La révérence de l’eau

Vous utilisez l’eau à tous les jours. Faire du café, laver votre linge, faire la vaisselle, prendre votre bain. Dans notre quotidien, l’eau n’est qu’un objet utilitaire : il nous est utile.

Pendant un voyage, observez votre attitude envers l’eau. Vous avez du temps pour observer les formes qu’elle dessine sur un lac. La couleur de mer, la force d’une cascade, le tissu fin de l’eau d’une rivière sur votre peau. Après votre voyage, l’eau n’est plus qu’un des multiples conforts que nous avons dans notre cuisine. L’eau est devenue alors une porte d’entrée pour l’émerveillement.

Je ramène de mon dernier voyage cette révérence pour l’eau. C’est à travers cette révérence que les qualités de l’eau nous sont dévoilées et même transmises : elle résonne dans mon esprit de quelques-uns de ses attributs : la réceptivité, la fluidité et l’adaptabilité.

Dans notre vie de tous les jours, par la répétition de nos tâches et l’encombrement de devoirs et obligations, le monde environnant acquiert une certaine opacité. Mais, dans un voyage, je laisse en arrière un peu de la personne que je pense que je suis. Je laisse tomber – même si c’est temporairement – une partie de mon identité : le fonceur, la femme forte, la vedette, la mère parfaite, l’étudiant génial, le malade. Dans un voyage, je prends contact non seulement avec l’autre, mais avec l’inconnu en moi. Je m’étonne de moi, même des facettes cachées en arrière des rôles quotidiens. Je prends une distance par rapport aux masques que j’utilise pour survivre. Et à chaque voyage, je peux ramener à mon bureau non pas la tristesse du « c’est fini les vacances », mais la satisfaction d’avoir goûté à un autre Soi. Un Soi qui maintenant nourrit mes journées de curiosité, de patience et de contemplation.

Complice du plaisir

Le plaisir peut être yin, doux, sensuel, subtil, passif, contemplatif, ou il peut être yang, intense, brutal, extraverti, dominant, dynamique. L’un est apparenté à la délicatesse féminine, et l’autre à la virilité masculine. Qu’on soit femme ou homme, hétéro, bisexuel, ou gai, on a tous avantage à explorer la gamme du yin et du yang et à équilibrer notre être. Notre société tend à valoriser le yang et à dénigrer le yin, et la plupart d’entre nous ont davantage besoin d’explorer la féminité et l’aspect yin du plaisir.

Le plaisir pour moi, c’est un tremplin vers la spiritualité, l’illumination, l’extase… C’est indispensable à ma survie.

J’ai donc choisi comme complice, ma plume frémissante et délicate, pour vous inviter à pénétrer dans mon univers intime. C’est ma plume à l’encre de cerise rouge, qui se couche sur cette page d’histoire pour vous dévoiler les secrets de mes plaisirs charnels.

L’interdit du péché de la chair

Le plaisir, m’a-t-on enseigné dans ma tendre et timide enfance, c’était l’interdit du péché de la chair. Donc, si comme moi, vous êtes venu au monde dans la virginité d’une bonne famille puritaine et réservée, lisez ces lignes à vos risques. Je confesse qu’en fait, le plaisir s’est avéré un tremplin vers l’extase et la spiritualité (même l’illumination) et un outil de transformation personnelle indispensable à ma survie. Je suis honorée de vous confier le récit inédit du pèlerinage de mon voyage initiatique vers le plaisir extatique.

La peur de l’envahissement

Ma quête est une histoire à la fois banale et périlleuse. Elle débuta dans la prison de la tour de mon enfance, où féminité, affection, sensualité et sexualité sont confondues, emprisonnées dans le même tabou de ma ceinture de chasteté où parents, clergé, éducateurs et société m’ont enfermée, pour mon propre bien. Amen. L’ère du féminisme sonna pendant mon adolescence, et timidement, la princesse a revendiqué son émancipation sexuelle. Elle s’est métamorphosée en femme de carrière indépendante, portant le tailleur 3 pièces et même la cravate pour mieux se blinder. Inconsciente que mon aventure féministe me conduisait en réalité plus vers la masculinisation que l’émancipation, j’en ai tout de même profité pour sortir de ma tour fragilisante et faire basculer le pendule de ma quête (mon besoin) d’équilibre et m’enraciner dans des chaussures à talon plat, plus stables et sécures. J’avais recyclé (troqué) ma désuète ceinture de chasteté en bouclier protecteur, complété d’un masque à l’air hautain et invincible. Derrière se cachait ma peur. La peur des hommes, de l’autorité, de l’abus, de l’agression, de l’envahissement, de me faire embrasser contre mon gré, d’être consommée par l’incontrôlable testostérone, alouette!

Merci à la loi de la gravité et de l’équilibre qui a su ramener le pendule féministe trop yang, dans une direction plus yin, celle de la féminité, en passant par le centre du cœur et de l’amour de soi. Quelques prises de conscience s’imposaient.

Me dévoiler telle que je suis?

Ah oui, comment puis-je attendre de l’autre qu’il m’aime, me respecte et m’honore pour l’être authentique que je suis, si je n’ai pas appris à m’aimer moi-même et à me présenter sans masque ni bouclier (me dévoiler telle que je suis)? Comment peut-il me deviner et respecter mes besoins et désirs, si je n’ai pas appris à me connaître moi-même. Comment puis-je m’abandonner en toute confiance à vivre l’intimité, à être réceptive et accueillante, attentive et perceptive à l’autre, si je ne me fais pas confiance à moi-même. Bien sûr, si je sais m’écouter, me faire écouter (entendre), observer et exprimer mes désirs, je saurai, en toute assurance, trouver et inviter un partenaire digne de partager mes draps d’intimité.

Ah oui, j’avais du déblayage à faire pour départager affection, sensualité, sexualité et permettre à ma féminité de s’exprimer dans toute sa gamme vibratoire, avec tous ses atouts sensoriels, émotifs et spirituels. Bien sûr, je devais prendre le temps de m’initier et d’explorer les délices yin du plaisir et laisser fleurir la geisha* en moi. Je pourrais ensuite revêtir le kimono de la shakti**, incarner le plaisir, et inviter mon partenaire à découvrir la complice du plaisir.

Mettez vos récepteurs en appétit

Glissez-vous lentement et sensuellement dans un kimono de soie et mettez en appétit tous vos récepteurs sensoriels – vos papilles gustatives, récepteurs tactiles, cils olfactifs, vos tympans, vos rétines oculaires – pour découvrir la geisha en vous. Préparez-vous à la réceptivité, l’émerveillement de la découverte des sensations dansantes et imprévisibles, dans le moment présent, sans prendre pour acquis où vous mènera le sentier de cette expérience, l’altitude de votre ascension, ou la latitude de votre escapade. Soyez dans le sans attente, dans l’ouverture à ce qui est dans le moment présent. Différez le réflexe orgasmique à l’extase de caresser chaque cellule de votre être physique et subtil. Le plaisir est une perle précieuse. Le partager, en toute complicité, est un privilège.

Manouche

* Au Japon, la geisha est une artiste gracieuse et sensuelle (pour tous les 5 sens)

** Dans le système tantrique, le shakti est le principe yin.

Prendre du temps pour soi. Un impératif pour la santé et pour l’épanouissement de l’intuition

Tôt ou tard dans notre vie, vient un moment où, pour une raison ou pour une autre, nos réponses ne semblent plus suffisantes ou appropriées, nos cartes se brouillent… Ces moments sont très souvent l’occasion idéale d’approfondir notre relation à nous-mêmes, de développer davantage notre intuition et de lui faire plus de place.

Pour nous accompagner et nous guider dans ce processus, la méditation est un outil puissant, mais il y a un autre ingrédient essentiel à l’épanouissement de notre intuition. Il s’agit du temps que l’on passe avec soi-même. Pourquoi? Tout simplement parce que notre relation à notre intuition est le résultat de notre rapport à nous-mêmes, à notre essence et à notre lumière. Dans cette optique, le projet de développer son intuition commence par prendre du temps pour soi. Notre rendez-vous avec nous-mêmes se veut notamment un temps pour laisser libre cours à nos pensées, un temps pour être complètement EN soi et un temps pour contempler.

Un temps pour laisser libre cours à nos pensées
Dans notre quotidien chargé, nous nous permettons rarement d’observer les pensées qui nous habitent. S’offrir un moment pour laisser vagabonder nos pensées et observer, sans juger ni contrôler quoi que ce soit, nous permet de dissiper peu à peu la pression que nous subissons et que nous nous imposons, en plus de faciliter la reconnaissance et l’acception de soi.

Un temps pour être complètement EN nous DANS le monde
Être présents à nous-mêmes pendant que nous sommes dans le monde, voilà un bel objectif sous-entendu dans une démarche visant à établir un lien plus intime avec notre intuition et à vivre notre essence. L’aisance ne s’installe pas du jour au lendemain. Se permettre de vivre des moments où nous sommes seuls avec nous-mêmes tout en étant dans le monde, mais sans trop de stimulations ou d’interactions, est donc une excellente pratique. C’est aussi un moment propice pour apprivoiser nos sensations tout en étant en action, pour vivre notre connexion avec la vie dans le monde. Transfor­mer une marche en forêt en marche méditative est un excellent choix : se relier à la vie qui nous entoure, comme les arbres, les plantes et leurs racines sous terre, sentir la terre sous nos pieds et notre con­nexion qui s’active à chaque pas, nous connecter à la terre et aux astres et sentir leur lumière circuler en nous, etc.

Un temps pour contempler
C’est l’occasion de décrocher du mode de fonctionnement analytique et rationnel, cette tendance que nous avons à contrôler et à structurer pour nous sécuriser, et de nous mettre plutôt en mode de réceptivité. Notre façon de vivre depuis la tendre enfance­ nous a amenés à développer un rapport très tendu avec la vie, avec la nature, avec le rythme naturel des choses. Apprivoiser le silence autour de nous, nous relier au monde, à la nature, à notre environnement avec un sentiment de sécurité et de confiance nous aide à nous rappeler que la vie est belle, puissante, qu’elle nous soutient. Lorsque s’atténue l’impression de menace environnante, il devient alors beaucoup plus facile d’entendre ce qui se trouve en nous.

Prendre du temps pour soi contribue à créer un espace propice à notre épanouissement intuitif. Pour entrer en contact avec notre intuition, approfondir notre relation à notre essence/lumière, il faut du temps libre, de l’espace intérieur calme, de la confiance en la vie, de l’accueil envers TOUT ce qui est en nous, que nous le jugions beau ou laid.

Développer son intuition et se rapprocher de son essence ne veut pas dire se rapprocher de quelque chose d’extérieur à soi; il s’agit bien de se rapprocher de soi!

L’art de la prière

« Le résultat de la prière est la vie, car elle irrigue le cœur et la terre. » Saint François d’Assise

Avez-vous déjà prié? On se sou­vient peut-être de s’être agenouillé au bord du lit, nos mains d’enfant jointes près du cœur. Ou alors, dans un moment de désespoir, on a fermé les yeux et imploré l’aide de Dieu. J’ai personnellement redécouvert la prière, celle-là même qui insuffle tant de transformations dans mon quotidien que j’ai eu envie de vous faire partager mon enthousiasme.

Depuis l’aube des temps, l’être humain prie. Parfois spontanément, parfois par dévotion. Les religieuses, les prêtres et les moines font de la prière une offrande pour le plus grand bien de tous. La prière en tant qu’art nous invite à entrer dans cette expérience humaine très ancienne et remplie de mystère. Elle porte un savoir de plus de 5 000 ans dont les secrets sont encore cachés aujourd’hui. La mémoire vive de l’art de la prière vibre pourtant encore entre les murs des cloîtres, des égli­ses et des monastères tibétains. Il semble cependant que notre société dite civilisée ne s’y intéresse presque plus. C’est dommage parce que nous sommes en train de perdre les clés de cet art pouvant contribuer au bonheur de vivre. Il n’est pas étonnant qu’en dirigeant notre attention sur l’apparence plutôt que sur l’essence, nous ne trouvons plus de sens aux mots ni aux gestes liés à l’acte de prier.

On peut alors se demander ce que font ceux qui prient à longueur de journée puisqu’on ne voit pas la prière, puisqu’elle fait partie de l’invisible. Tout le cérémonial ne sert qu’à évoquer, dans l’intimité de l’être, un mouvement authentique de l’âme vers Dieu. La prière n’est pas une demande qui provient d’une sensation de manque, accordée ou refusée par un dieu extérieur. Elle est plutôt un mode de communication privilégiée qui nous lie au divin en nous. Une ligne directe sans frais d’interurbains! Prier, c’est reconnaître notre aptitude à communiquer avec Cela — force cosmique, Esprit, Champ de cohérence universelle, Présence, Vie ou simplement… Dieu.

Alors, comment prier? D’abord, il importe de détourner notre attention de ce qui nous manque, de ce qui nous fait souffrir. Déjà, cela étonne, n’est-ce pas? Ensuite, l’invitation consiste à nous détendre afin d’ouvrir un espace pur de réceptivité. Et finalement, dans un grand acte de foi, nous invoquons l’émotion que nous ressentirions si notre prière était déjà exaucée. La pierre angulaire de la prière est donc de ressentir dans notre âme ce mouvement naissant selon lequel nous sommes déjà ce que nous désirons être. Le miracle s’opère alors au plus profond de l’être. Prier nous transforme et transforme notre relation au monde. C’est notre état émotionnel qui détermine ce que nous allons créer dans notre existence.

Le cœur de notre vraie nature entend et répond à son propre langage, celui de l’amour. En comprenant la prière comme une qualité de sentiment qui s’imprègne dans notre cœur, nous accédons à notre pouvoir divin. Nous pouvons prier pour enrichir notre vie et nos relations de ce que nous souhaitons le plus : la tendresse, la compassion, la gratitude, la présence, la compréhension, la bienveillance, etc.

Serait-il possible que notre grande famille humaine ait besoin de récu­pérer l’art oublié de la prière? La prière pourrait-elle susciter davantage de tendresse et d’affectivité dans les liens qui nous unissent?