Vivre autrement…

Regard sur un mouvement de changement vers de nouvelles communautés intégratives et écoresponsables
Le mode de vie collaboratif m’intéresse depuis la fin de mon cégep, en 2008. Au sein du comité d’environnement, je découvrais l’ampleur des problèmes en même temps que la diversité des solutions. Celle qui m’apparaissait la plus simple et nécessaire était la diminution de la consommation, et la manière la plus logique et efficace d’y parvenir, le partage. En visitant des communautés intentionnelles, j’ai compris que non seulement ce milieu de vie donne un haut niveau de cohérence et de sens par rapport à mes valeurs, mais qu’il génère un mode de vie où la relation à l’autre est centrale et qui favorise l’épanouissement et la connaissance de soi et permet de devenir une personne plus complète, plus libre et plus équilibrée.

D’abord, quelques mots pour vous situer. Qu’est-ce qu’une communauté intentionnelle? C’est simplement une communauté formée de gens ayant fait le choix d’habiter et de vivre ensemble pour partager un mode de vie et mettre des valeurs en pratique. L’appellation regrou­pe des projets de formes et de fonctionnements divers, que j’aime personnellement classer selon le continuum du partage : partage de vision et de valeurs, de propri­été, d’outils et d’espaces communs, des repas, ou proportion des projets développés de manière collaborative. On y trouve, dans l’ordre : bons voisinages, cohabitats, éco-hameaux ou éco-villages, communes. Chaque communauté a sa propre raison d’être et sa propre vision et se développe autour d’un objectif principal : spiritualité, écologie, éducation, travail, famille, égalité, accueil, etc.

Les communautés qui m’intéressent plus particulièrement sont celles qui mettent le plus de ressources en commun, ainsi que celles qui travaillent le plus à rayonner dans la société élargie, à incarner et à diffuser un changement social.

Je vous présente ici deux communautés près de chez vous!

La Cité Écologique de Ham-Nord
La Cité Écologique est une communauté de près de 80 membres, dont 14 enfants. Créée en 1984, elle a récemment fêté ses 30 ans d’existence, ce qui en fait la communauté intentionnelle la plus grande et la plus ancienne du Québec.

Tout a commencé à l’été 1983, lors d’un camp d’été. Les enfants aiment tellement l’expérience qu’ils demandent à leurs parents de pouvoir la vivre à l’année. Entre 80 et 120 adultes décident de se lancer dans l’aventure dès les premières années et de bâtir un milieu de vie intégré autour d’un projet d’école alternative.

Aujourd’hui, la Cité Écologique englobe plusieurs entreprises exploitées sur place, dont :

  • Khéops International, qui fabrique divers objets décoratifs en verre de style nouvel-âge, dont ses fameuses pyramides; et
  • Respecterre, qui s’engage à « Porter l’Avenir » depuis sa création en 2007, produisant des vêtement écoresponsables tout en encourageant l’économie locale.

Aujourd’hui, c’est la nouvelle génération qui prend la relève, contribuant à donner une nouvelle orientation où l’environnement occupe une place importante, tout comme l’ouverture sur le monde.

La Ferme Morgan, à Montcalm
Début février 2014, j’ai visité la Ferme Morgan, où vivait un groupe d’une dizaine de membres. La coopérative de solidarité CoopéraVie Morgan exploite la Ferme Morgan et loue les installations actuelles (maisons et bâtisses agricoles), et les résidents en sont les membres utilisateurs; c’est leur manière de partager leurs revenus.

Les membres de la coop s’occupent d’environ 70 bêtes (vaches, bœufs et bouvillons), ainsi que d’une dizaine de sangliers, des poules, des canards et de deux oies! L’été, ils ont un jardin et des serres qui couvrent 3,5 acres. Tout cela comble presque entièrement leur consommation de légumes, et ils sont autonomes en viande et en œufs. Ils mangent entièrement bio. La Ferme Morgan organise aussi, quelques fois dans l’année, des évènements rassembleurs, comme un souper-spectacle ou une fête des récoltes.

Le chanvre : un tissu écoresponsable à découvrir

Vous êtes à la recherche d’un vêtement qui fait du bien à porter, autant sur le plan des sensations que sur le plan éthique? Le chanvre est fait pour vous! La fibre de chanvre, en plus d’être agréable sur la peau, constitue une option écologique. Cette merveilleuse plante aux mille et une vertus peut être transformée en papier, en cordages, en cosméti­ques, en peintures ou vernis, en résine plastique, en pétrole (et tous­ ses dérivés), en produits d’habitation, en nourriture, en médicaments ainsi qu’en tissus. Le chanvre produit une fibre souple totalement naturelle qui est respirante, confortable et extrêmement résistante : une autre merveille de la nature.

Pas moins de 80 % de tous les textiles et tissus, ainsi que toiles et cordages, étaient faits de chanvre avant sa prohibition, en 1938. Les vêtements de chanvre sont plus soli­des, plus chauds et plus absorbants que la plupart de ceux faits d’autres fibres. Le chanvre ne produit pas d’électricité statique et il bloque les rayons UV. La culture d’un hectare de chanvre produit jusqu’à 1 000 kilogrammes de fibre, soit environ deux fois plus que le coton et le lin. De plus, il n’appauvrit pas le sol; il lui redonne jusqu’à 60 % de ses nutriments lorsqu’on laisse les feuilles et les racines se décomposer dans les champs après la récolte. Comme toute plante, le chanvre consomme, durant sa croissance, du CO2 (gaz carbonique) pour créer ses cellules. De ce processus se dégage de l’oxygène qui enrichit l’atmosphère et assainit l’air, contrairement à la production de tissus issus de l’exploitation pétrolière (nylon, polyester, lycra, spandex). Un autre avantage écologique impor­tant :­ la culture du chanvre ne nécessite pas l’usage de produits chimiques. Le chanvre peut être cultivé dans presque tous les pays; il peut pous­ser dans à peu près tous les climats. Le Canada et les pays de l’hémisphère Nord produisent une fibre de qualité supérieure. Le coton étant plus soyeux,­ on voit souvent l’alliage coton/chanvre. Ce mélange naturel donne un vêtement à la fois confortable et résistant, tout en réduisant la pollution causée par la production du coton. La fabrication d’un tissu 50 % chanvre/50 % coton favorise une réduction de 50 % des herbicides, pesticides et fongicides couramment utilisés. En Amérique du nord, la culture du coton est responsable de pas moins de 50 % des produits chimiques utilisés dans le domaine de l’agriculture. Le coton est une plante très sensible et vulnérable, contrairement au chanvre.

Cette fabuleuse plante est l’alliée de l’humain depuis belle lurette! Selon les experts, elle est la plus ancienne fibre utilisée par l’homme; des hiéroglyphes égyptiens et des idéogrammes chinois en  attestent. De nos jours, plusieurs compagnies l’utilisent dans la confection de vêtements stylisés des plus confortables. Au Québec, nous avons la chance d’avoir les compagnies Abaka et Respecterre, et Nomads Hemp Wear en Colombie-Britannique. De plus en plus de compagnies se spécialisent dans l’usage de la fibre de chanvre partout dans le monde. Merci à tous ces protagonistes!

Le chanvre est une option des plus sensationnelles du point de vue de l’écologie; l’avenir nous réserve assurément un retour vers cette ressource naturelle. En étant des plus accessi­bles, grâce à sa capacité de croissance­ rapide et vigoureuse sur toutes les surfaces cultivables de la planète, elle garantit une production constante sans aggraver l’état de notre environnement. Cette plante aux usages multiples nous fournit une fibre naturelle et organique qui respire et qui peut être recyclée. Les entreprises qui l’exploitent sont ferventes de l’écologie, et les gens qui l’adoptent, des amoureux de l’environnement. Le vêtement de chanvre est agréable à porter contre la peau tout en ayant le potentiel de nous la sauver. Il est un mariage parfait de l’esthétique et de la cons­cience environnementale. L’essayer, c’est l’adopter!

Partez à la découverte du chanvre :
-www.abaka.ca
-nomadshempwear.com/