Un espace pour le thé

Le thé a depuis toujours été associé à un temps d’arrêt, à un moment de tranquillité. Pour toutes les cultures l’ayant adopté dans leur mode de vie au quotidien, de la Chine ancienne jusqu’à notre époque, ce breuvage a su inspirer la paix et la quiétude. Ces différents rituels en témoignent parfaitement. Qu’il soit dégusté seul, en tête-à-tête avec soi-même dans un état d’introspection et de méditation, ou partagé avec nos proches et invités, le thé est porteur de conscience, d’éveil, de calme. Dans notre monde moderne où tout semble aller si vite, où la stimulation technologique est partout, le simple geste millénaire de poser nos lèvres sur une tasse de thé bien préparé nous offre la chance de reprendre contact avec « l’ici et maintenant ».

Lorsque nous entrons dans une maison de thé traditionnelle, qu’elle soit en Asie ou ailleurs, une ambiance sereine et inspirante est généralement palpable dès les premiers instants après avoir passé le seuil de la porte. Les arômes flottant dans l’air, le bruit délicat de la porcelaine tintant dans l’atmosphère feutré, la musique douce qui berce tous les gestes et la gentillesse des « gens du thé ». On peut alors avoir l’impression d’être plongé dans un autre monde où nos soucis ont été laissés derrière. Un peu comme dans un sanctuaire, rien ne semble pouvoir nous atteindre. Déguster un thé dans un endroit paisible nous ramène à l’essentiel, jusqu’à goûter l’éternité de chaque instant se cachant au fond de notre tasse…

À défaut de chapelle pour se réfugier ou du moins de petit autel pour se recueillir, de plus en plus de personnes créent à la maison un espace consacré au calme et à la méditation. Dans la même veine, de nombreux amateurs aménageront leur propre « coin de thé » dans leur maison ou appartement, un endroit parfait pour savourer tranquillement leurs infusions préférées dans un état d’esprit de détente et de tranquillité. Définir un espace pour déguster le thé nous permettra d’en apprécier plus finement les nuances et les subtilités en plus de ses effets bienfaisants. Cet endroit peut également s’associer au coin lecture ou musique que nous avons peut-être déjà, ces activités étant tout à fait compatibles à la dégustation.

Pour aménager un tel espace, on peut s’inspirer de principes que l’on associe habituellement au thé : harmonie, respect, pureté, tranquillité. On pourra également garder à l’esprit que pour les taoïstes, la préparation du thé comprend les cinq éléments : métal, bois, eau, feu, terre. Quelques plantes vertes, une orchidée ou un sobre arrangement de fleurs, une fenêtre ou une source de lumière tamisée, une belle calligraphie ou une peinture, de la musique douce comme celle de la harpe guqin ou de la flûte japonaise shukuhachi par exemple, une table basse et des coussins, un encens délicat, sont tous des éléments pouvant donner au décor une ambiance paisible se conjuguant bien au thé. En ce qui a trait au matériel d’infusion, de beaux objets du thé que vous aimez feront parfaitement l’affaire à moins qu’en amateur chevronné vous ne vous adonniez à des techniques traditionnelles plus poussées. Dans tous les cas, la beauté et l’agencement des instruments d’infusion rajoutera au précieux de notre salle de thé.

Plusieurs personnes croient malheureusement que la préparation correcte du thé nécessite forcément un rituel. Bien qu’un grand nombre de cultures aient lié une méthode particulière et spirituelle autour de sa préparation, – on pense, entre autres au bouddhisme zen et à la cérémonie du thé japonaise, à l’art chinois du gong fu cha puisant son inspiration dans le taoïsme, au rituel du thé à la menthe en Afrique du Nord ou au thé de quatre heures des Anglais où le partage tient la place principale –, il n’en demeure pas moins que l’art de préparer le thé à la maison peut prendre des allures toutes simples. Il ne faut surtout pas se sentir limité par notre manque de connaissances ou de pratique. Et d’ailleurs, rien ne nous empêche de créer notre propre rituel. Tout ce qui est nécessaire sera la pleine conscience et un esprit du sacré, nous plongeant ainsi totalement dans l’acte de préparer et déguster le thé. Peu importe la technique, peu importe le résultat, le thé sera apprécié avec le cœur, apprécié tel qu’il est. C’est l’essentiel de la voie du thé, le Cha Dao. Pour le zen, c’est le plus bel enseignement que puisse nous offrir le thé : « Ce qui est, est comme il est. »

Le thé a la capacité de nous calmer lorsque nous sommes agités et nous tonifier lorsque nous sommes accablés. En plus de nous servir de refuge lorsque les temps sont difficiles, une pièce consacrée au thé peut nous permettre de retrouver notre centre et nous inspirer. En souhaitant vous avoir donné l’envie de créer chez-vous un havre de paix où le thé éclairera votre quotidien par ses saveurs, arômes et vitalité!

Les oolongs, parfum des montagnes

C’est le matin, et la brume enveloppe toujours les versants boisés et abrupts de la montagne Ali Shan, à Taïwan. La route en lacets, étroite et surplombant des ravins vertigineux, nous fait grimper lentement à près de 2 000 mètres d’altitude. Plus l’ascension progresse, plus on aperçoit au loin, parmi la jungle de plus en plus éparse, quelques parcelles de théiers s’agrippant aux coteaux. Mais c’est l’enivrant parfum du oolong flottant dans l’air, avec ses arômes comme il n’en existe pas d’autres, qui nous guide assurément dans la bonne direction.

La famille des oolongs (ou wulongs) comprend plusieurs types de thés selon leur origine, leur variété botanique et leur méthode de fabrication. Quelques provinces de Chine ainsi que l’île de Taïwan se partagent à elles seules la quasi-totalité de la production de oolongs authentiques du monde entier. Offrant tantôt des arômes fleuris et végétaux, tantôt des notes boisées, fruitées ou encore caramélisées, ces thés semi-oxydés constituent toute la palette aromatique comprise entre les thés verts (thés non oxydés) et les thés noirs (thés complètement oxydés). Outre le taux d’oxydation oscillant généralement entre 10 % et 90 % selon les crus, s’ajoute parfois une cuisson plus ou moins intense qui en transforme alors les saveurs et les bienfaits. Ainsi, les possibilités de goût sont infinies.

L’air frais et pur des plus hautes montagnes où les conditions climatiques se prêtent à la production du thé offre les meilleurs crus de oolong. À plus de 1 000 mètres d’altitude, les plantations portant l’appellation gao shan cha (ou thé de haute montagne) sont un gage de qualité supplémentaire. C’est là que s’installent des artisans de thé passionnés. Les yeux brillants et le sourire aux lèvres, ils sont fiers de leurs créations.

À chaque saison, sur chaque versant, la météo parfois difficile des sommets pose son lot de défis et influence le goût du thé. Ainsi, dans une même région, chaque montagne donne au thé son goût caractéristique. Par exemple, à Taïwan, les thés produits sur Shan Lin Shi offrent souvent des notes d’ananas et de beurre de noix de coco, à Li Shan, de subtils arômes de pomme et de poire, à Cui Feng, des nuances parfumées de bois de rose et de chèvrefeuille. De quoi rivaliser en complexité avec les concepts de sommellerie et enthousiasmer l’amateur en quête de goûts uniques!

Outre les notions de terroir (sol, climat, exposition, etc.), ces influences s’expliqueraient aussi par certains facteurs environnementaux : les feuilles du théier possèdent cette capacité de s’imprégner des arômes environnants au jardin de thé où elles sont cultivées. Par exemple, en Chine, dans les montagnes jaunes (Huang Shan, Anhui), les orchidées sauvages confèrent au célèbre cru de thé vert Huang Shan Mao Feng des arômes floraux typiques pendant la saison de leur floraison. Au Yunnan, les arbres d’eucalyptus et camphriers des forêts donnent à certains thés Pu Er cultivés à proximité des notes médicinales rafraîchissantes. Il en est de même avec les oolongs des différentes régions de production. De plus, chaque montagne possède en quelque sorte sa propre énergie. Lorsque l’on visite ces lieux, on peut sentir la vitalité qui peut aussi influencer les thés qui y sont produits. Le Qi, l’énergie vitale, est très concentré dans les thés de qualité cultivés dans le respect de la nature. Certains endroits inspirent le calme pendant que d’autres sont plus sauvages et fougueux, ce qui est parfois ressenti, croyez-le ou non, lors de la dégustation du thé.

Si le thé en général se révèle souvent être un monde passionnant, les oolongs sont à eux seuls un véritable voyage. Je vous invite donc à vous envoler, grâce à leurs arômes et saveurs, vers les plus hauts sommets!

Thé et musique, un accord surprenant!

Certains le font déjà en dégustant un verre de vin ou simplement avec un bon repas : savourer le thé en utilisant la musique pour rehausser l’expérience, créer un état d’esprit d’appréciation supplémentaire par ce mariage des sens. N’est-il pas encore plus charmant de manger des mets indiens dans un restaurant où, en musique de fond, on entend la douce tonalité du sitar ou de l’harmonium?

Devant le rituel de la cérémonie du thé, aussi simple soit-elle, l’harmonie de chaque geste, que ce soit de déposer gracieusement les feuilles dans la théière, de verser l’eau en gestes précis ou de voir la couleur du thé apparaissant dans la clarté de la tasse, tous les sens sont suscités : vue, odorat, toucher, goût… et éventuellement l’ouïe qui y trouve doublement son compte avec la musique qui accompagne de telles dégustations de thé. La musique comme le thé sont un art de vivre qu’il faut aborder avec sincérité et ouverture, car ils nourrissent l’âme. Ensemble, ils sont encore plus inspirants.

Bien qu’il n’y ait pas de bonne ou de mauvaise musique comme telle pour accompagner le thé, il y a certains accords musicaux qui seront naturellement plus appropriés au moment de la dégustation selon votre état d’esprit, le moment du jour, la température ambiante, la luminosité, la présence d’invités ou la solitude et, bien sûr, selon le thé que vous aurez choisi de déguster. Il faut considérer l’ensemble des circonstances qui créent l’ambiance du moment, cela ne fera qu’amplifier la joie et la paix qui se dégageront de ce moment précieux autour du thé.

Voici quelques suggestions d’accords musicaux selon le type de thé :
Les thés blancs sont légers et inspirent la douceur. Ils sont aériens, délicats et peu stimulants. Ils évoquent aussi la fraîcheur par leurs arômes parfois fleuris ou mielleux, leurs notes de sève ou de fruits frais. Une musique douce telle que celle de la flûte tibétaine de Nawang Kechog, le son apaisant du Hang Drum ou encore les pièces les plus douces du compositeur Arvo Pärt telle que Spiegel im Spiegel peuvent tout à fait se prêter aux subtilités du thé blanc.

L’aspect végétal et savoureux des thés verts leur donne un effet tonifiant plein d’énergie et de fraîcheur. Leurs nuances aromatiques d’herbe coupée ou de verdures, de fruits ou de noix, de fleurs des champs ou d’algues fraîches évoquent la saison estivale et le beau temps. Le son de la flûte japonaise shukuhachi, associée au zen depuis des centenaires, se mariera à merveille avec ce type de thé. Dans un autre genre, la musique baroque telle que Les Quatre saisons de Vivaldi ou Les symphonies de Mozart conviendraient tout à fait aux thés verts.

Les thés les plus gastronomiques et complexes sont bel et bien les thés Oolongs. Leurs arômes innombrables varient entre les notes florales, fruitées, gourmandes, boisées, empyreumatiques, minérales et végétales. Le jazz doucereux de Jasmine de Keith Jarrett ou Take Five de Dave Brubeck, le folk de Xavier Rudd ou encore la musique méditative de la cithare Qin, instrument ancestral de la Chine ancienne, parviendraient à envelopper les arômes enivrants des Oolongs.

Les thés noirs et les thés Pu Er offrent des notes minérales profondes, parfois fruitées, maltées ou boisées, des saveurs rondes et pleines. Complètement oxydés, ces thés sont digestes et offrent une énergie enracinante. Les voix pénétrantes des Tibétains Lama Gyurme et Yungchen Lhamo, ainsi que la musique africaine pleine de soleil de Ayub Ogada et de Toumani Diabate amplifiera la profondeur de ces thés « du cœur ». Dans le même ordre d’idée, le son du didgeridoo et les ragas de Pandit Pran Nath les accompagneront à merveille.

En espérant que ces quelques suggestions vous inspireront et que vos dégustations en seront d’autant plus plaisantes!

Redécouvrir les bienfaits du thé noir

Avec l’engouement pour le thé vert et les nombreux bienfaits sur la santé que les récentes recherches lui ont attribué, les thés noirs ont malheureusement été délaissés par certains amateurs depuis les dernières années. En raison de leur couleur plutôt sombre, de leur goût parfois robuste ou peut-être simplement parce que certains d’entre eux vivent dans l’ombre des thés classiques en sachets, les thés noirs sont souvent jugés moins santé ou encore trop proches du café pour ce qui est des effets. Pourtant, dans le cas d’un thé noir de qualité, nous avons bien affaire à l’une des boissons les plus saines qui soient.

Il faut d’abord comprendre que ce qui distingue le thé noir des autres familles de thés (blanc, jaune, vert, oolong, Pu Er) relève principalement du processus d’oxydation quasi complet de ses feuilles au cours de sa transformation. A priori, il s’agit des feuilles d’une même plante, le théier, qui subiront un traitement différent. Au cours de sa production, après la cueillette, le flétrissage et le roulage de ses feuilles, l’oxydation intervient grâce à une enzyme (oxydase) naturellement contenue dans tous les thés. Au contact de l’air et dans certaines conditions (température et humidité contrôlées), la sève de la feuille s’oxyde graduellement comme dans le cas d’une pomme une fois croquée ou d’une feuille de basilic qu’on vient de froisser, donnant aux feuilles de thé noir une couleur allant du cuivré au noir d’encre, en passant par le rouge et le bronze, selon les crus. L’odeur et le goût de son infusion sont alors transformés : si un thé vert (thé non oxydé) révèle des notes herbacées et fraîches, le thé noir offre plutôt des notes fruitées, boisées, gourmandes et réconfortantes.

En ce qui a trait aux bienfaits, le thé noir offre la même gamme de vertus que les autres familles de thé : digestif, antioxydant, stimulant, diurétique, protecteur du cœur, etc. Si sa teneur en catéchines peut parfois être légèrement plus basse que celle du thé vert dû à l’oxydation, il n’en demeure pas moins que nous pouvons habituellement en consommer une plus grande quantité par jour, puisqu’il est plus digeste… ce qui revient donc à peu près au même si on prend plaisir à en boire quotidiennement quelques tasses. Et qu’en est-il de la caféine? Vous serez peut-être surpris d’apprendre que le thé noir et le thé vert contiennent environ le même taux de caféine. La différence qui se fait pourtant sentir se situe dans leur rapidité de relâchement de l’alcaloïde : dans le cas du thé noir, la caféine est ressentie plus rapidement, mais l’effet durera moins longtemps, entre 4 et 6 heures après l’ingestion, tandis que celle du thé vert sera plus douce au départ, mais pourra persister durant 8 à 10 heures.

Si vous avez envie de découvrir ou de redécouvrir les nombreux thés noirs et leurs profils aromatiques plus variés que ce qu’on peut s’imaginer, voici quelques suggestions, classées par terroir d’intérêt :

Darjeeling : Champagnes des thés noirs indiens, ils sont classiques dans leur style britannique, mais surprenants par leur finesse et par la complexité de leurs arômes aux notes souvent florales et fruitées.

Assam : Thés noirs indiens robustes et puissants pouvant soutenir le lait, si désiré. Ils sont la base des English Breakfast ainsi que des thés noirs aromatisés tels que les Earl Grey ou les Chaï.

Chine et Taiwan : Ils sont variés et surprenants, généralement moins caféinés. Selon les crus, leur palette aromatique peut présenter des notes rappelant le chocolat, le sucre roux, la terre humide, la rose, les fruits exotiques, etc.

En outre, tous ces thés noirs vous garderont bien au chaud tout au long de l’hiver. Je vous souhaite donc une savoureuse dégustation.

Le tulsi, une plante formidable

Il y a de ces plantes sur la planète qui ont une aura fantastique. Leur goût est délicieux, le bien-être qu’elles procurent est presque instantané et, surtout, notre santé globale s’améliore graduellement après les avoir consommées pendant un certain temps. Parmi ces quelques alliées végétales bénies se trouve le tulsi.

Originaire de l’Inde et consommé par l’homme depuis près de 5 000 ans pour ses nombreux bienfaits, le tulsi (Ocimum tenuiflorum ou Ocimum sanctum), aussi appelé « basilic sacré », est une plante de la famille des Lamiacées, donc cousine directe du basilic que nous utilisons en cuisine. Ses feuilles, tiges et fleurs sont surtout utilisées en infusion, bien qu’on puisse les consommer directement lorsqu’elles sont fraîches. Son goût est agréable et aromatique, sans amertume, aux notes rappelant le camphre, le laurier, le thym et le clou de girofle.

Vénéré autant dans les maisonnées que dans les temples, le tulsi qu’on surnomme en Inde « la reine des plantes » a des vertus précieuses et presque divines. L’ayurveda, méde­cine traditionnelle indienne, lui attribue d’ailleurs des bienfaits de taille : purifier, parfaire l’équilibre de l’organisme et prolonger la vie. De son pays d’origine, son utilisation s’est répandue rapidement en Égypte, en Grèce, en Rome antique, ainsi que dans toute l’Asie et même jusqu’en Europe du XVIIe siècle, tous considérant que cette plante avait une valeur inégalée. Dès lors, on lui a attribué des valeurs purificatrices, digestives, vitalisantes et apaisantes. En plus de la consommer en infusion, on l’utilisait même dans les embaumements pour ses principes antibactériens et ses principes de conservation. Aujourd’hui, bien qu’avec la science on arrive à isoler les composantes médicinales de cette plante, ce sont surtout les interactions entre les différents éléments que contient le tulsi qui créent un effet particulièrement miraculeux lors de sa consommation régulière. Parmi ces éléments, on retrouve les vitamines A et C, l’eugénol, l’acide ursolique, le camphre, des antioxydants, du calcium, du phosphore et divers minéraux et oligo-éléments.

Voici les principaux bienfaits quel’on attribue au tulsi :

• équilibre l’organisme et ses défenses immunitaires;
• purifie et détoxique;
• combat les troubles de digestion;
• a un effet antibactérien, antiviral, antiparasitaire et désinfectant;
• lutte contre les infections,notamment le rhume, la grippe et la toux;
• tonifie l’organisme sans créer de surexcitation ou d’irritabilité;
• a un effet anti-inflammatoire,antidouleur et antinévralgique;
• contribue à réparer et à modérer les troubles allergiques;
• protège le système cardiovasculaire et stabilise la tension artérielle;
• combat les effets du diabète et stabilise la glycémie;
• agit sur le vieillissement et améliore la longévité;
• est un antioxydant majeur;
• lutte contre les maladies neurodégénératives;
• apaise l’esprit, est antistress et antidépressif;
• améliore la qualité du sommeil.

Les contre-indications du tulsi touchent principalement les femmes enceintes, qui ne devraient pas en consommer, et les personnes souffrant de diabète. En raison de la chute de la glycémie que cause le tulsi, celui-ci peut créer une perturbation lors de traitements éventuels à l’insuline.

Quant au dosage, il faut consommer l’infusion en quantité modérée, c’est-à-dire tout au plus quelques tasses par jour. Comme pour tous les produits de phytothérapie, il faut rester à l’écoute de son corps lors de la prise d’un nouveau remède et en ajuster la quantité en fonction des effets ressentis.

Le « basilic sacré » est une plante formidable et hors du commun. Ses multiples bienfaits ont une grande valeur pour la santé globale. Je vous invite donc à découvrir cette nouvelle et précieuse alliée.

Des infusions pour se garder bien au chaud

Avec l’arrivée du temps froid, on sait qu’une infusion bien chaude nous réchauffe le corps et l’esprit. Entou­rer la tasse chaude de ses mains, prendre de petites gorgées et sentir la chaleur descendre en nous est plus qu’un rituel; c’est un véritable réconfort. Toutefois, si une tisane de qua­lité ou un bon thé vous procure cet effet le temps que vous le dégustez, certains thés seront particulièrement efficaces pour vous réchauffer de façon prolongée en équilibrant votre énergie vitale, vos organes et votre circulation sanguine, favorisant ainsi la diffusion de la chaleur dans votre corps. Voici donc deux types de thés : les Pu Er et les Oolongs des monts Wuyi, de précieux alliés tout au long de la saison froide.

Thés Pu Er
Les membres de la famille des Pu Er (prononcé Pu-erh) sont des thés bien particuliers du fait qu’ils sont fermen­tés. Produites au Yunnan, dans le sud de la Chine, leurs feuilles sombres à l’odeur de sous-bois et de terre sont souvent présentées en vrac ou en version compressées en galettes, en briques ou en nids d’oiseau (tuo cha). Millésimés, ces thés ont même la capacité de vieillir et de se bonifier pendant des décennies. À maturité, leur infusion de couleur rouge-brun, presque noire, possède une saveur douce et apaisante, sans amertume, aux arômes évoquant tantôt la terre humide et les champignons forestiers, tantôt le vieux meuble de bois ou le cuir. Si leur caractère gustatif peut parfois sembler surprenant, leurs innombrables bienfaits sur la santé sont reconnus depuis des siècles par la médecine traditionnelle chinoise. Parmi ses vertus principales, le Pu Er peut favoriser la circulation sanguine, prévenir les maladies cardiovasculaires, réduire le taux de mauvais cholestérol, aider la digestion en général et, surtout, brûler les graisses superflues en cas d’abus de nourriture trop riche et faire mincir, contrer l’intoxication alimentaire et l’indigestion, soulager les symptômes de la gueule de bois, équilibrer le Qi (l’énergie vitale) dans tout le corps. On saura apprécier son aide toute l’année, mais encore davan­tage durant l’hiver, lorsque nous sommes généralement moins actifs et mangeons des aliments riches qui demandent une élimination plus intense (surtout durant le temps des Fêtes!). En équilibrant ainsi l’organisme, une bonne tasse de Pu Er nous procure presque instantanément une agréable sensation de réconfort et de bien-être.

Oolongs des monts Wuyi (Yan cha, thés de rochers)
Selon la médecine chinoise, ces thés sont de véritables chaufferettes pour nos organes digestifs. En procurant­ une chaleur sèche au foie et à la rate (qui sont trop souvent froids et humides en hiver), ces thés améliorent le feu digestif, et la circulation sanguine amène la chaleur aux extrémités. Produites au Fujian, au cœur d’une chaîne de montagnes rocheuses, puis torréfiées au charbon, les feuilles de ces types de thé sont aromatiques et donnent une délicieuse infusion de couleur ambrée aux notes rappelant les fruits rouges en confiture, les fruits secs, les fleurs, le caramel, le café, la noisette grillée, les épices douces, etc. Peu caféinés et réconfortants, ces thés sont de bons compagnons de soirées hivernales où il fait bon cocooner. En voici quelques-uns : Da Hong Pao, Rou Gui, Qi Lan, Qi Zhong, Shui Xian, Tie Luo Han, Yan Ru.

Autres suggestions d’infusion pour l’hiver : le Chaï (thé aux épices), les thés noirs en général, le Houjicha (thé vert japonais grillé), la chicorée rôtie, le gingembre, le tulsi (basilic sacré), le rooibos.

Thé et Qi, source d’énergie vitale

Depuis quelques années, nous entendons de plus en plus parler du Qi, l’énergie vitale, notamment grâce aux pratiques du Qi Gong et du Tai Chi qui gagnent en popularité en tant qu’exercices holistiques de grande valeur tant pour notre corps que pour notre esprit. Ces techniques se fondent sur une véritable science remontant à l’époque de la Chine ancienne, où un grand nombre de maîtres taoïstes cherchaient sans relâche la voie de la perfection. Ils nous apprennent que le Qi (aussi appelé traditionnellement prana en Inde), source de toute vie sur Terre et dans l’Univers, se trouve en chaque chose, en nous comme dans la nature, dans les aliments que nous ingérons et même dans les objets qui nous semblent inanimés ainsi que dans nos actes et dans nos pensées. Plus nous accumulons de Qi et le moins nous en perdons, meilleure sera notre santé globale, tant physique que psychique, pour mieux trouver l’équilibre parfait dans notre vie.

Ces sages taoïstes ont découvert que certains ingrédients contiennent une concentration élevée de Qi et sont particulièrement recommandés afin de parfaire l’équilibre énergétique pour vivre une vie longue et saine. Parmi ces aliments, il y a le thé, qu’ils qualifient de « boisson de l’immortalité ». Le théier aurait notamment la capacité d’accumuler le Qi de la nature avoisinant le jardin ou la plantation où il croît. Une fois cueillies, manipulées, puis séchées, ses feuilles conserveraient cette énergie bienfaisante. Une fois les feuilles infusées, leur liqueur nous transmettrait cette vitalité, en plus de faire circuler l’énergie que nous avions déjà. Boire du bon thé aurait donc la faculté de nous transmettre beaucoup de Qi.

Évidemment, ces sages de la Chine antique connurent le thé uniquement sous sa forme la plus pure, des feuilles provenant de théiers poussant à l’état sauvage, vivant en pleine symbiose avec la nature environnante. On est bien loin du thé industriel, cultivé dans de grandes planta­tions et parfumé aux arômes de caramel ou de citron! À notre époque où le thé est un produit santé qui a « le dos large », il sera important pour l’amateur qui s’intéresse à ses vertus de se tourner vers des thés plus artisanaux et qui ont été cultivés dans les conditions les plus naturelles possibles. Dans ce sens, ceux qui désirent bénéficier du Qi que le thé peut leur transmettre s’orienteront plus particulièrement vers des thés issus de théiers sauvages, de vieux théiers qui ont été cultivés écologiquement, sans l’usage de produits de synthèse. On dira même que plus les acteurs qui ont participé à sa production et à son commerce (producteurs, artisans, distributeurs, puis commerçants) étaient remplis de bonnes intentions (c’est-à-dire qu’ils étaient animés plus par leur passion et par leur esprit de partage­ que par le mercantilisme et par l’ambition), plus le thé aura de Qi! Toujours est-il que ce sont les vieux Pu’Er et autres thés issus de théiers sauvages ou semi-sauvages, dont certains thés verts, Oolong et noirs bien spéciaux, qui sont reconnus pour avoir la plus grande concen­tration de Qi.

Dans cet ordre d’idées, des amateurs s’adonnent à la pratique du Cha Dao, la voie du Thé. Ils dégustent le thé d’une manière introspective, en méditation, avec ou sans rituel particulier. En s’intériorisant, ils appré­cient les sensations subtiles que leur apporte le thé qu’ils dégustent. Le Qi peut alors être perçu comme une douce énergie vibrante, telle une brise vivifiante qui s’élève en soi et qui peut facilement être confondue avec la stimulation que procure la caféine, pourtant tout à fait différente en effets. Il en résulte plutôt un bien-être palpable, un réchauffement dans tout le corps, une clarté de l’esprit et un calme profond. Le Qi, on n’en a jamais trop!

Faire ses propres tisanes fraîches, rien de plus simple!

Avec le printemps qui approche à grands pas, nombreux sont ceux qui ont commencé à planifier leur jardin potager et à acheter des semences, s’ils n’ont pas déjà démarré leurs semis à la maison. On pense géné­ralement aux légumes et aux fleurs, parfois à certaines plantes condimentaires, mais qu’en est-il des plantes médicinales? Souvent oubliées à notre époque, ces plantes furent pourtant pendant des siècles parmi les plus importantes du potager, plantes salvatrices côtoyant plantes nourricières, main dans la main pour la plus grande santé de l’homme.

Pendant la belle saison, n’aimeriez-vous pas avoir la chance de simplement parcourir vos plates-bandes afin d’y cueillir quelques feuilles ou fleurs fraîches et d’en faire immédia­tement une bonne tisane pleine de vitalité, à la fraîcheur inégalée, bio et plus que locale? Loin d’être un projet irréaliste, et peut-être même en incluant quelques plantes que vous avez déjà dans votre jardin, il est facile de planifier d’inclure dans votre aménagement quelques plantes médicinales, tant pratiques que délicieuses, que vous pourrez dégus­ter en infusion tout l’été durant.

Qu’elles soient regroupées (dans une même plate-bande, une roue de médecine ou une autre section bien à elles) ou mélangées aux autres plantes du jardin (les plantes médi­cinales font d’ailleurs très bon compagnonnage avec les légumes et les fruits du potager et sont de merveilleuses plantes « bouche-trou » pour compléter un rang ou mettre dans un coin oublié…), elles doivent être faciles d’accès pour leur récolte au fil de la saison. Souvent une ou deux plantes de chaque variété est suffi­sante pour la consommation courante d’une maisonnée, à moins qu’il ne s’agisse d’une plante qu’on ne se lasse pas de boire au quotidien! De plus, ces plantes seront faciles à cultiver, sans besoins particuliers, mis à part un bon sol et un peu d’amour. On pourra souvent trouver au centre-jardin des petits plants prêts pour la plantation ou encore, pour ceux qui veulent bien se donner la peine de faire leur propre semis, un grand choix de graines chez les semenciers spécialisés (pour de bonnes référen­ces n’hésitez pas à me contacter).

Voici quelques exemples de plantes dont l’infusion sera agréable et que je vous conseille particulièrement de garder à portée de main en les cultivant chez vous :

Simplement pour le plaisir et la détente : basilic thaï, verveine citronnée, lavande, menthe douce, stevia

Pour une meilleure digestion : fenouil, hysope à l’anis, mélisse, menthe poivrée, gingembre

Pour maman et bébé : camomille, cataire, bourrache

Pour bien dormir : camomille, scutellaire, lavande

Comme petit coup de pouce au système immunitaire : thym, romarin, sureau, tulsi

En cas de coupure, de brûlure, de piqûre d’insecte : plantain, calendule

Pour contrer les vagues de chaleur de la ménopause : sauge

Pour réduire les migraines : grande camomille

Sans oublier ces grandes alliées de tous les jours, mais en prenant soin de les garder loin du potager pour ne pas s’y piquer les doigts (et se faire envahir) : ortie et framboisier (feuilles)…

En espérant vous avoir donné l’envie et la motivation de tenir votre petit lot de plantes médicinales à la maison et, surtout, de faire vos propres tisanes maison. Aussi délicieuses et bienfaisantes que soient ces cadeaux de la nature, les voir pousser en les cultivant soi-même permet de les apprécier encore plus!