerge du cœur.

Il est vrai que le silence extérieur ramène au calme et nous rapproche du silence véritable. Il permet à l’entièreté du système neurosensoriel de se défaire de la tendance obsessive à chercher à se détendre et à se ressourcer. Des études récentes confirment que le silence soulage le stress en réduisant le taux de cortisol et augmente la souplesse de l’hippocampe, la partie du cerveau associée à la mémorisation et à la régulation d’émotions telles que la peur et le doute.

Le silence véritable et profond nous éveille à ce qui est vivant et fertile au centre de soi. Il nous conduit à la simplicité du moment, à la douce présence de l’essence que nous sommes. Il nous permet de nous ouvrir à de nouvelles perspectives et d’atteindre un niveau de conscience supérieur.

Nous pouvons dire que le silence est d’or
Le silence nous lie à tout en n’excluant rien lorsque nous sommes en contact à la fois avec notre profondeur et notre naturelle légè­reté d’être. Lorsque nous prenons la peine de nous livrer au silence, nous apprenons surtout à écouter et à percevoir différemment. Le silence a tout à voir avec notre état de conscience puisqu’il est toujours présent. Béni est celui qui entend le silence au-delà du bruit et du babillage du mental. Le silence véritable devient donc un passage initiatique avec ses qualités d’harmonisation, de force et de souplesse; il est un prérequis à l’Éveil. Un peu comme une page blanche fait ressortir l’encre des mots, le silence nous soutient dans la forme et dans la non-forme, nous offrant ainsi inspiration et clarté. Il permet l’espace nécessaire pour grandir, évoluer et créer.