À propos des rencontres magiques

Beaucoup s’interrogent : qu’est- ce qui fait qu’on est attiré par une personne plutôt que par une autre?  Est-ce d’ordre physique?  Hormonal?  Caractériel?  S’agit-il d’affinités secrètes, d’une reconnaissance mutuelle spontanée?

Je crois pour ma part, qu’une rencontre (qui se reconnaîtra comme amoureuse) est dans la combinaison de plusieurs facteurs (attirance physique, phéromones, perception spontanée d’une acceptation inconditionnelle, identification inconsciente à des images anciennes (de personnes bienveillantes) qui remontent à la surface).  C’est la réunion de plusieurs composantes conscientes et inconscientes qui va créer un appel, un mouvement ou un élan vers telle personne et non pas vers une autre.

Cela c’est une explication raisonnable, mais comment évaluer la part de miracle, de magie qui entoure une rencontre amoureuse?  Qu’est-ce qui fait qu’on va s’attirer mutuellement et comment expliquer que l’histoire se poursuive ou non ensuite? Je crois que l’attirance mutuelle entre deux êtres est d’ordre vibratoire.  Tout se passe comme si des vibrations subtiles circulaient de l’un vers l’autre, étaient reçues et s’accordaient.  Produisant ainsi une alchimie mystérieuse entre deux personnes, rapprochement et mélange qui vont les lier.  L’image la plus simple pour parler de ce phénomène serait l’image musicale : deux notes qui s’accordent et qui vont résonner comme du Mozart!

Ensuite, la poursuite de l’histoire va dépendre non pas des sentiments (comme on le croit trop souvent), mais de la qualité des relations qui vont nourrir et embellir cet amour ou le blesser et le dévitaliser.

Qu’est-ce qui fait que parfois rien ne fonctionne dès le départ : l’un est attiré et pas l’autre?  Effectivement, l’émission des signaux dont j’ai parlé plus haut, est parfois asymétrique.  Plusieurs combinaisons sont possibles.  L’un émet, l’autre ne reçoit pas, reste fermé, n’est pas sur la même longueur d’onde vibratoire ou est déjà tourné vers quelqu’un d’autre.  Et puis, il arrive aussi que les deux notes de musique, ne s’accordent pas, et font un couac!  Et je n’ai jamais vu un couac se transformer en Mozart!

C’est notre rêve à tous de trouver des sentiments en réciprocité, de ne pas se piéger dans ce que j’appelle les pseudos amours, telles les amours de manque (on réclame à l’autre ce qu’on n’a pas eu dans l’enfance), les amours de peur (on exige de l’autre qu’il nous rassure sans arrêt, qu’il nous confirme que nous sommes le(la) seul(e) personne aimé(e).  Il y aussi les amours de consommation (on aime non la personne, mais l’amour qu’elle a pour nous!), les amours de besoin sont redoutables et frustrantes (on ne donne rien, on prend, on exige)…

Il peut arriver aussi que l’on tombe soudain amoureux d’un ami ou d’une connaissance côtoyée depuis longtemps, mais pour laquelle on n’avait jamais envisagé d’aller plus loin ou plus près comme amoureuse ou amoureux potentiel!

Dans l’amitié, la dimension sexuelle est absente.  C’est la révélation de cette dimension qui va transformer la relation.  Ceci dit, le désir ne se commande pas.  Il peut être présent, mais censuré ou occulté durant des années et soudain se révéler quand les défenses lâchent prise!  Certains s’interrogent sur le coup de foudre, qui serait la manifestation soudaine d’une attirance irrésistible, réciproque et sans réserve.  Attirance qui fait fondre toutes les inhibitions ou les préjugés et rend caducs les engagements antérieurs.  Il faut savoir quand même que dans le coup de foudre, il y a souvent plus de coups que de foudre (disait ma grand-mère!).

On nous dit aussi que les vacances sont propices aux rencontres amoureuses.  Les vacances sont favorables à toutes les rencontres et donc aussi aux rencontres amoureuses.  Peut-être parce que nous avons chaque jour 24 heures à notre entière disposition.  Heures qui ne sont pas parasitées par du travail, des contraintes, des injonctions ou des obligations.  Parce que les journées sont plus longues et qu’il y a en face de vous des personnes qui sont ouvertes, disponibles, réceptives (non parasitées par des choses à faire!  Et puis la nudité (bord de mer ou temps clément) ou une tenue plus légère semble autoriser une circulation plus libre des désirs!

Quoiqu’il en soit, les rencontres amoureuses peuvent naître à tout âge, dans les circonstances les plus étranges comme les plus banales.  Comme nous ne pouvons commander à nos sentiments, il nous faut accepter que l’amour puisse surgir à tout instant dans notre vie.

Cocooning

Merci à Luc Labelle

Se blottir, s’installer confortablement pour se prélasser, se ressourcer, trouver un bien-être chez soi, oser se faire plaisir, prendre soin de soi et s’accorder des petits moments de tranquillité : c’est ça, le cocooning. Pour vous y encourager, voici mes suggestions …

Quoi lire?
Immortelle Randonnée : Compostelle malgré moi,
Jean-Christophe Ruffin, Éditions Guérin, 350 pages

Jean- Christophe Ruffin est ­médecin, pionnier du mouvement humanitaire, a été ambassadeur de France au Sénégal de 2007 à 2010 et est l’auteur de romans, dont « Rouge Brésil », prix Goncourt 2001. Il est également membre de l’Académie française depuis 2008.

L’auteur a parcouru à pied, sur plus de 800 km, le « Chemin du Nord » jus­qu’à Saint-Jacques-de-Compostelle­ (Espagne). Il écrit : « En même temps­ que j’en mesurais l’inconfort et que je pressentais les souffrances [que le Chemin] me ferait endurer, j’éprouvais le bonheur de ce dépouillement. Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l’essentiel. »

L’auteur mentionne qu’il y a, pendant la marche, « ces instants de pure extase pendant lesquels l’espace d’un simple chant, d’une rencontre, d’une prière, le corps se tend, tombe en morceaux et libère une âme que l’on croyait avoir perdue ».

À la lecture de ce livre, on peut aisément conclure que, quelle que soit la raison pour laquelle on entreprend ce Chemin, on sort toujours de cette expérience enrichi au contact des marcheurs de tout âge et de tout horizon, ainsi que des moments de solitude. Une lecture pour le moins passionnante.

Quoi écouter?
Requiem, Wolfgang Amadeus Mozart, Herbert Von Karajan, Éditions DG (419 867-2)

Le Requiem de­ Mozart a toujours été l’œuvre musi­cale classique que je préfère. S’il est une musique dont on peut dire qu’elle est d’inspiration divine, c’est bien ce Requiem. Il est vrai que j’aime aussi particulièrement le deuxième mouvement du Concerto pour piano no 23­ de Mozart (ma version préférée est celle du pianiste Rudolf Serkin sous la direction du chef Claudio Abbado de l’Orchestre symphonique de Londres), qui fait remonter des émotions au bord de l’insupportable tellement c’est magnifique. Mais son Requiem remporte la palme pour moi.

La charge émotionnelle de cette œuvre est presque douloureuse, tellement elle est pure et vraie. Je pense surtout aux 7e  (« Confutatis ») et 8e (« Lacrimosa ») mouvements.

Du côté de l’art lyrique, j’aurais pu mentionner certaines arias de Maria­ Callas (La Wally) qui mettent en premier plan cette voix « divine ». Du côté de la musique de films, le Mémorial de Michael Nyman (du film Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant) ou encore la trame musicale du film Qui a peur de Virginia Woolf? (film de 1966 de Mike Nichols, musique d’Alex North).

Quoi regarder?
The Way, La route ensemble, film réalisé par Emilio Estevez en 2010, avec Martin Sheen (121 min.)

Un jeune américain meurt sur le Chemin de Compostelle. Son père, en allant chercher les cendres de son fils, décide de partir sur le Chemin et de le terminer, au nom de son fils. À diffé­rentes étapes, il sème au vent un peu des cendres de son fils. Il va même jusqu’à inscrire le nom de son fils sur la credencial, document obligatoire pour accéder aux refuges pour pèlerins sur lequel sont apposés les tampons que l’on reçoit à chaque étape du Chemin. Arrivé à Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne), il faut présenter ce document dûment tamponné pour obtenir  le certificat de pèlerinage.

Une des meilleures performances de Martin Sheen, le père du réalisateur Emilio Estevez. Un Martin Sheen qui joue ce rôle de façon très introspective. Le père part sur le Chemin en hommage à son fils, mais fait des rencontres qui le marqueront pour la vie. Au départ, le père est très fuyant, ne voulant pas vraiment parler à qui que ce soit sur le Chemin. Avec le temps, il apprend à « marcher ensemble », si l’on peut dire. C’est aussi l’histoire d’un père qui n’a jamais compris son fils et qui, enfin, apprend à le comprendre à titre posthume. Un beau film.