La puissance du lâcher prise

Ce matin-là, je devais me rendre à la gare d’autobus, les bras remplis de bagages : une valise sur roulettes, un sac à dos rempli de souliers et une boîte de métal importante. Tout était massif et pesant pour mon dos, mes épaules, mon corps. Je pris d’abord le tramway pour me rendre jusqu’au Subway (métro de Toronto) le plus proche. Les corridors menant à l’embarquement me paraissent longs de plusieurs kilomètres. J’avais soif! J’avais chaud! Je sortis du métro pour marcher dans la rue, dans le froid, jusqu’à la gare. J’achetai mon billet et m’assis sur un banc en attendant le départ.

C’est sur ce banc que je réalisai que le sac à souliers était ouvert et… il manquait un soulier. Malheur! Ces souliers étaient tout neufs! Je les aimais tellement! Ce n’était pas possible! La rage au cœur, je tournai en rond! Je détestai la vie!

En jetant un coup d’œil sur ma montre, je réalisai qu’il restait vingt minutes avant le départ de l’autobus. Sans trop réfléchir, je repris tous mes bagages sur mes épaules et dans mes bras et décidai de rebrousser chemin pendant dix minutes et de revenir. J’aurais au moins fait un petit effort pour retrouver le fameux soulier perdu.

L’effort ne fut pas moindre. Les bagages étaient de plus en plus accablants. La fatigue et la rage les avaient alourdis. Je sortis de la gare scrutant les moindres replis sur le trottoir, sur les rues, sur les bords de trottoirs, sur les pelouses environnantes. Je n’étais que yeux! Je me rendis jusqu’à la station de métro sans succès. Aucun soulier!

Tout à coup, une étrange sensation me traversa. Je me mis à penser autrement. La rage avait disparu. Je me disais :

  • Si j’ai perdu ce soulier, c’est qu’il y a une bonne raison que je ne connais pas encore. Mieux vaut oublier ce soulier… La vie continue…

J’avais lâché prise, totalement. Puis, lentement, je rebroussai chemin vers la gare pour prendre l’autobus.

Sur ce même trajet, j’aperçus, sur le mur d’un édifice voisin, une lumière qui projetait ses rayons en formant un grand cercle éclairé sur le sol. Et, au centre de ce cercle, gisait… mon soulier. Je remerciai!

Victor, Toronto

Partager

autres articles intéressants

Anne Marie Riel

Danser sa vie

Saviez-vous que tous les humains sont des danseurs naturellement doués? Nous dansons depuis que nous existons! Toute la nature danse et, en dansant, la vie se célèbre et se reconnaît.

Nathalie Courcy

L’écriture qui dénoue les blocages

« Ce que nous portons de vieilles blessures, de problèmes non résolus, de regrets et de souffrances devient comme une force souterraine susceptible de contaminer notre vitalité et d’entraver le flot naturel de la créativité. »  − Anne-Marie Jobin, Créez la vie qui vous ressemble