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Négocier les transitions de vie

Changer, « transiter » et s’adapter

Transitions… Voie de passage obligé vers l’acceptation et l’intégration d’un changement dans ma vie… Porte tournante entre ce que j’étais, ce que je suis et ce que je cherche à devenir…  Changer, « transiter » et s’adapter.

Confrontés à un changement, notamment la retraite, mes clients me font souvent penser à ces personnages, au cinéma, qui quittent un continent connu, seuls, sur un radeau de fortune (parfois aussi sur un magnifique voilier), vers une terre totalement inconnue. Incertains de la direction à prendre, de ce qui leur arrivera et de ce qu’ils trouveront, la majorité se lance quand même à l’aventure, avec courage et détermination. Ils ont choisi de prendre le contrôle de leur existence et ils ont bien l’intention de trouver à destination ce qu’ils sont venus y chercher, mais aussi ce qu’ils y apportent.

Contrairement à la transition, le changement est extérieur à soi. Il peut être choisi ou imposé. Choisi, il s’agit, par exemple de déménager, de chercher un nouvel emploi afin d’obtenir de meilleures conditions de vie, de se marier, de quitter une relation qui emprisonne, de prendre une retraite attendue et bien méritée ou de modifier certaines habitudes qui nuisent plutôt que servir : fumer, se mettre en colère, trop manger, manquer d’autonomie… Dans ce cas, même si la transition peut sembler difficile, puisqu’elle met la vie et les habitudes sens dessus dessous, elle porte aussi en elle beaucoup d’espoir et d’enthousiasme, voire de fierté et d’estime de soi.

La transition est bien plus douloureuse, on s’en doute, quand le changement est imposé : retraite forcée et inattendue, congédiement, promotion refusée, abandon par l’être aimé, deuil ou encore maladies et accidents graves qui hypothéqueront le reste de l’existence. Dans ce cas, elle pourra aussi s’accompagner, dans les premiers temps, de sentiments et d’émotions particulièrement difficiles : injustice, rejet, inutilité, abandon, humiliation, honte, culpabilité, apitoiement sur soi-même, tristesse, déception, amertume et solitude.

Si vous vivez une transition difficile, en connaître ses phases vous rassurera. Vous comprendrez qu’il est « normal » de vous trouver déstabilisé et dans la tourmente pendant un certain temps, mais aussi que tout se termine en général par un dénouement positif pour qui prend le contrôle de sa vie. Si cette période de transition vous semble interminable, sachez aussi que si vous la précipitez ou l’ignorez, vous risquez de prendre de « mauvaises » décisions et d’avoir à tout recommencer. Tôt ou tard, le changement vous rattrapera.

Trois phases incontournables

Dans son ouvrage « Les transitions de vie » (InterÉditions, 2006), William Bridges divise les transitions en trois phases : la fin, la zone neutre et le renouveau. Ces étapes correspondent au changement, à la transition proprement dite, puis à l’intégration du changement dans la vie, c’est-à-dire l’adaptation.

Le changement. C’est la fin; le détachement, le départ pour le grand voyage.

C’est le moment de se jeter à l’eau, de se séparer, de se détacher et d’abandonner ses habitudes sécurisantes, sa zone de confort, les lieux et les visages familiers, son statut social, le pouvoir et probablement aussi certains rêves. Déséquilibre, bouleversement, fébrilité, espoir et inquiétude font souvent partie du voyage. La personne est très préoccupée par le changement. Elle y consacre beaucoup d’énergie. Elle se sent parfois dépassée par les événements et bien seule aussi.

La transition. C’est la zone neutre; l’entre-deux, l’incertitude, seul sur son radeau.

Cette période est plutôt déstabilisante, car, tout en s’efforçant de renoncer aux anciennes façons de faire, il s’agit, en même temps, d’en trouver de nouvelles, de préparer l’avenir, de poser des jalons, de prendre des décisions et de trouver d’autres repères. La personne est physiquement détachée des gens et des choses du passé, mais elle n’a pas encore réussi à s’attacher totalement au présent.

La confusion, la fatigue, l’angoisse, l’anxiété, la nervosité et l’irritabilité sont parfois aussi du voyage, tout comme des problèmes de santé, petits et grands, associés au stress : sommeil perturbé, problèmes de mémoire, symptômes psychosomatiques et autres. Cela est normal, mais il s’agit de ne pas les laisser prendre le dessus.

Le doute l’assaille aussi de toutes parts. Bien des justifications rationnelles, une prudence exagérée ou la peur de l’opinion d’autrui se chargeront de mettre à l’épreuve sa motivation. La tentation est grande de résister au changement et de faire « marche-arrière » surtout si, en chemin, d’autres occasions et d’autres tentations plus faciles ou plus agréables se présentent, un peu comme pour vous tester. Certains voudront même attendre passivement que quelqu’un prenne les décisions à leur place.

Ces hésitations sont saines et normales puisqu’elles permettent d’éviter de commettre des erreurs, mais elles peuvent aussi pousser à l’abandon ou à faire traîner les choses en longueur au risque de les voir avorter.

L’intégration. C’est l’arrivée à destination; le commencement, le nouveau départ.

Doute, frustration, inquiétude cèdent maintenant la place à l’espoir, au soulagement, à l’enthousiasme, à la satisfaction et souvent aussi à la fierté. Tout à coup, toutes les possibilités, toutes les propositions que la vie a faites deviennent réalité. Les avantages l’emportent sur les inconvénients et les risques sur les résistances et les blocages. Les obstacles sont tombés. La vue est dégagée; le monde est différent. L’avenir semble plus serein même s’il faut encore y consacrer du temps et des énergies. Le changement s’intègre peu à peu à la vie et il n’est plus aussi préoccupant. La vie continue avec de nouveaux plans et de nouvelles façons de voir les choses, le monde et soi-même. La transition est terminée; l’adaptation est quasiment terminée.

Vive le changement! Vive la vie!

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