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Le hasard n’existe pas

Le rythme imposé par la société actuelle est une course en avant, une course contre le temps. Nous vivons à une très grande vitesse, le stress étant le résultat. Il est difficile d’aller à l’encontre d’une façon de vivre, d’une façon de penser, dictée par l’uniformité collective. Pourquoi diminuer le tempo? Peut-être souhaitons-nous vivre autrement! Peut-être voulons-nous être le maître de notre vie!

Le début de l’automne, après les sorties estivales et les vacances d’été, arrive à bon point. Cette saison nous invite à rentrer chez soi, à retrouver l’équilibre et l’harmonie. C’est une période pour prendre du recul, y voir un peu plus clair, se questionner, apprécier. Bien qu’on ait l’impression d’avoir profité au maximum de l’été, il est bien de faire un léger bilan et ainsi prendre conscience de ce qui reste de solide et de durable en soi. Non dans le but de nous culpabiliser ou de rejeter quoi que ce soit, mais simplement pour tirer des compréhensions des expériences vécues. Faire un tri entre ce qui est bien ou inutile. Réaliser, d’après notre ressourcement ou notre fatigue, si l’on a agi de façon juste.

L’automne nous éveille aussi à la remise en question, à faire quelque chose de différent, à mettre en place un but qui nous tient à cœur, développer une qualité, manifester un nouveau comportement, transformer un défaut. Ce retour vers une valeur éternelle maintient la porte du cœur ouverte.

Quel est l’intérêt de tout cela? Peut-être est-ce par amour… L’amour, ce grand idéal que nous voulons tous atteindre et partager avec les autres. L’amour que l’on veut connaître, ressentir, donner. L’amour qui est chanté, qui donne des ailes, qui nous élève. Cet amour vrai et pur n’est pas inné, Il faut faire des efforts pour le chercher en soi, le cultiver et l’amener dans le monde. Il demande de maîtriser des élans de colère ou des émotions négatives, de se tourner la langue avant de parler, d’accepter la différence de l’autre, de faire taire la critique qui monte en nous. Il demande de sacrifier des parts d’égoïsme pour penser un petit peu à l’autre.

C’est donc par amour que nous allons nous transformer et donner le meilleur de ce que l’on est, de ce que l’on porte. La vie, avec les aventures qu’elle place sur notre route, défis, rencontres, conflits, a toujours ce but-là en tête. Prendre conscience de cette notion est une source d’espérance et donne un sens à ce que nous vivons. Notre regard sur le monde change. Nous ne sommes pas sur la terre sans raison.

Oser être soi dans la communauté prend alors une toute autre tournure. Le hasard n’existe pas. Le secteur, l’immeuble, les commerces qui forment cette communauté et dont nous faisons partie, ont leur raison d’être. Notre intérêt s’éveille et nous reconnaissons que nous pouvons y avoir une certaine influence par un comportement différent, plus ouvert envers ces gens qui logent à la même enseigne que nous ou qui y travaillent.

Nous pouvons donner un peu de nous-même parce que nous sommes présents dans nos actions, plus à l’écoute. On n’a pas besoin de faire de grandes choses. L’état d’esprit que nous véhiculons, notre gratitude contribuent au bien-être de la communauté, Nous pouvons en plus nous impliquer et mettre nos compétences au service d’une cause qui nous tient à cœur si nous souhaitons faire un peu plus. Ce sont ces forces réunies qui ont un impact.

Le cheminement humain est ainsi fait pour progresser, s’améliorer, donner. Défi, victoire, accalmie. Combat pour garder notre esprit ouvert, clair, émerveillé. Combat pour se garder droit intérieurement et ainsi faire preuve d’endurance face aux aléas de la vie. Combat pour faire des choix et les maintenir. Combat pour s’intéresser aux autres. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, comme on aimerait parfois, Peut-être serions-nous alors dans l’ennui et la torpeur…

Au fil du temps, cette vérité nous habite. Nous savons que les hauts et les bas font partie de l’évolution. Nous reconnaissons la sagesse de l’univers à l’œuvre derrière les événements qui jalonnent notre vie. Cette certitude acquise qu’il n’y a rien pour rien, prend racine en nous. Nous nous sentons responsables de ce qui nous arrive. Le jeu de la vie commence. Notre cœur s’ouvre à la beauté qui existe dans le monde. Nous nous sentons à notre place, parce que nous avons joué notre rôle.

Je re-traite ma vie et vous?

La retraite! Les voyages! Le temps de vivre! Se permettre de se laisser séduire par du travail à mi-temps, selon notre disponibilité, selon notre horaire, selon notre goût… Quelle belle étape de vie, bien méritée! Voilà où j’en suis rendue, comme plusieurs d’entre vous. Et il y a eu ce jour, ce jour où j’ai été curieuse, intriguée, sensibilisée à une autre vie, celle de la pauvreté, la vraie, la dure réalité de peuples plus marqués que nous. Étais-je égoïste dans le passé? Je sais qu’il y a pire que moi, pire que nous, ailleurs, cet ailleurs bien loin de ma réalité, de notre Québec, de notre hiver froid. Oui, il y a pire qu’ici et je ne voulais pas le voir avant aujourd’hui! La carrière occupait toute la pensée, tous les instants de réflexion, ça roulait vite et puis les jours filaient, les soirées et les nuits défilaient et les lendemains revenaient sans cesse jusqu’au jour où j’ai décidé d’aller voir les autres. Comme infirmière de profession j’ai côtoyé la douleur des autres, comme enseignante j’ai accompagné la peur des échecs et maintenant comme re-traitée je désire vivre l’autre réalité et tenter de m’adapter à ce nouveau rythme de vie, ce nouveau décor quotidien, cette nouvelle manière d’aborder la vie comme elle se vit, à chaque jour, à chaque seconde dans un autre pays. Ce sera un grand défi, peut-être le plus difficile à vivre pour moi. Je n’en sais rien encore! Je verrai! Je pars et tenterai d’être avec le peuple du Honduras pendant 2 mois. C’est un vieux rêve de jeunesse qui renaît; la solidarité internationale. L’organisme non gouvernemental (ONG) Mer et Monde offre aux 50 ans et plus cette orientation de vie, ce stage de 2 mois pour « être avec » le peuple démuni en argent mais riche en vécu et en courage. Je fais confiance à cet organisme qui œuvre depuis 25 ans pour la collaboration internationale. Je dois apprendre l’espagnol pour communiquer avec les gens, un noble but d’apprentissage. J’entends la critique! Oui, je l’entends déjà! Pourquoi aller si loin quand il y a tant de pauvres ici, au Québec? Mer et Monde offre l’aide à nos personnes fragilisées par la vie, ici au Québec, vous le saviez? Le centre Berthe Rousseau, vous connaissez? Une ferme écologique accessible pour nos gens fragiles. Contribuer à Mer et Monde, c’est aider notre peuple mais c’est aussi ouvrir nos horizons aux autres peuples. Je partirai 2 mois et je tenterai de communiquer à chaque semaine avec tous ceux et celles qui voudront s’informer de mon cheminement personnel sur mon blog dont voici l’adresse : http://carolecharlebois.blogspot.com/. Si toutefois vous n’utilisez pas l’internet comme outil de lecture, vous pourrez lire dans la prochaine parution de cette revue Cheminement, un article sur mon arrivée et quelques réflexions personnelles sur la vie aux approches de Noël et ensuite à mon retour, un autre article sur les répercussions de cette aventure dans ma vie quotidienne.

Je remercie la revue Cheminement pour cette belle occasion de sensibiliser d’autres gens comme moi à la solidarité internationale.

Le bonheur

Et si nous prenions le temps de réfléchir un peu sur la vie avant qu’elle ne s’envole…

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de meilleur moment pour être heureux que le moment présent. Si vous n’êtes pas heureux maintenant, quand le serez-vous? La vie sera toujours pleine de défis à relever et de projets à terminer. Il est préférable de l’admettre et de décider d’être heureux de toute façon. Un jour, Alfred D. Souza a dit : Pendant longtemps, j’ai pensé que ma vie allait enfin commencer. La VRAIE vie! Mais il y avait toujours un obstacle sur le chemin, quelque chose qu’il fallait résoudre en premier, un thème non terminé, un temps à passer, une dette à payer. Et alors, là, la vie allait commencer! Jusqu’à ce que je me rende compte que les obstacles étaient justement MA VIE! Cette perspective m’a aidé à comprendre qu’il n’y a pas de chemin qui mène au bonheur. Le bonheur EST le chemin. Ainsi, amasse chaque moment que tu as, et, plus encore, partage ce moment avec quelqu’un de spécial, suffisamment spécial pour partager ton temps, et rappelle-toi que le temps n’attend pas. Alors arrête d’attendre de terminer l’école, qu’on augmente ton salaire, de perdre dix livres, de te marier, d’avoir des enfants, que tes enfants partent de la maison ou, simplement, que ce soit vendredi soir, ou dimanche matin, qu’arrive le printemps, l’été, l’automne ou l’hiver, ou encore de mourir… pour décider qu’il n’y a pas de meilleur moment que maintenant pour être heureux. Le bonheur est une trajectoire et non une destination.

Auteur inconnu

Choisir le bonheur

Le bonheur, c’est savoir ce que l’on veut et le vouloir passionnément. F. Marceau

Les gens heureux sont des gens actifs. Ils ont des projets, des buts, des idéaux. Ils ont une vision de ce qu’ils veulent accomplir et consacrent du temps à réaliser concrètement cette vision aussi humble et quotidienne qu’elle soit.

Combien de personnes âgées avons-nous vu lutter contre la mort parce qu’elles avaient tel projet à finir ou parce qu’elles ne voulaient pas mourir avant d’avoir vu leur futur petit-enfant, une telle se marier, etc. Non seulement nos projets nous tiennent en vie, mais ils sont liés de façon très proche à notre bonheur. C’est pourquoi il est important de se créer des buts personnels, professionnels, sociaux et spirituels.

Je me souviens d’un emploi de jeunesse. Nous enveloppions des paquets pour la distribution. Un emploi assez ennuyeux et répétitif en soi. Nous étions jumelés par équipe de deux. L’autre équipe accomplissait son travail d’un air blasé en se traînant les pieds et trouvait la vie « plate ». Moi et mon associé cherchions des moyens d’aller plus vite, de faire le moins de mouvements inutiles possible en plaçant les choses différemment, en changeant une séquence, en répartissant les mouvements autrement. Nous nous minutions et nous criions victoire chaque fois que nous améliorions notre temps. Nous étions stimulés, heureux, rieurs et en éveil. Nous avons réussi à doubler notre production, ce qui était en soi peu important puisque nous étions payés à l’heure, mais je n’ai jamais oublié l’excitation d’affronter un défi avec un cœur léger et un engagement total.

Il est important de se fixer des buts, d’avoir une vision de ce qu’on veut être, faire et avoir. Il est aussi important de mettre cette vision en action, de la maintenir réelle et présente par des petits gestes. La différence entre une vision et une illusion, c’est l’action. Les grands rêves qui ne sont pas accompagnés d’actions dans la même direction ne sont que des histoires que l’on se raconte pour passer le temps. C’est Mireille et Fernand Dansereau qui me donnèrent un jour ce conseil : « Fais chaque jour quelque chose pour ton amour ». Si par exemple, tu désires aller en Italie, apprends un mot d’italien ou, lis un article sur le sujet ou, mets quelques sous de côté spécialement pour le voyage. Ce n’est pas obligé d’être beaucoup, ce qui est important, c’est que cette action va maintenir ton rêve vivant et lui donner une réalité qui l’amènera à s’accomplir. En bougeant vers ton objectif, tu rends ton objectif important.

Les gens heureux sont en action. Ils savent qu’ils font une différence, si petite soit-elle. Chacun de nos gestes, chacune de nos pensées ont des conséquences sur nous-même et sur les autres.

J’aime beaucoup cette histoire du petit garçon qui remettait à l’eau les étoiles de mer échouées par la marée. Un plus vieux lui dit : « À quoi ça sert? Il y en a des milliers comme celle-là et ton geste ne compte pas ». Le petit réfléchit un peu et continue doucement son travail en disant : « Pour celle-là, ça compte ».

Ce que nous faisons et ce que nous pensons est important. Parfois le contenu ne l’est pas, mais l’esprit avec lequel nous le faisons est super important. Gandhi disait : « Ce que nous faisons n’est pas important, mais il est important que nous le fassions ». Chaque geste, chaque pensée d’amour a un effet transformateur.

Durant la tempête de verglas, en panne d’électricité, je décide donc d’aller déjeuner chez Burger King. Il y a foule, tout le monde étant dans la même situation, et le serveur est débordé. Quand il me sert, il a l’air exténué, mais radieux. Je lui dis : « Vous devez être fatigué avec tout ce monde! ». Il me répond avec un grand sourire : « Non, en servant à manger à ceux qui n’ont pas d’électricité, j’ai l’impression de faire ma part et d’aider. Je n’ai jamais autant aimé travailler ».

Ce sentiment de participer à une cause qui nous dépasse et nous transcende augmente notre énergie et notre plaisir à faire quoi que ce soit. Tous nous désirons et aimons sentir que nous aidons, que nous sommes utiles. Quand nous perdons notre connexion à cette vision, notre tâche se fait plus lourde et perd tout son sens. Nous devenons des robots accomplissant des gestes obligés, répétitifs et banals. Nous perdons notre sens.

Trois maçons posent de briques. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils font, le premier dit : « Vous voyez bien, je mets une brique puis du mortier, une brique puis du mortier, une brique puis du mortier ». Le second dit : « Je gagne de l’argent pour nous nourrir moi, ma femme et mes enfants ». Le troisième dit : « Je participe à construire une belle maison dans laquelle des gens seront bien et en sécurité ». Lorsque je demande aux participants lequel des trois est le plus heureux d’après eux, je n’ai jamais entendu personne répondre : « le premier ».

Beaucoup d’entre nous s’empêchent d’agir parce qu’ils ont peur. Peur de se tromper, peur de ne pas savoir, d’échouer, d’être jugé. Le fait même d’avoir une vision de soi en train de réussir quelque chose nous donne de l’énergie pour passer à travers nos peurs et dépasser nos limites. Nos rêves, nos passions nous donnent des ailes et le courage de passer à travers les obstacles. Il s’agit de centrer son attention, de focusser non pas sur les obstacles, mais sur une vision très claire de ce que l’on veut accomplir. Nourrir sa vision avec des gestes, mais aussi avec des images, des écrits, des visualisations qui l’énergisent et la précisent. Il n’y a pas de réalisation sans cette vision, sans action et sans acceptation des risques inhérents à toute entreprise.

Une autre condition pour que notre vision nous apporte du bonheur est de se battre « pour » et non se battre « contre ». Lorsque je me bats contre quelque chose, par exemple « contre la violence », je vis souvent de la frustration, de la colère et des défaites parce que la violence continue malgré mes efforts et je deviens moi-même agressive face à ceux qui sont violents. Mais si je me bats « pour », chaque petit progrès est une victoire. Par exemple, si je me bats pour la tolérance, pour l’aide aux victimes de violence, pour la compassion et le changement de la société, chaque geste que je fais me rapproche de mon idéal, me donne la joie et un sentiment de victoire, Il est donc important de bien clarifier et de bien cibler ses visions.

Soyez visionnaire (oui, oui, vous, pas un autre), soyez créateur, permettez-vous de faire ce qui vous plaît, consacrez-vous à des causes qui vous tiennent à cœur, voyez-vous comme un être en cheminement perpétuel et vous serez en bonne voie sur le chemin du bonheur.

Je vous soumets donc mes petits conseils pour développer la troisième condition du bonheur : avoir une vision réaliste.

  1. Ayez des buts, des projets sur le plan de l’être, du faire, de l’avoir.
  2. Bougez physiquement et psychologiquement pour atteindre ces objectifs.
  3. « Faites chaque jour quelque chose pour votre amour ». Cultivez vos rêves en agissant pour les réaliser.
  4. Prenez des risques, mettez-vous au défi, dépassez vos peurs, expérimentez, apprenez sans cesse.
  5. Prenez conscience que vous travaillez à un idéal qui vous dépasse et vous transcende.
  6. Osez faire ce qui vous plaît et prenez du temps pour réaliser vos rêves.
  7. Soyez créateur dans tous les domaines. Ne vous laissez pas dévorer par la routine.
  8. Ayez des « passions », nourrissez-les et osez agir face à ces passions (recherchez votre passion et non votre pension).
  9. Faites-vous confiance et passez à l’action.
  10. Battez-vous pour ce que vous voulez réaliser et non contre ceux qui n’adhèrent pas à votre idéal.

Guérir autrement

Depuis quelques années, la passion de la psychothérapie s’est emparée de moi.  Récemment, je découvrais le théâtre authentique, développé par Sarah Serievic.  Selon elle, les maladies ont souvent comme origine la dégradation de la joie.  Le théâtre authentique (un dérivé de l’art-thérapie) est une approche originale et même plaisante pour guérir les blessures subies durant l’enfance et, par conséquent, nous aider à retrouver notre joie intérieure.  Après avoir lu son livre Passage à l’acte de vie, j’ai eu l’irrésistible désir de lui téléphoner (en France).  Voici un extrait de mon entrevue avec elle.

Le théâtre thérapeutique de Sarah Serievic

Jouer la comédie peut-il être thérapeutique?  Oui, répond Sarah Serievic, comédienne et thérapeute, en prenant conscience que tous les personnages, tous les sentiments universels sont en nous.  Découverte d’un travail initiatique.

GP : Comment êtes-vous venue au théâtre puis au théâtre thérapeutique que vous appelez théâtre authentique?

SS : Très tôt dans mon enfance, j’ai eu à vivre des expériences difficiles liées à la violence et à la négation de ma personnalité.  Un jour, je me suis réveillée avec une paralysie faciale.  J’étais monstrueuse, la bouche de travers, l’œil droit nettement plus haut que l’autre, la joue complètement remontée vers le haut.  Ce visage-là était l’expression de tout ce que je n’avais pas exprimé qui s’était imprégné en moi, l’expression de ma propre violence refoulée que j’avais retournée contre moi-même.  Alors que j’avais été jugée irrécupérable par la médecine, la rage de vivre s’est imposée à moi et avec elle une force très puissante qui m’a poussée vers un premier défi : guérir, puis vers un second défi : être reconnue dans le désir que je portais depuis toujours en moi : parler les mots que je n’avais pas pu dire, et monter sur une scène pour être entendue.  Guérie physiquement, je me suis présentée au concours du Conservatoire de Paris, un peu en dilettante, sans vraiment y croire moi-même… j’ai été reçue première sur 800 candidats, et le soir même j’étais engagée pour jouer dans un théâtre parisien.

GP : Le théâtre vous a certes permis de vous ouvrir, mais comment vous a-t-il aidé à mieux vous connaître?

SS : Je parlais les mots des auteurs que j’interprétais, mais toujours pas les miens.  Finalement, plus j’étais sous la lumière des projecteurs, plus j’étais dans l’ombre de moi-même.  Je faisais du théâtre depuis dix ans et j’endossais de fausses identités derrière un vide, car toutes les émotions essentielles de ma vie étaient toujours consciencieusement refoulées.  Il m’a fallu dix ans d’analyse jungienne et de travail corporel pour ramener à la conscience ce qui m’empêchait d’exister : j’étais cachée derrière les personnages que j’incarnais.  La profession d’acteur est périlleuse pour ceux dont la structure personnelle est fragile.  Ce travail jungien a été très important et j’ai senti naître la lumière qui était en moi.  Non plus celle des projecteurs, mais bien la mienne!  Puis, j’ai rencontré et travaillé pendant quatre ans avec le professeur Anne Ancelin Schutzenberger sur le psychodrame.  J’ai appris à me mettre en scène moi-même et à travailler mes émotions par la parole, associées au mouvement du corps.  La boucle se bouclait avec un sens profond : j’allais à mon tour retourner le projecteur sur les autres pour leur renvoyer l’image de leur profondeur.  J’avais trouvé le sens de la vocation qui m’anime aujourd’hui.

GP : Vous avez arrêté le théâtre et vous êtes alors devenue thérapeute.

SS : Je n’ai pas arrêté le théâtre, je l’ai prolongé en commuant mon parcours de vie : on m’a un jour proposé de travailler avec des enfants; je les aidais à enlever les masques et les faux-semblants.  Puis, le père d’un de ces enfants m’a demandé de penser au même travail avec… des conseillers financiers!  J’avais très peur, mais ce nouveau défi m’a vraiment motivée : j’ai accepté ce pari un peu fou.   Voilà plusieurs années que cela dure.

GP : Quel est précisément ce travail que vous proposez, surtout en entreprise ou en groupe et moins fréquemment avec des particuliers?

SS : Par l’éducation, notre milieu social ou à l’école, on nous impose très tôt des masques : dire bonjour à la dame, sourire à ceux qui nous déplaisent, cacher nos souffrances ou nos blessures, ne pas rire trop fort pour ne pas déranger, sourire pour la photo… mourir à notre dynamique intérieure.

Je propose de vivre le contraire.

Plus de masque, de costume, de rôle, et une parole libre dans un espace de liberté.  J’amène à retrouver l’enfant intérieur que nous portons tous en nous et qui, par jeu, dialogue avec papa, maman, l’autorité… pour lui dire tout ce qu’il a sur le cœur.  Quand une petite fille parle à sa poupée et dit : ça, c’est maman, elle vit un acte symbolique qui lui permet ensuite de passer à autre chose.  Ainsi, quand maman sera devant elle, la petite fille pourra dire son sentiment clairement, sans défouler ni refouler.  Mes stages proposent de retrouver l’état d’enfant, l’élan authentique, par la mise en scène de situations de frustration.  Ainsi, on peut démonter l’image, puis la reconstruire et la réinventer avec d’autres comportements, d’autres mots, d’autres gestes…ou, pourquoi pas, les mêmes, mais dans un ordre différent.  Il n’y a pas de lieu dans la vie qui propose cette démarche.

Cette distanciation permet à chacun de devenir l’avocat de lui-même, de prendre conscience de ses propres réponses, celles qu’il porte en lui, pour sa propre évolution.  Avec une situation bloquée, on peut aller jusqu’à la caricature, faire ressortir un détail qui entrave la communication, puis on peut l’extrapoler jusqu’au rire.  Dans ce cadre-là, la démesure est thérapeutique.

GP : Le théâtre authentique n’est-il pas un peu trop intellectuel?

SS : Non, durant une séance, nous nous adressons à la totalité de ce qui compose l’humain.  L’énergie remuée et dynamisée descend dans la conscience corporelle, le mouvement s’incarne dans toute la personne pour aller vers une fonction de réparation unificatrice.  On ne change pas le passé, mais on peut changer l’incidence qu’il a sur le présent, en passant par la répétition symbolique.  Au cours du processus de ce jeu, apparaît un sens sur ce qui semblait ne pas en avoir : « trouver une réponse nouvelle à une situation ancienne », résumait Moréno, l’instigateur du psychodrame.  De ce point de vue, le théâtre thérapeutique et encore plus le théâtre authentique est la forme suprême de théâtre, c’est un art tout autant qu’une science.  Par cette reconversion du passé, on donne du sens au présent qui, alors, devient sacré.  Pour moi, seul le présent est sacré.  Dans ce domaine, nous sommes tous les apprentis sur un chemin initiatique.  Personne n’est achevé, nous sommes tous perfectibles : j’y vois là la plus haute expression de la liberté humaine.

Le tour du monde pour les enfants différents

Je me souviens du jour où l’on m’avait fait lire le poème « Bienvenue en Hollande », cette métaphore qui m’avait tant fait pleurer.  Mon projet de voyage dans la maternité serait à tout jamais différent de bien des parents.  Les mots autisme, déficience intellectuelle, dysphasie, dyspraxie résonnaient en moi.  Le deuil de l’enfant parfait avait creusé en moi un puits de tristesse, c’était devenu ma réalité et ce n’est que dans les yeux lumineux et joyeux de ma petite que j’ai trouvé la force de continuer de croire en un potentiel encore méconnu, mal exploité, mal compris et mal aimé.

Cette préparation à un voyage authentique, mémorable et chaotique m’aura ouvert aux plus grandes possibilités : affronter mes peurs, mes impuissances, les regards méprisants des gens et surtout la peine de n’avoir pas toujours été aussi forte que je l’avais imaginé.  Ce voyage m’aura fait découvrir des endroits inexplorés.  Les plus beaux moments de vie en compagnie des enfants différents.  Même à en trouver une mission de vie.  Et maintenant, mon expérience me permet de voyager à travers le monde et de partager mes écrits, mes inspirations, mes sentiments, mes espoirs et tout l’Amour que comporte l’éducation des enfants et surtout des enfants différents.  Ces voyages me permettent de vivre des moments magiques et enfin j’ai transformé mon isolement, mes peurs et mes moments de découragement en expériences d’une profondeur incommensurable.

Je vis enfin la MISSION de ma vie.  Celle que j’ai découverte dans les moments de tristesse, de deuil, de découragement et de désespoir d’avoir une enfant différente.  Mais grâce à elle, après 13 ans à l’aimer et à tenter de comprendre comment l’éduquer, j’ai compris que la meilleure recette c’était de l’AIMER.  Cette mission de vie, je l’ai trouvée grâce à ce tout premier regard sur la différence, ces voyages se sont succédé et l’amour que j’éprouvais pour elle m’a permis de canaliser mon énergie du POURQUOI MOI, POURQUOI ELLE, en COMMENT AIDER?

Comment j’y suis arrivée?  C’est en touchant ma vulnérabilité, en frappant le fond, en criant ma rage, mais surtout en touchant le cœur des gens et des enfants.  Le yoga a été pour moi, ma médecine afin de reconnecter avec mon être, d’avoir la force d’accepter et de surmonter les défis et de forger mon amour-propre.

Le yoga m’a permis de garder espoir, il a ouvert mon cœur aux possibilités et m’a donné le goût de connecter avec les autres.  On a tous une destination prévue, tous le goût de donner un sens à notre vie.  Parfois, c’est dans les défis qu’on découvre notre être véritable.  Vous aimez voyager?  Quelle est votre destination?  Quelle sera votre contribution à l’humanité?

Partager, inspirer et communiquer sont les éléments clés que je vous propose.  Voici pour vous aider dans votre parcours, quelques mouvements et conseils de yoga pour vous permettre de rester bien ancré lors de votre périple!

Première posture, la Montagne :

  1. Prenez un moment de détente en position debout.  Que transportez-vous sur vos épaules?  Quel est le contenu de votre sac à dos?
  2. Ancrez bien vos pieds au sol, respirez profondément, ayez un regard vers votre intérieur.  Quel est le poids de ce bagage?  Gardez l’essentiel et libérez-vous du superflu de votre sac.
  3. Regardez vers le haut et faites un tout premier pas vers la destination de votre choix.  Tout commence par un tout petit pas pour l’exploration de cette destination, votre montagne!

Au plaisir de vous lire et de partager avec vous, Namasté (salutation yogique : ma divinité salue votre divinité et celle de vos enfants)

Bonne rentrée automnale

En ce début d’un tout nouveau cycle et d’une saison plus active qui débute en septembre pour la grande majorité d’entre nous, l’équipe de Cheminement vous a préparé une édition bien remplie de conseils judicieux et réconfortants, notre objectif étant de vous offrir des outils et des repères qui pourront contribuer au maintien de votre joie de vivre, de votre paix intérieure, de votre santé et de votre équilibre de vie en cette saison plus mouvementée qui, souvent, est synonyme de nouveaux défis. Nous remercions tous nos sages collaborateurs qui se sont regroupés autour de cette intention afin de nous offrir leur guidance.

C’est notre souhait et notre contribution à l’occasion de cette « Rentrée 2017 » pour que nous puissions tous aller de l’avant avec confiance dans la réalisation de nos projets en nous donnant pour objectif d’exprimer le meilleur de nous-mêmes tout en répandant le meilleur autour de nous. Avec le temps qui passe si vite, nous finissons par réaliser que les progrès les plus satisfaisants dans nos vies sont surtout ceux qui sont le fruit de nos efforts continus dans notre quête de réalisation de nos rêves les plus chers. Idéalement, nous apprenons aussi avec le temps à adopter un rythme de vie « d’un pas à la fois » en sachant accueillir et apprécier le chemin qui est devant nous. Et, comme le dit si bien la fable de La Fontaine, rien ne sert de courir…

Pour l’équipe de Cheminement, l’automne s’annonce très mouvementé! Nous avons mis au point un tout nouveau programme d’ateliers et de conférences intimes qui débuteront dès septembre. Vous aurez l’occasion de faire la connaissance de plus de vingt intervenants et spécialistes en santé globale de la région qui donneront six conférences intimes ayant lieu en soirée et quinze ateliers échelonnés sur trois fins de semaine. Vous pouvez consulter la programmation détaillée aux pages 28, 29 et 31. L’objectif commun de ces activités est d’offrir aux participants des connaissances et des outils pratiques qui contribueront à leur mieux-être dès leur retour à la maison. Je vous invite à faire part du contenu des articles et des activités aidantes que vous trouverez dans cette édition à vos amis et à vos proches qui pourraient aussi en profiter.

Je vous souhaite de bons projets pour l’automne dans la manifestation de vos aspirations les plus chères.

Tout droit devant…

Un message commun ressort de mes lectures récentes : nous vivons une époque de grands changements climatiques, planétaires et sociaux. Certains auteurs portent un regard plutôt pessimiste sur l’avenir, tandis que d’autres décrivent notre époque comme étant une période de grande transition et de grands changements comportant des défis importants pour l’humanité. Jeremy Rifkin, connu en tant qu’auteur et que penseur de la société parmi les plus stimulants de notre temps, conclut que l’être humain est désormais condamné à remodeler sa conscience à un état proche de l’empathie universelle qui témoignera de l’aptitude de notre espèce à survivre et à prospérer. Son livre « Une nouvelle conscience pour un monde en crise vers une civili­sation de l’empathie » se veut surtout une étude approfondie de l’histoire de l’humanité dans une perspective sociale et altruiste. Bien que l’étendue de son analyse scientifique crédibilise de beaucoup son constat, des auteurs comme Jacques Attali, Stephen Guilbault et Tzeporah Berman s’accordent pour dire que des changements et des défis huma­nitaires importants sont devant nous en tant qu’individus et société.

Nous sommes tous conscients à degrés divers de ces messages qui sont partout. Et c’est une bonne chose si nous voulons intervenir et reconnaître que nous pouvons contribuer aux solutions qui s’offrent, ne serait-ce qu’en modifiant certaines de nos habitudes de consommation alimentaire ou énergétique et, bien sûr, nos rapports avec les autres.

Je reste très optimiste et confiant qu’une société plus coopérative et collaborative est en train de prendre forme, et qu’elle est même en plein essor partout dans le monde en ce moment. En ce qui concerne l’environnement et de l’habitat, des organismes reconnus, tels que Green Peace, Équiterre, la Fondation David Suzuki et plusieurs autres, qui sont axés sur la protection des valeurs d’entraide et de protection de la qualité de notre climat et de notre environnement sont davantage à l’avant-plan. De plus, en regardant tout ce qui circule sur le Web et dans les médias sociaux, on constate que plusieurs nouvelles initiatives internationales et locales se créent et prennent forme tous les jours.

Dans une perspective plus locale, on constate que des organismes comme le Creddo, Enviro Éduc-Action, Vivre en Ville, Vision Centre-Ville, le mouvement « Protégeons le quartier du musée », le MSRO et l’association des marchands du centre-ville de Hull, pour n’en nommer que quelques-uns, mettent de l’avant des propositions pour une plus grande qualité de vie écologique dans notre région. Tout récemment, une campagne achat local a été lancée en Outaouais pour appuyer nos entreprises et l’achat local.

Étant aussi personnellement impli­qué dans l’édition de magazines d’architecture et de construction éco-responsable depuis 2006, je constate la multiplication d’actions concrètes en faveur de la rénovation et de la construction écologiques. Et que dire de la merveilleuse initiative du projet Zibi, ici, en Outaouais, projet mobilisateur qui établit ses bases de développement communautaire au centre-ville en se fondant sur des principes parmi les plus intégratifs et éco-responsables sur la planète! L’affiliation Zibi aux principes de One Planet Community assurera l’intégrité de cette vision de qualité communautaire tout au long du développement.

Peut-être bien qu’un monde plus empathique est en train de se manifester concrètement, pour le mieux, comme le décrivait Jeremy Rifkin dans son étude sur notre évolution…

La qualité de notre environnement et l’écologie de la planète sont au cœur de la santé globale, et ces enjeux importants font partie de la mission­ première de Cheminement, qui repose­ sur l’équilibre et l’intégration des cinq facettes des sphères d’acti­vités humaines que vous découvrirez dans chaque édition. Ce sont les « 5 magazines dans 1 au cœur de votre mieux-être » auxquels fait allusion le nouveau logo de Cheminement!

Je demeure fermement engagé à continuer de rassembler et de diffuser l’information concernant toute initiative qui contribuera au mieux-être et qui mettra en valeur l’expression la plus noble de l’être humain, mission de Cheminement depuis sa création en 1997.

Je vous invite à me faire connaître vos idées et vos projets évolutifs pour que je puisse en faire part à nos lecteurs.

En conclusion, bienvenue à cette édition printanière qui est bien remplie de belles collaborations!

Le plan de carrière fait diminuer l’anxiété au travail

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir plus fatigué qu’à l’habitude, de manquer de concentration ou même de vivre de l’insomnie en pensant à votre travail? Saviez-vous qu’il s’agit là de symptômes d’anxiété? En gestion de carrière, le manque de planification contribue à engendrer de l’anxiété en raison de la confusion par rapport aux décisions à prendre, des doutes qui planent sur votre avenir et de la confiance en vous qui n’est plus toujours au rendez-vous. Ces questionnements, souvent créés par des sentiments de peur, d’inquiétude ou de crainte que vous nourrissiez face à l’avenir, font malheureusement de plus en plus partie du quotidien des professionnels aux horaires trop bien remplis…

Indécision par rapport aux choix de carrière
Tout d’abord, au moment de choisir leur cours, à la fin de leur secondaire, les jeunes se trouvent face à plus de 500 domaines d’emplois possi­bles. Les universités ne cessent de multiplier le nombre de programmes qu’elles offrent, et les entreprises cherchent à se montrer créatives en imaginant de nouveaux titres professionnels et mettent en place des stratégies captivantes pour recruter les meilleurs candidats sur le marché du travail. En tant que professionnel, vous êtes sollicité de toutes parts et, si vous n’y portez pas attention, votre boussole peut facilement perdre le nord…

Par exemple, dans son article du journal Les Affaires du 10 février dernier, Julien Brault laissait entendre qu’il n’y avait pas d’avenir en informatique et que « savoir programmer ne sert à rien ». D’autres études (p. ex., France Stratégie) prédisent que les métiers du futur seront en lien avec le service aux personnes (aide-soignant, enseignant, aide à domicile). Qu’en pensez-vous?

Est-ce une raison pour modifier vos choix de départ? Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont raconté que, après avoir consulté un conseiller en orientation, elles se sont vu remettre une liste de métiers­ sans pouvoir obtenir le soutien nécessaire pour prendre LEUR décision et établir un plan stratégique. Elles se sont retrouvées éparpillées, bloquées, incapables d’avancer… Plus anxieuses qu’au départ, elles se sont rendu compte que le plus vite elles prendraient LEUR décision, le mieux cela vaudrait pour elles.

On s’entend donc pour dire que, lorsque vient le temps de faire une planification de carrière, le défi n’est pas le manque d’information! Au contraire, il y en a tellement que c’est le principal piège qui fait naître la confusion. Ces informations provenant de l’externe détournent l’attention de ce qui est vraiment important : vous, vos passions, vos talents, vos intérêts et, surtout, votre volonté!

Avoir un plan fait diminuer les doutes
Ce tourbillon d’informations peut être calmé par la prise de décisions à court, moyen et long terme qu’impose l’élaboration d’un plan de carrière ou d’une stratégie de gestion de carrière. Bien que personne ne possède de boule de cristal, le fait de cibler un domaine et de cerner les champs d’expertise qui vous intéressent aidera à établir vos priorités, à classer l’information et à prendre vos décisions par rapport aux choix que vous aurez à faire dans votre quotidien (formation, perspectives d’emploi, réseautage, etc.).

Pensez-y, tout le monde a un destin, mais encore trop peu de personnes prennent la décision de le suivre, par peur de déplaire, de décevoir ou, pire encore, par crainte du « qu’en-dira-t-on ». Et si la solution était de vous offrir un moment de réflexion pour évaluer vos options? Et si ça ne consistait qu’à vous arrêter pour faire des choix et honorer qui vous êtes?

Et, si tel était le cas, quel serait le meilleur moment pour vous de commencer?

Compostelle : rentrer chez soi

L’idée de faire Compostelle me trottait dans la tête depuis plusieurs années. Un projet de retraite, me disais-je!

Puis, un évènement inattendu vint chavirer ma vie, jusque-là assez tranquille, et l’urgence de rompre avec mon train-train quotidien se fit sentir. L’idée de marcher Compostelle refait surface. Je décide donc d’entreprendre des démarches pour actualiser mon projet.

Ma première démarche est d’assister à des réunions d’information données par l’Association du Québec à Compostelle – outaouais@duquebecacompotelle.org. Quelques rencontres, et ma décision de partir était prise. Mon deuxième pas est de me choisir une date de départ. On était en septembre – je décidai de partir à la fin mai. Je marchais déjà régulièrement, mais à partir de ce moment, je me fis un devoir de marcher une heure ou deux chaque jour. Au prin­temps, je commençai à marcher avec un sac à dos en y ajoutant graduellement du poids. Le dernier mois, je m’étais procuré une bonne chaussure de marche et je marchais avec un sac à dos pesant près de 10 kilos, le poids suggéré. Je devais choisir avec parcimonie les items (vêtements, articles de toilette, sac de couchage, souliers, etc.) dont j’aurais besoin. Je partais de St-Jean Pied de Port, en France, avec la ferme intention de me rendre à St-Jacques de Compostelle en quarante jours. Je m’étais procuré un petit guide indiquant tous les endroits, avec kilométrage et divers coûts, où l’on peut s’arrêter pour manger, dormir, visiter, etc. L’étude attentive de ce guide me donnait la certitude d’atteindre mes objectifs.

J’avais décidé de partir seule malgré les personnes qui tentaient de m’en dissuader. J’avais rencontré une dame un peu plus jeune que moi – j’avais alors 64 ans – qui avait fait le Chemin seule, en toute quiétude. Je partis donc seule; je ne l’ai jamais regretté!

Quel beau défi! Les premières journées ont peut-être été, mentalement plus que physiquement, difficiles – la peur de l’inconnu me han­tait un peu; puis, après quelques jours, la peur s’estompa, et la paix s’installa doucement en moi. Je faisais aussi de belles rencontres, et des échanges riches en décou­laient. Bon nombre de pèlerins font le Chemin pour repenser leur vie. Les confidences ne sont pas rares, et l’écoute doit être présente. Comme je suis plutôt de tempérament introverti, certaines confidences faisaient monter en moi des émotions réprimées que je me devais de regarder en face!

Il y eut bien quelques impondéra­bles : le froid du matin les premières semaines, la chaleur qui s’installa et la pluie par moments. À cela s’ajoutaient : la marche, les sentiers, la traversée des villes et villages, la nourriture, les refuges pour coucher. Mais quelle satisfaction le soir arrivé!

Tout au long du chemin, des choix s’imposent, comme dans la vie, d’ailleurs! Prendre un recul pour me redécouvrir, réfléchir avant d’entreprendre une nouvelle étape de ma vie, même si cela devait réveiller des émotions enfouies, n’a pas été facile. Le chemin de la tête au cœur est le plus long! Mais quel beau cadeau je me suis fait! Bien sûr, différentes façons s’offrent à nous pour faire ce travail, mais pour moi, Compostelle fut mon étincelle!

Oui, il y eut des embûches tout au long du chemin. Certains sentiers sont tortueux, rocailleux, monta­gneux, mais il y a aussi des paysages à vous couper le souffle pour faire oublier un peu les obstacles. Le silence et la contemplation – tellement réparateurs – font partie intégrante de ce voyage! Le corps et l’âme en tirent de nombreux bienfaits… Malgré toutes les difficultés rencontrées, la force et la paix qui s’installent en soi et les belles rencontres que l’on fait nous réconfortent amplement pour continuer à avancer vers notre but.

Quant à moi, cette aventure m’a beaucoup fait grandir et m’a préparée à entamer ma retraite avec bonheur.

Pour terminer, j’ajouterais que des « Compostelles », il en existe plusieurs – pas toujours sur les Chemins! À chacun et chacune de trouver le sien! L’important, c’est d’être en accord avec ses choix et de se respecter dans tous les tournants où nous mèneront les pas choisis.