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L’intuition a-t-elle un sexe? – Le point sur le mythe entourant l’intuition féminine

L’intuition n’a pas de sexe.  Elle n’est pas le propre des femmes. Elle n’est pas féminine.

Les hommes possèdent aussi un 6e sens. Pour démystifier la réalité de l’intuition, il est essentiel de la dissocier du sexe.

Bien que l’intuition soit plus souvent attribuée aux femmes, il existe des cas éloquents d’intuition chez les individus de sexe masculin. Parmi les nombreux exemples, celui de Jonas Salk, médecin et inventeur du vaccin contre la polio, est particulièrement poétique. Il affirme que l’intuition est comme « une vague qui laisse des trésors sur la place qu’il a hâte de cueillir chaque matin ». Dans le monde des affaires, les personnes les plus intuitives sont assurément les négociateurs sur le parquet de la bourse. Pris dans le feu de l’action, ils n’ont pas le temps de réfléchir et de rationaliser leurs décisions. N’ayant parfois qu’une fraction de seconde pour réagir, ils se servent de leurs instincts.

Si l’intuition n’a pas de sexe, pourquoi l’attribue-t-on aux femmes le plus souvent?

En fait, les femmes ne sont pas les seules à avoir utilisé cette source d’information par le passé. Les nations aborigènes, amérindiennes et les cultures ancestrales puisaient leur sagesse et leurs connaissances dans leur rapport très intime avec la nature. Cette dernière leur révélait son intelligence, ses propriétés thérapeutiques et ses lois à travers l’intuition. En revanche, ce sont les femmes qui ont préservé l’héritage ancestral de l’intuition au fur et à mesure que cette culture disparaissait (voir encadré). Exclues, jusqu’à tout récemment, d’une collaboration dans la science matérialiste du monde moderne, elles sont restées branchées sur leur savoir intérieur. En adoptant la pensée occidentale et plaçant la science mécaniste au centre de sa compréhension du monde, l’occidental moderne s’est éloigné de sa source interne de connaissance. Il faut savoir que ce sont les préjugés de la science, et non l’expérimentation empirique, qui ont mystifié et qualifié de magiques et de surnaturelles les connaissances traditionnelles. Bien qu’elle s’en défende encore, cette science moderne s’est mise au service de l’industrie et du monde mécanique. Elle a restreint notre perception du monde à une réalité visible et pragmatique. Mais depuis quelques décennies, les progrès de la connaissance sur la matière ont été tels que certains scientifiques sont maintenant en quête de nouveaux champs d’exploration.

Bon nombre d’entre eux commencent à s’intéresser aux grandes questions concernant la vie et ses mystères. Et voilà qu’émerge une nouvelle génération de chercheurs qui s’interrogent sur la réalité de l’intuition, la nature de la conscience, les mécanismes de la télépathie.

L’auteur Dan Brown, dans son succès populaire le Code Da Vinci, met en relief l’acharnement avec lequel la religion catholique s’est opposée à l’héritage ancestral issu de la foi païenne. L’origine de cette rivalité tient dans des croyances perçues comme opposées bien qu’elles soient, en réalité, complémentaires. La foi chrétienne honore une puissance céleste, patriarcale dans son essence, intangible et source d’une sagesse parfois difficile à saisir. Alors que la foi païenne, matriarcale et intimement liée aux forces de la nature, honorait la terre, mère de la création et source de vie. La femme est demeurée l’icône de ces croyances et a subi l’oppression et la persécution de l’Église catholique en raison de la méfiance qu’elles suscitaient.
L’acharnement a été tel qu’il subsiste encore aujourd’hui dans l’inconscient masculin une crainte et une incompréhension profonde de la nature féminine. On constate que la rivalité entre le féminin et le masculin ne date pas d’hier et tient ses origines dans l’affrontement entre le culte aux divinités terrestres et celui voué aux divinités célestes.

Les prémisses de la connaissance sur l’intuition
Si l’intuition n’est pas une faculté exclusivement féminine, d’où vient-t-elle alors? Elle fait partie du système de perception de toute personne au même titre que la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Si on y réfléchit bien, on constate que chacun de nos sens révèle une facette différente de la réalité. Par exemple, nos yeux perçoivent la lumière – les ombres, les reliefs, les couleurs. L’information visuelle résulte de l’interprétation des rayons lumineux sur la surface des choses. Le toucher, quant à lui, nous dévoile un autre type d’information. Il permet d’ajouter une dimension tactile et tangible à la réalité. Sans lui, la vision ne reste qu’une interprétation des effets de la lumière. L’évolution de notre système de perception s’observe très bien chez les nourrissons. Vers l’âge de deux ans, lorsqu’ils voient quelque chose qui les attire, ils s’en approchent pour la découvrir. Ils la saisissent et la mettent dans leur bouche. Cette exploration leur permet d’apprendre à distinguer les choses les unes des autres. Ainsi, chacun de nos sens capture un aspect bien défini de notre environnement et c’est cette collaboration qui nous donne notre compréhension du monde.

De ce point de vue, on peut se demander quelle est la nature de l’information révélée par l’intuition? La réponse : la conscience. La conscience de quoi? Celle du lien qui existe entre toutes choses. Utiliser notre intuition, c’est un peu comme suivre un fil dans une toile d’araignée. Peu importe notre point d’entrée, chaque fil nous mène toujours au centre, là où se trouve notre réponse. Par exemple, pour obtenir une réponse intuitive à une question, vous pouvez décider de choisir que l’objet qui se trouve sous vos yeux est l’amorce de la réponse que vous cherchez. Avec votre imagination, laissez l’objet évoquer des idées, des histoires. Et suivez le fil de votre imagination (sans la censurer!) jusqu’à ce que vous sentiez que vous avez atteint le centre. Vous saurez que vous avez votre réponse lorsque vous sentirez en vous une sorte d’éclair, de déclic, un « Eurêka! ». S’installeront alors une certitude et une certaine excitation qui vous confirmeront que vous avez trouvé la meilleure réponse pour vous.

La conscience de l’intuition est aussi liée à notre destin. Imaginez un instant que vous êtes une cellule dans un organisme vivant. Vous, comme chacune des autres cellules, jouez un rôle spécifique et unique qui contribue à l’équilibre de l’ensemble. Lorsque nous étendons ainsi notre perspective vers l’unité, nous commençons à percevoir les manifestations d’un univers « à l’écoute » de nos pensées et y répondant. Par exemple, j’ouvre un livre au hasard et trouve spécifiquement la réponse à l’une des questions qui me préoccupaient. Je quitte mon emploi et le jour même, on m’offre le poste de mes rêves. Je pense à une amie quelques secondes avant qu’elle me téléphone. Ce phénomène, d’abord observé par le psychanalyste Carl Jung, se nomme la synchronicité des événements ou, ce qu’il nommait aussi, les coïncidences chargées de sens. Et ce sens, attaché à chaque situation, c’est l’intuition qui nous le révèle.

La conscience qu’apporte l’intuition ne peut avoir de sexe. Elle crée des liens qui nous unissent et non qui nous distinguent. Comme un oiseau qui observe le monde du haut du ciel, notre perspective s’élargit jusqu’au point où elle englobe tout. Le cosmonaute Edgar Mitchell a spontanément saisi la nature de la conscience en observant la terre à partir de la lune. Il a dit : « Dans un seul instant, j’ai compris que cet univers est intelligent. Il avance dans une direction et nous avons un rôle à jouer dans cette évolution. […] La conscience représente l’élément fondamental et la matière-énergie est le produit de cette conscience. Si nous changeons notre façon de percevoir qui nous sommes, et que nous nous percevons comme des êtres créatifs et éternels qui créent l’expérience physique, alors nous commençons à créer et à voir le monde dans lequel nous vivons de façon très différente.

Pour arriver à percevoir quelque chose, il faut d’abord accepter que cette chose existe. L’intuition est directement liée à notre capacité d’étendre notre perception au-delà de ce qui est tangible. Dorénavant, la décision de s’ouvrir à cette réalité appartient de façon égale aux hommes et aux femmes. Il faut en finir avec ce mythe de l’intuition féminine porteur de préjugés et de pouvoirs mystérieux. La capacité de rétablir la communication avec l’intuition et de se remettre à l’écoute dépend d’un acte conscient de chacun. Il en va peut-être de même de notre survie de porter attention au lien qui nous unit à cette nature nourricière et protectrice. Si nous tendons l’oreille, elle peut assurément encore nous révéler son intelligence universelle. Les solutions créatives aux problèmes modernes apparaîtront lorsque nous adopterons une perspective holistique, c’est-à-dire qui englobe et tient compte des liens qui nous unifient. Cette prise de contact se fait au cœur de chaque individu et n’a pas de sexe. L’intuition est au centre de ce qui nous rassemble et non de ce qui nous distingue.

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