Les séquences essentielles de sa vie

Le printemps dernier, suivant une condition physique de déshydratation à la suite d’un tournoi de badminton, j’ai vécu une expérience personnelle où le champ de conscience de veille était modifié. Les événements extérieurs semblaient se dérouler au ralenti. Pour quelques semaines, avant que je puisse retrouver le niveau normal d’hydratation du corps physique nécessaire à l’équilibre humain, je me sentais plus vulnérable et fragile qu’à l’habitude sur le plan émotionnel et psychologique. Mes conversations entre amis et collègues de travail avaient une forme d’ouverture de cœur beaucoup plus affinée, adaptée et centrée à la situation du moment présent. L’un des phénomènes les plus remarquables et évidents qui prenait place dans mes pensées et dans mon imagination créatrice était une capacité de voir et même de prévoir toutes les programmations de l’esprit humain. Celles à l’état conscient et même d’autres à l’état subconscient (rêverie, rêves et demi-sommeil). J’appelle ces manifestations de l’esprit humain les séquences essentielles de la vie. Elles font partie d’expériences personnelles et spirituelles qui nous miroitent et nous reflètent la façon dont notre vie se structure et prend forme au fur et à mesure qu’elle se déroule devant nous. C’est aussi la p’tite routine de chaque jour (douche, toilette, petit-déjeuner, conduite de l’auto, travail au bureau, etc.) qui peut devenir des moments d’ancrage et d’actualisation de soi au moment présent de sa vie, lorsque l’on prend le temps de lui donner l’attention et l’état de conscience nécessaire pour faire de nos rituels journaliers des occasions d’éveil, d’enracinement dans la réalité physique, d’appréciation et de contentement. Une fois que l’état d’âme approprié est développé à l’intérieur de soi et que l’on voit clairement les séquences essentielles, les programmations souhaitées, inévitablement, vont se manifester des activités en accord et en harmonie avec celles-ci dans le dénouement de sa vie quotidienne. Nous devenons l’auteur de nos propres séquences essentielles, acteur dans l’extériorisation de celles-ci et aussi observateur de tout le processus. Dans le processus de champ de conscience modifié, j’étais à la fois conscient de ma fragilité humaine et aussi conscient de la force spirituelle qui accompagnait ces phénomènes de conscience altérée. Au-delà d’une épreuve physique se cachait d’innombrable cadeaux divins. J’étais vraiment à l’écoute du grand silence qui animait la vie intérieure et je cherchais à le rattacher à ma vie humaine, du moins dans ma compréhension et interprétation de celui-ci. Un silence rempli de paix, de sagesse et de liberté provenant d’une source qui alimente le cœur et anime l’âme humaine de tout ce qui est noble, exaltant, sensible et inspirant au dépassement et à la réalisation d’une conscience plus éveillée à l’essentiel. S’il y avait des personnes parmi les lecteurs de la revue Cheminement qui ont vécu des expériences semblables, vous êtes invités à me contacter pour un partage en toute discrétion.

Pourquoi la recherche intérieure maintenant

Depuis des siècles, les traditions spirituelles ont prévu que le temps que nous vivions actuellement serait un temps de changement majeur au niveau de la conscience. Si l’on observe ce qui se passe autour de soi, il ne fait aucun doute que nous sommes dans un temps de changement accéléré. À tous les niveaux, il semblerait qu’aujourd’hui tout va plus vite. Les générations précédentes vivaient dans un contexte social humain, et même géographique, qui changeait peu et très lentement. Cette lenteur donnait l’impression d’une relative stabilité à la vie extérieure. Par contre, actuellement, le fait que tout autour de soi peut changer très rapidement fait qu’on ne peut plus se rattacher aussi facilement à cette illusion de sécurité et de permanence que donnait le monde extérieur.

De plus, nous sommes tous soumis à une avalanche d’informations ce qui, bien que présentant de sérieux inconvénients, ouvre malgré tout l’esprit en offrant la possibilité de contacter des aspects très divers de la vie.

Un autre aspect de notre monde actuel est qu’il s’est construit durant le siècle dernier à partir d’un point de vue matérialiste. On nous a fait croire que le bien-être matériel nous apporterait le bonheur. Ceci a généré une société de recherche du plaisir à court terme à travers des satisfactions extérieures : possessions matérielles, loisirs, apparence entraînant la séparation, la compétition et générant une montagne de stress et d’anxiété. Dans nos pays industrialisés, beaucoup sont arrivés à posséder un certain confort matériel en jouant le jeu de la consommation, pour s’apercevoir que cela ne réglait en rien ni leur besoin de bonheur ni leur besoin de liberté.

Face à cette déception et au milieu de ce tourillon de changements et d’informations venant de tous côtés, beaucoup sont amenés à se poser de plus en plus intensément les questions fondamentales qui résident au cœur de chaque être humain : qui suis-je? À quoi sert ma vie? Qu’est-ce que je fais sur cette planète? Quel est le sens véritable de mon existence? S’apercevant que le monde extérieur ne peut nous assurer ni sécurité ni bonheur profond et durable, de plus en plus de personnes choisissent maintenant de se tourner à l’intérieur d’elles-mêmes pour trouver des réponses qui soient plus vraies et plus authentiques que celles que le monde extérieur nous donne de façon stéréotype.

Ce changement majeur d’attitude n’est pas seulement l’apanage de quelques individus. Il se retrouve dans le monde entier et il est essentiel qu’il se propage de plus en plus. En effet, tout le pouvoir matériel qu’a développé l’humanité doit être accompagné d’un changement de conscience, sinon l’humanité se dirige vers des temps de plus en plus difficiles.

À cause de toute cette technologie, l’humanité se trouve dans une situation telle que, pour la première fois dans l’histoire qu’on lui connaît, elle a la possibilité de créer une abondance sans précédent, mais aussi la possibilité de s’autodétruire. La présence des armements nucléaires et le phénomène de la pollution, pour ne citer que ceux-là, sont deux conditions qui menacent le sort de l’humanité. L’état de pauvreté de milliards d’êtres humains, l’esclavage qui règne encore dans beaucoup de parties du monde, avec la violence et la peur, font que l’avenir de l’humanité semble parfois très précaire. D’un autre côté, nous sommes capables de générer une abondance sans précédent, chose qui est rarement reconnue. Une statistique très simple illustre bien ce fait : pour assurer la nourriture, les soins médicaux et l’éducation de base à l’ensemble de la population du monde, il suffirait de prélever 4 % du montant des 225 plus grosses fortunes existant actuellement dans le monde*. Cela aussi fait réfléchir. Pourquoi des milliards d’individus continuent-ils à vivre dans le dénuement et la souffrance? Ce n’est pas une question de manque de moyens, mais une question de manque de conscience. Lorsque l’humanité sera collectivement en mesure de vivre dans le respect, le partage, la compassion, la créativité, l’intelligence aimante, le sens du service et la non-séparativité, alors tous les problèmes seront résolus. Le changement de conscience que beaucoup font actuellement à travers une recherche intérieure authentique, est le levain** qui devrait permettre ce changement de conscience collectif. La véritable recherche intérieure n’est donc pas seulement une affaire personnelle, une recherche pour son propre bien-être et son propre « salut ». Cette recherche, qui devrait permettre l’installation de justes relations humaines par la manifestation concrète des valeurs de l’âme dans le quotidien, est maintenant essentielle à la survie même de la planète et à la création d’un monde nouveau de paix et de liberté.

*  Statistiques des Nations Unies, rapportées dans Le monde diplomatique, novembre 1998.

**  Voir : La liberté d’Être

La course d’une petite étoile

Une étoile si petite dans l’univers se promène à la recherche d’une grande étoile. Elle furète partout dans toutes les sphères de l’univers, descend même jusqu’à la terre.

Puis soudain, flottant doucement sur le dos dans un espace sombre de l’univers, elle se voit, petite étoile, dans une grande étoile qui lui ressemble, mais qui est beaucoup plus grande qu’elle. Elle sort de son flottement et s’approche lentement. L’étoile ne bouge pas et s’offre à elle dans toute sa splendeur.

La petite étoile dit alors : « Comme j’aimerais être grande comme toi ».

La grande étoile lui répond : « Mais tu es grande comme moi. Tu te sens petite parce que tu ne sais pas te voir. Approche-toi, regarde, c’est toi que tu vois en moi. C’est ton avenir que tu vois en moi. C’est ta beauté que tu vois en moi. Approche-toi encore et vois ton devenir. Je suis toi ».

Et la petite étoile s’approcha, vit que c’était bien elle, que ce qu’elle cherchait s’y trouvait : la douceur, la patience, l’amour, la force, et s’y mira longtemps afin de s’imprégner d’elle-même. Puis elle s’en éloigna pour s’assurer que la grande étoile était bien réelle et vit qu’elle pouvait vraiment devenir une grande étoile. Alors, elle prit sa respiration et lentement s’avança à nouveau vers la grande étoile, se fondit en elle et s’en alla dans son devenir.

C’est ainsi que prit fin la course de la petite étoile, parce qu’elle avait trouvé sa grande étoile. Si le soir, vous regardez le ciel, sans doute verrez-vous une grande étoile briller plus fort et se tendre vers la terre. C’est cette petite étoile devenue grande qui veut vous livrer un message :
« Sachez, dit-elle, que votre grande étoile, tous vous l’avez et qu’elle est en vous. Fermez les yeux et vous verrez votre grande étoile qui n’attend que votre regard pour se livrer à vous ».

Danser sa vie pour réduire la pression!

Le mot stress a été emprunté au vocabulaire de la sidérurgie par Hans Selye, endocrinologue, qui voulait dire, état de tension du métal. Cet état de tension pouvait varier en fonction des situations et de la capacité de chacun à réagir aux facteurs stressants.

N’oublions pas que le stress est nécessaire à la vie (eustress). Toutefois, un stress excessif installe des tensions chroniques qui mènent à une rigidité excessive (distress). Les causes de stress peuvent être multiples, médicales, fonctionnelles, psychologiques, environnementales… Le perfectionnisme est une cause psychologique assez répandue.

Perfectionniste? moi jamais!

La quête de la perfection crée un stress phénoménal qui nous empêche de croquer la vie dans toute l’intensité de son mouvement.

Sur un plan collectif, la course à la perfection cultive un esprit compétitif où la vitesse et le dépassement de soi sont des qualités profondément valorisées dans notre société. La conséquence est une société à deux vitesses, ceux qui performent et les autres.

Sur un plan individuel, les perfectionnistes ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils sont. Ils ont toujours peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas plaire. Impossible donc de savourer ce que l’on est tout simplement. La satisfaction semble toujours dépendre d’un idéal à atteindre. À force de courir après une perfection extérieure à soi, vers un bonheur de l’ailleurs qui décentre, nous restons éloignés de la sensation et de l’accueil de ces moments magiques comme se sentir bien tel que l’on est. Ce qui aboutit inévitablement à enfermer l’individu dans une spirale d’insatisfactions permanentes, anxiogènes, coûteuses en terme d’énergie et exigeante à maintenir à tout prix.

Le stress comme résultat

Évidemment, cette exigence permanente imposée de l’extérieur ou par nos pensées crée un stress majeur qui se manifeste par toutes sortes de réactions physiologiques et comportementales pour nous adapter et trouver une façon pour répondre aux agents stresseurs. Par exemple, sous l’effet de l’adrénaline le corps se tend, le rythme cardiaque accélère, des douleurs diverses apparaissent avec une difficulté à se relâcher et goûter tranquillement au moment présent. Ces tensions laissent des traces, des cicatrices chimiques dans notre organisme, aboutit à la « désharmonisation » de nos organes, affaiblit notre système immunitaire. Nous nuisons à notre équilibre somatique. Ces accumulations de tension nous transforment en bloc de béton, et le dépassement permanent de nos limites brûle finalement notre fluidité corporelle.

Au travail, il arrive fréquemment que notre mouvement devienne sectionné, stéréotypé, répétitif. Ce stress laisse des traces dans notre mobilité qui à la longue inhibe et réduit l’amplitude de nos mouvements ce qui à la longue peut nuire à un vieillissement optimal.

Soyons toutefois rassurés. Ce processus limitatif est réversible. Toutes les stratégies mises en place pour réduire les effets du stress seront à privilégier.

Certains auront besoin de consulter en psychologie, d’autres de s’investir dans un sport ou une activité sociale. Mais personne ne pourra faire l’économie de casser ce cercle infernal; de se recentrer et de se remettre en mouvement en douceur pour commencer à réhabiter son corps et danser sa vie.

Danser sa vie au quotidien

Sur un plan corporel, prendre le temps de se détendre, de se remettre en mouvement, de se déplier, quel que soit son âge laisse émerger une motricité économique et un rayonnement, reflets d’une intériorité vivante.

Il faut du courage pour décider de danser avec nos agents stresseurs. Du lever au coucher, notre quotidien regorge de situations où notre corps est mis à contribution. Que de flexions, d’extensions, de torsions nous faisons sans même nous en rendre compte. Notre agenda chargé, nos horaires variés, nous poussent à nous ajuster en permanence sur un plan rythmique. Et même lorsque notre motricité est réduite au minimum, soit pendant que nous dormons, le mouvement reste encore présent et agit sur la qualité de notre sommeil. C’est ce qui nous fait être vivant.

J’ai toujours aimé me promener dans la nature. C’est pour moi la meilleure façon de me ressourcer. C’est accessible et non coûteux. Je trouve la source de mon inspiration lorsque j’observe la fluidité des arbres dans le vent. Je regarde l’herbe se trémousser sous la brise légère. Lors de ces marches, je respire au rythme du vivant qui m’entoure et j’y trouve encore la paix. J’ai l’impression de faire corps avec cet environnement paisible, de danser avec la nature.

À vous de varier vos plaisirs et de trouver votre façon de danser votre quotidien!

Références :

SELYE, H., The Stress of life. New York, McGraw-Hill, 1956 www.unisson06.org/dossiers/relation_aide/stress.htm

Le changement, une bénédiction?

Plusieurs personnes se plaignent qu’il y a trop de changements dans leur vie et d’autres se plaignent qu’il n’y en a pas assez. Je ne sais pas si un jour nous développerons une vertu spirituelle, que l’on nommera « contentement ». Il n’y a qu’une chose qui est constante dans notre monde et c’est le changement, tout change, les personnes, les choses et les expériences. Très souvent, on accueille le changement comme un visiteur indésirable, excepté si on pense que cela va améliorer une partie de notre vie qui ne nous satisfaisait pas, comme un meilleur emploi, une plus belle maison, une meilleure relation, etc. Un changement pour le meilleur nous apporte de la joie et même du bonheur. Très peu de personnes aiment les changements qui nous semblent négatifs, car ils nous font travailler fort et parfois longtemps avant qu’on prenne conscience que c’était une bénédiction.

Pourquoi une bénédiction? Parce qu’on se rend compte après s’être débattu durant un certain temps, que ce changement apportait un plus dans notre vie et par le fait même, un nouveau niveau de conscience. Tout changement difficile à l’extérieur, amène un changement bénéfique à l’intérieur. Le problème, c’est qu’il est habituellement difficile pour l’être humain de laisser aller ses vieilles croyances, ses vieilles habitudes et de sortir de son cercle de sécurité. Chaque fois qu’un changement vient déranger notre vie, c’est pour nous faire évoluer intérieurement et extérieurement. Ces changements pour le pire nous aident à développer plus rapidement les qualités de patience, tolérance, compassion, sagesse, compréhension et amour. Le développement d’une de ces qualités est la bénédiction de tout changement.

Comme le dit si bien Sri Harold Klemp, le maître ECK vivant, les changements deviennent beaucoup plus faciles à gérer, lorsque notre acceptation s’ouvre de plus en plus. Il dit aussi que notre état de conscience est notre capacité à accepter ce que la vie nous apporte. Le point important, lorsque survient un changement indésirable, est de se demander « qu’est-ce que la vie veut m’apprendre? ». Lorsqu’on a obtenu la réponse à cette question, on découvre le cadeau qui se cachait derrière.

Le secret pour composer avec le changement est notre attitude. Il est impératif de comprendre que ce n’est pas ce qui arrive qui détermine ma vie, mais la façon dont je réagis intérieurement à ce qui arrive et ce que je décide de faire avec ce qui arrive.

Une des meilleures façons que je connaisse, pour comprendre le pourquoi d’une expérience, d’un événement ou d’un changement, est de l’amener en contemplation à l’aide du chant du HU (se prononce hiou). Le HU est l’ancien nom sacré de Dieu. Lorsque l’on chante ce son sacré, c’est un chant d’amour à Dieu. Ce son a aussi le pouvoir d’ouvrir notre conscience et de nous élever au-dessus du problème, pour avoir une meilleure vue d’ensemble.

La façon de le faire est la suivante : assis ou étendu, fermez les yeux et portez votre attention sur un point situé entre les deux sourcils, sans forcer.

Placez votre question ou votre expérience sur votre écran mental, comme si vous étiez assis au cinéma et que vous regardiez votre question sur l’écran blanc.

Chantez doucement, intérieurement, le son HU (hiou) sur l’expiration, comme ceci : hiou-ou-ou-ou… et demandez de l’aide.

La réponse peut venir immédiatement ou dans les heures ou les jours qui vont venir, soyez à l’écoute de la vie.

Vous pouvez faire cet exercice à tous les jours, de 5 à 10 minutes ou dans n’importe quelle situation si vous avez besoin d’aide intérieure ou extérieure.

Pour faire cet exercice spirituel, vous n’avez besoin qu’un peu de discipline et de l’amour de soi.

Le drame de l’intranquillité

Ce n’est pas pour rien si les maladies du cœur sont actuellement une des principales causes de décès. Si le cœur ne trouve pas la tranquillité, il s’épuise et au bout d’un moment finit par défaillir.

L’« intranquillité » est devenue une des maladies de notre époque. Malgré cette incapacité à trouver le calme, qui d’entre nous n’aspire à « décrocher ». On attend parfois de méthodes psychologiques ou de techniques de relaxation de pouvoir trouver ce calme auquel on aspire. Mais pourquoi attendre les effets de « techniques » ce qui peut nous être donné par une plongée dans notre intériorité. Les ermites des premiers siècles, par leur retrait dans le silence et la nature, tentaient de retrouver l’harmonie avec eux-mêmes.

Voyez quelle leçon on peut tirer de cette parabole : Un homme avait peur de l’ombre de son corps et avait peur des traces de ses pas. Pour y échapper, il se mit à courir. Or, plus il fit de pas, plus il laissa de traces; plus il courut vite, moins son ombre le quitta. S’imaginant qu’il allait encore trop lentement, il ne cessa de courir toujours plus vite, sans se reposer. À bout de force, il mourut. Il ne savait pas que pour supprimer son ombre, il lui aurait suffi de se mettre à l’ombre et que pour arrêter ses traces, il lui aurait suffi de se tenir tranquille.

S’asseoir à l’ombre d’un arbre. Quelle merveilleuse thérapie. Disponible à tout moment. Il n’y a pas de liste d’attente.

Voici comment Tatanga Mani, un Indien Stoney, évoque l’éducation qu’il a reçue chez les Blancs : « Je suis allé à l’école des hommes blancs. J’ai appris à lire leurs livres de classe, les journaux et la Bible. Mais j’ai découvert à temps que cela n’était pas suffisant. Les peuples civilisés dépendent beaucoup trop de la page imprimée. Je me tournai vers le livre du Grand Esprit qui est l’ensemble de sa création. Vous pouvez lire une grande partie de ce livre en utilisant la nature. Vous savez, si vous prenez tous vos livres et les étendez sous le soleil en laissant pendant quelque temps la pluie, la neige et les insectes accomplir leur œuvre, il n’en restera plus rien. Mais le Grand Esprit nous a fourni la possibilité, à vous et à moi, d’étudier à l’université de la nature les forêts, les rivières, les montagnes et les animaux dont nous faisons partie ». On n’est pas loin de saint Bernard de Clairvaux qui disait avoir plus appris des arbres que des livres. Regarder et écouter un arbre, une fleur, un caillou. Laisser l’objet s’exprimer dans le silence. Le laisser « parler ». Le recevoir et non le prendre. Celui qui ne sait plus écouter la musique de la création, ne saura pas écouter les autres et encore moins le silence de Dieu.

Nous avons à ouvrir les yeux, nettoyer les portes de notre perception, apprendre ou réapprendre à écouter, nous émerveiller, admirer, contempler, respirer, vivre « poétiquement » lair, leau, le feu, la terre, les arbres, les montagnes, les oiseaux. Cela suppose de savoir sarrêter, faire silence, reprendre souffle, cesser de courir après le temps et de le remplir jusquà la nausée, apprendre à être là, véritablement présent dans la profondeur insondable de lici et maintenant.

Le développement de l’intériorité par la méditation

Toutes les formes de cheminement personnel et spirituel ont pour but de révéler l’homme à lui-même. Lui faire découvrir ses beautés cachées, mais aussi ses peurs et ses nombreux dénis. Ce solennel chemin diffère pour chacun de nous et les outils intensifiant cette intériorité sont plus que nombreux.

La méditation demeure l’ultime moyen pour accentuer notre introspection et découvrir nos trésors enfuis. Les formes de méditation sont nombreuses, mais elles ont tous un but commun; conduire le méditant au cœur de son être afin qu’il y découvre son essence spirituelle, sa raison d’être et sa mission en ce monde. Il n’existe pas d’outil plus puissant pour harmoniser notre vie, nous guérir de nos maux et éclairer notre chemin. Depuis les âges les plus reculés, la méditation est pratiquée afin de répondre à ce besoin essentiel de vivre une existence plus riche de sens et elle a magnifié l’existence des sages et des saints.

Les bienfaits de la méditation ne sont plus à démontrer. La science moderne, avec ses instruments de pointe, est désormais capable de voir les phénomènes neurologiques et biochimiques induits par la pratique. Les résultats des analyses des chercheurs concluent que nous possédons là un outil pouvant mener tous hommes au bien-être, à la santé optimale et à la pleine émancipation. Dans les décennies à venir, nous assisterons à une popularisation croissante de la pratique de la méditation et l’intérêt collectif permettra son enseignement dans les écoles dès le plus jeune âge.

Nous entrons dans une ère de spiritualité vivante où l’humanité entière ressent un besoin croissant de reconnexion avec la nature et les cieux. Cette nouvelle spiritualité unifiée à la science nous est indispensable pour résoudre les problèmes auxquels collectivement nous faisons face. Par ailleurs, c’est par un changement de conscience individuelle que l’humanité retrouvera son équilibre. Chacun de nous doit apprendre à fermer les yeux et tourner son attention sur son cœur et y faire le silence. La solution à un monde en paix ne se trouve ni dans les lois ou les décisions politiques, mais dans l’élévation de la pensée de chacun de nous. Selon l’ancien axiome « le petit est comme le grand », ce qui se produit en chacun affecte l’ensemble. Or, le monde guérira par notre propre guérison. En définitive, le plus grand acte de service qu’un être peut faire pour l’humanité est de trouver son propre centre spirituel et de s’y soumettre par la méditation.

La méditation n’est pas une pratique de détente, mais bien spirituelle. Elle consiste à placer le méditant sous l’égide de son pouvoir inné. Ce centre de paix inaltérable situé au-delà des pensées, des émotions et des tribulations. En effet, il existe en nous un état immaculé ou règne une pureté incorruptible. Nous n’avons ni à l’imaginer, ni à le développer. Il s’agit simplement d’aller à sa rencontre. Notre identification exagérée à la forme extérieure, à nos activités, à nos plaisirs ou nos déplaisirs, nous place dans un état d’engourdissement spirituel. Cette inconscience crée un écran entre l’habitant lumineux en nous et la coquille qu’est notre ego.

La pratique de la méditation devient une nécessité lorsque notre mode de vie actuel arrive à un cul de sac. Lorsque nous réalisons que nous n’avons pas su répondre à toutes nos questions existentielles et que par nos efforts personnels nous n’avons pas réussi à réaliser l’harmonie dans notre vie, la méditation brille de sa pleine puissance nous invitant dans la lumière. Nous nous ouvrons à la méditation parce que nous ressentons un appel vers une vie plus riche de sens et de possibilités supérieures. Si vous désirez profondément réussir votre vie et y percer ses multiples mystères, la méditation se placera sur votre chemin comme le plus sublime instrument de salut.

J’ai découvert la pratique de la méditation à une époque de ma vie où rien ne fonctionnait comme je le souhaitais. J’étais donc dans un état d’ouverture complète. En effet, la suffisance et la satisfaction de soi-même ne sont pas d’heureuses prérogatives pour s’initier à la méditation. Or, à cette époque, j’étais conscient de mon mal-être et je désirais éperdument une renaissance. Lorsque je fis la rencontre d’un sage, son enseignement m’a traversé droit au cœur comme les premiers rayons de soleil après une nuit arctique. Ce fut pour moi la plus grande découverte de mon existence et la méditation m’a littéralement tiré des ténèbres. Par la pratique assidue, j’ai trouvé un état ou l’amour et la paix ne se couchent plus. Depuis maintenant 22 ans, je transmets les secrets de l’art sans âge de l’union spirituelle à mon école de Montréal et maintenant en ligne sur internet.

La parabole du hibou évangélique : chemin d’intériorité

Dans mes jeunes années de formation, j’ai découvert un livre au titre étrange : « Le Hibou évangélique », écrit par Jean-Luc Hétu. Sur la pochette du livre, on retrouvait l’équivalent du symbole des magasins Couche-Tard : un hibou avec un œil fermé et l’autre œil ouvert. Dans la publicité d’aujourd’hui, le symbole veut nous parler d’un service disponible presque jour et nuit.

Les yeux et les oreilles

Le premier trait intéressant à noter pour le hibou, c’est qu’on le découvre comme une sentinelle solitaire dans sa tour de garde. Il est aux aguets. On dit qu’il possède un champ de vision de 180 degrés, de telle sorte qu’une légère rotation de la tête lui assure une vision complète de 360 degrés, sans même qu’il ait à bouger son corps. On peut déjà retenir que, contrairement aux girouettes qui s’agitent sans cesse pour entrer et rester en contact avec leur environnement, le hibou reste le corps immobile et en même temps l’esprit vif.

Mais la trouvaille de la nature, c’est qu’on voit souvent le hibou, comme dans la publicité de Couche-Tard, un œil fermé pendant que l’autre est ouvert. Branché sur l’extérieur qui ne représente toujours que la moitié de la réalité, l’autre œil, pourrait-on dire, se trouve branché sur les réalités intérieures. Et en langage biblique, on pourrait inventer une nouvelle béatitude : Heureux qui comme le hibou garde un œil ouvert sur chacune de ces réalités.

À cette vigilance intérieure, Jésus et toute la Bible nous convoquent sans cesse : « Vérifie si la lumière qui est au-dedans de toi est ténèbres… » (Luc, 11,35).

Le silence et la parole

Le hibou sait aussi crier. Il n’est pas jacasseur comme la pie. Il n’est pas non plus muet comme la carpe, restant coi lorsqu’il faudrait faire entendre une parole claire. On aime ceux qui savent se taire autant qu’ils savent parler. Cette double capacité rend authentiques et signifiants leurs silences autant que leurs paroles. Le hibou connaît cette sagesse évangélique : Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler » (Qo, 3,7).

Un temps pour la guerre

Le hibou est programmé pour livrer une guerre inlassable aux destructeurs de l’environnement, aux rongeurs de récoltes, à ceux qui s’engraissent aux dépens d’autrui. Il ne peut découvrir un rongeur à l’œuvre, sans le localiser et intervenir au bon moment pour le neutraliser. De par sa nature, on pourrait conclure que le hibou est un défenseur de la vie blessée. Hibou, tu es un grand livre, où on peut apprendre ce que chacun de nous serait appelé à devenir.

La hauteur et le ras du sol

Le hibou se tient le plus souvent sur les plus hautes branches, mais il sait se faire rapidement proche de la vie menacée au sol : œufs de caille ou de perdrix, jeunes pousses de blé ou d’avoine convoitées par le mulot qui approche, poussins menacés par la belette qui s’enhardira tantôt dans le poulailler…

Et dans la même perspective, on peut aussi évoquer cet homme qui s’appelle Jésus, dans les Évangiles, rendu loin dans son cheminement intérieur – lui qui sonde la hauteur et la profondeur du mystère de Dieu – mais qui sait en même temps se faire proche et s’attabler avec les gens broyés par les préjugés et les autres oppressions des rongeurs sociaux (Mc 2, 15-16).

Hibou, mon frère, vienne le jour où je te ressemblerai davantage!

L’expérience spirituelle

À la fin de mon premier article, paru en juin dans l’édition d’été de Cheminement, j’annonçais que, dans le numéro suivant, je traiterais de l’expérience spirituelle. Eh bien, voici. Pour moi, l’expérience spirituelle est le processus consistant à entrer en relation avec cette réalité beaucoup plus vaste que l’expérience que je peux en faire, soit la SPIRITUALITÉ. Un chemin intérieur me permet de découvrir l’expérience de mon être et de vivre une expérience spirituelle.

Lorsque je suis connecté à mon intérieur, mon esprit me fait vivre quelque chose qui me dépasse, quelque chose de plus grand que moi. Cela me permet d’apprécier aussi les biens matériels qui me permettent de vivre de façon la plus équilibrée possible. Je contemple les beautés de la Nature et le mystère de son harmonie. Cela a quelque chose de transcendant, d’humain et de divin à la fois. Mon Soi intérieur profond est comblé.

Le souvenir de la naissance de mes trois enfants me rend admiratif et reconnaissant. Ma vie a un sens, celui de donner et de rendre service. Une peinture me transporte. Un coucher ou un lever de soleil, ou encore une pleine lune me fascinent. Mon corps, mon âme, mon esprit, mes aspects social et religieux ne font qu’un et sont des dimensions complémentaires dans tout mon être. Par mes sens, je peux jouir des belles choses de la vie. Mon âme garde mon corps animé. Mon esprit est source de contemplation. Ma relation aux autres et à Dieu me fortifie et me fait me sentir unique, apprécié et aimé.

Les dimensions « bio-psycho-sociale-spirituelle-religieuse » sont à la fois interdépendantes et interreliées. Mon Soi profond contribue à intégrer tous ces aspects en moi. Mon inspiration provient aussi bien de mes sens que de mon esprit, de mon âme et de mes contacts avec les autres et avec le Tout-Autre. Une puissance supérieure et transcendante m’ha­bite. Je prends conscience de mes forces à tous les niveaux et de mes limites aussi. Je suis un et unique. Je mets l’accent sur le spirituel. J’apprivoise le caractère inconscient de ma dimension spirituelle et je cherche à la rendre de plus en plus consciente.

Je chemine pour que mon spirituel inconscient devienne de plus en plus conscient, en faisant appel à la méditation, à l’admiration de la Nature, à l’écoute attentive du plus profond de moi-même, au lâcher-prise, à mes réflexions personnelles, à mes lectu­res et à tout ce qui peut m’élever, tout en demeurant bien enraciné dans la réalité. Mon être global comporte donc plusieurs dimensions, lesquelles s’alimentent les unes les autres afin que je devienne meilleur chaque jour et que je sois heureux dans le moment présent, dans chacun des instants qui me sont donnés si généreusement.

Yvon R. Théroux a fourni la définition suivante de l’expérience spirituelle : « S’ouvrir à cette vie profonde et intime, entrer dans son intériorité et conformer son agir en conséquence, ce qui va conduire à donner un sens unifiant et fondamental à l’existence ». En terminant, je me permets de décrire brièvement quelques-uns des critères d’une expérience spirituelle :
• spontanéité : la surprise nous oblige à être naturelle et vraie;
• unicité : l’expérience ne peut réagir de façon répétée de manière identique;
• apprentissage : suscite une nouvelle croissance;
• intériorité : permet une transformation profonde quand on est branché à son Soi;
• liberté intérieure : procure une énergie nouvelle;
• relation aux autres : poser des gestes gratuits et solidaires;
• relation avec le Transcendant : explorer une dimension plus grande que soi;
• réalité : assumer le réel dans « l’ici et le maintenant »;
• quête de sens : chercher un sens à l’existence.

1Théroux, Yvon R., « Le cheminement spirituel : un processus de maturation? », conférence donnée à Châteauguay en avril 2005 (Google).

La spiritualité : un état d’être

J’ai eu le privilège et la responsabilité d’enseigner le cours Psychologie de l’expérience spirituelle durant le semestre de l’hiver 2016 à l’Université Saint-Paul, à Ottawa. Je suis content de vous faire part de quelques réflexions et recherches au sujet de la spiritualité. À cause de la sécularisation de la société, le religieux a accordé une importance plus grande à la spiritualité. Elle est reconnue comme une dimension essentielle de la personne. La spiritualité forme un tout avec les autres dimensions humaines, soit biologiques, psychologiques, sociales et religieuses. Il est essentiel de considérer l’expérience humaine dans sa globalité. Le spirituel n’est pas un plus, un à-côté ou un ailleurs. C’est essentiellement intégré dans tout notre être.

La spiritualité, une façon d’explorer nos dimensions à la fois plus profondes et plus élevées, constitue une voie d’éveil et de croissance. Elle favorise un voyage ou une exploration vers son Soi plus profond. Elle n’a rien d’une vérité toute faite et invite chaque personne à découvrir qui elle est en profondeur et à se former sa propre vérité. La spiritualité est une quête de sens, d’espoir et de libération. Comme l’exprimait Jean-Luc Hétu, le spirituel, c’est l’intérieur qui se distingue de l’extérieur, c’est l’essentiel qui se distingue de l’accessoire, des appa­rences 1. Les réalités du monde matériel peuvent manifester l’ouverture au plus grand que soi, par exemple la Nature.

L’intériorité fait rentrer en soi-même afin de se connaître et de se comprendre. La démarche spirituelle nous conduit ainsi vers un lieu intime et secret dans notre espace intérieur sacré. La vie spirituelle devient une manière d’être, une recherche et une ouverture d’une voie de réalisation du bonheur, lequel est un état fugitif et passager, mais combien épanouissant. Toute spiritualité est au service de soi, des autres, de la Nature, du Transcendant. Être à la fois pour soi et pour autrui aussi. La spiritualité nous permet de nous reconnecter à notre essence profonde, laquelle nous aide à unifier tout notre être. Comprendre et accepter que nous sommes les acteurs de notre vie constitue un pas important de notre évolution spirituelle.

Se décentrer de soi, après être rentré en soi, amène à se définir en tant qu’être-en-relation avec soi tout d’abord, puis avec les autres et avec le Transcendant tel que chacun(e) l’entend. Ceci implique certainement dialogue, réciprocité, échange, accueil. La transcendance du Soi suppose la capacité de se dépasser soi-même, d’établir une relation authentique avec les autres, de se consacrer à des causes humanitaires et de réaliser un projet imprégné d’un sens profond. Christian Bellehumeur précise de la façon suivante la quête personnelle : chercher à comprendre, faire appel à l’expérience subjective et obtenir des réponses à des questions fondamentales relati­ves à la vie, au sens et à propos des relations avec le Sacré ou le Trans­cendant 2. Les besoins spirituels de base : sens de la vie, amour, confiance, espoir, pardon, paix intérieure.

Dans un prochain article, je décrirai en quoi consiste une expérience spirituelle, laquelle est le processus d’entrer en relation avec cette réalité beaucoup plus vaste que l’expérience que nous en faisons, soit la spiritualité. Je conclurais l’article d’aujourd’hui en mentionnant que la spiritualité est cette qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de la matérialité tout en restant connecté à la réalité matérielle. Il s’agit donc d’une voie intérieure permettant à une personne de découvrir l’expérience de son être et de vivre une expérience spirituelle.

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1 Hétu, Jean-Luc. (2001). L’humain en devenir, une approche profane de la spiritualité. Montréal, Fides.
2 Bellehumeur, Christian. Cours Spiritualité et développement humain. Université Saint-Paul, Ottawa.