« Pour être en bonne santé mentale, les humains ont besoin de plusieurs contacts à chaque jour. » Virginia Satir
Une des conditions du bonheur, c’est l’amour. Et une façon de manifester notre amour, c’est d’entrer en contact. Le contact physique et le contact psychologique nous sont tous deux nécessaires.
L’être humain a autant besoin de contact pour sa santé psychologique qu’il a besoin de respirer pour sa santé physique. Qu’est-ce que le contact? Le contact, c’est « toucher et être touché » physiquement et psychologiquement. Être touché psychologiquement, c’est se laisser affecter, influencer, transformer par l’autre, c’est lui donner le droit d’exister dans notre vie. Toucher l’autre psychologiquement, c’est lui révéler qui je suis et ce que je ressens. C’est dire implicitement à l’autre : tu as une place dans mon univers, je te vois, je t’écoute, tu comptes pour moi et je prends aussi ma place dans ton univers.
Nous avons besoin d’être vu, entendu, touché, reconnu, affecté par les autres. Nous avons besoin de voir, toucher, entendre, sentir et reconnaître les autres. C’est un besoin fondamental de l’être humain. Sans contact, nous nous desséchons et nous perdons notre joie de vivre. Le contact peut nous sauver la vie et nous ramener à l’existence. Qui ne connaît pas l’effet d’une caresse ou d’un geste d’affection?
Hier, un homme est venu me voir après une conférence et m’a raconté l’histoire suivante. Son épouse est décédée le laissant seul avec des enfants en bas âge. À l’extérieur, il s’est comporté comme un « vrai homme » et n’a rien laissé voir de sa souffrance profonde. Cependant, il a commencé à boire de plus en plus pour oublier. Graduellement, il a perdu le goût de vivre et a commencé à se négliger.
Le jour de la fête des Mères, deux ans après le décès de son épouse, sa petite fille de sept ans est venue le réveiller avec un petit déjeuner au lit et une chandelle portant le chiffre deux. Elle lui a dit : « Il y a deux ans que maman est morte, c’est toi ma maman maintenant ». Il s’est laissé toucher par l’amour profond et la confiance de son enfant, il a arrêté de boire, il a recommencé à faire de l’exercice physique. Petit à petit, il a repris le goût de vivre. Voilà un geste d’amour qui a eu un grand impact. Je crois que nous avons tous besoin de gestes d’amour pour nous aider à passer à travers les petites et grandes difficultés de la vie.
Nous avons besoin de recevoir de l’amour et besoin d’en donner, que ce soit sous la forme de paroles, de regards, de gestes ou de contacts physiques.
Nous sommes tellement affamés de contact que même un contact léger modifie notre comportement. À preuve, cette expérience conduite par des psychologues. On laissait volontairement un 25 sous dans une boîte téléphonique. Dans la première condition expérimentale, l’expérimentateur allait tout simplement dire à la personne qui venait de trouver et d’empocher le 25 sous : « J’ai oublié un 25 sous dans la boîte téléphonique, l’auriez-vous trouvé par hasard? ».
Dans la seconde condition expérimentale, l’expérimentateur disait exactement la même chose, mais cette fois touchait légèrement le bras de la personne à laquelle il parlait. Le pourcentage des gens qui remettaient le 25 sous augmentait de 20 % lorsqu’il y avait ce léger contact physique joint à la question.
Bien sûr, tout le monde n’a pas envie d’être touché indistinctement. Il est important d’user de notre sensibilité dans ce domaine et de trouver de quelle façon verbale ou non verbale nous pouvons manifester aux autres la place petite ou grande qu’ils ont dans notre existence. Par exemple, un regard est une forme de toucher et peut transmettre bien des messages. Un sourire aussi.
Spitz, un chercheur en psychologie de l’enfant, a travaillé pendant des années sur le « syndrome de l’hospitalisme ». Les enfants en institution (hôpital ou crèche) qui étaient privés de contact manifestaient des symptômes physiques et psychologiques pouvant aller jusqu’à se laisser mourir par manque de contact.
À l’hôpital Sainte-Justine de Montréal, les intervenants ont effectué une recherche sur les enfants qui étaient visités par rapport aux enfants qui recevaient peu de visite. Les enfants qui avaient plus de contacts, pleuraient et manifestaient plus leur désarroi au moment du départ de leurs parents, mais ils guérissaient plus vite et avaient moins de symptômes et d’effets secondaires.
Les enfants prématurés placés en incubateur qui sont touchés, caressés et manipulés (à l’aide de gants stériles qui s’introduisent dans l’incubateur) effectuent une prise de poids plus rapide et montrent une plus grande résistance que les enfants touchés uniquement pour les soins de base.
De plus, les recherches ont montré qu’il y a une corrélation directe entre la quantité et la qualité de vos contacts et votre santé psychologique et physique. Même la présence d’un animal nourrit notre besoin de contact. Plus les gens sont riches en contacts, plus ils sont en bonne santé. C’est la meilleure des vitamines, le contact!
De même que nous sommes plus souples et plus vivants (plus de circulation d’énergie) après un massage, de la même façon nous sommes plus heureux, plus vivant et plus créateur chaque fois que nous choisissons de laisser entrer quelqu’un dans notre univers mental ou physique ou d’entrer dans celui d’un autre.
Et les ermites me direz-vous? La qualité de leur contact avec Dieu, avec l’univers, avec les êtres humains se passe sans parole et sans geste. Le contact est cependant présent au niveau du cœur si la vocation de cet ermite est vraiment née de l’amour.
Quelle est la chose la plus égoïste que vous puissiez faire?
Aimer les autres! Osez aimer et le manifester et vous vous en porterez d’autant mieux. Ouvrez-vous à la vie, laissez-vous toucher par les joies et les peines des autres et votre vie en sera plus riche.
De même qu’un massage augmente la qualité et la quantité de notre relation à notre propre corps, une rencontre véritable avec un autre être humain nous permet de mieux nous connaître et nous aimer.
Il est parfois difficile de dire : je t’aime, je t’apprécie, je te remercie, je t’accorde de l’importance. Nous sommes gênés d’exprimer nos sentiments et avons peur d’être accueilli par un rejet. Apprenons à donner notre amour et à créer des contacts sans rien attendre en retour, pour le plaisir, tout simplement. Le jeu en vaut la chandelle! Quand on donne de l’amour, on reçoit autant sinon plus que l’on donne. L’amour passant à travers nous nous guérit au passage.
Conseils :
- Manifestez votre affection à ceux que vous aimez par des mots, des gestes, de petites attentions, vous répandrez le bonheur autour de vous et vous en serez d’autant plus heureux.
- Soyez présents à chaque personne que vous rencontrez, regardez-la dans les yeux, donnez-lui de l’importance, notez ce qu’elle a de beau, intéressez-vous à elle, vous serez surpris de la richesse que chaque personne contient et heureux de voir ses yeux s’illuminer quand elle verra votre intérêt véritable.
- Soyez généreux de votre sourire, de votre attention, de votre admiration, de vos compliments. Ça coûte si peu et ça fait tellement de bien à tous, en commençant par vous-même.
- Soyez attentifs à ce que ressentent les gens autour de vous. Manifestez-leur que vous comprenez ce qu’ils vivent et, comme il est dit dans l’évangile, pleurez avec ceux qui pleurent, dansez avec ceux qui dansent.
- Cherchez sans cesse à augmenter la quantité et la qualité de vos contacts avec vous-même et avec les autres. Écoutez, parlez, ressentez un peu plus que d’habitude! Devenez conscient de l’impact et de l’importance du contact pour vous et les autres.
- Apprivoisez-vous au contact physique et faites aussi ce cadeau à ceux que vous aimez.
- Osez être vous-même, dire votre vérité, exprimer vos émotions. Entrez en contact réel avec vous-même et ce que vous ressentez. Osez le dire et le manifester. C’est tellement libérateur!
- Appelez ou écrivez à quelqu’un que vous aimez et dites-lui pourquoi vous l’aimez.
- Quand cela semble acceptable, touchez les gens que vous rencontrez, embrassez vos enfants et vos parents, parlez-leur d’eux et de leur importance pour vous.
- Soyez heureux.