Nous avons une tendance naturelle à l’activité; généralement, c’est une activité qui vise l’amélioration de ce que nous sommes ou de ce qui nous entoure : nous faisons de l’exercice physique, nous décorons nos maisons, aménageons notre terrain, suivons des cours ou participons à des ateliers pour augmenter notre savoir ou nos compétences. Nous rêvons tous d’un avenir meilleur pour nous et pour d’autres, mais cette vie idéale nous échappe aussitôt que nous croyons la saisir. Ce que nous savons intuitivement, loin au fond de nous, presque enterré sous les préoccupations quotidiennes, c’est que notre vie peut s’approcher de l’idéal dont nous rêvons : au milieu de la ville, quand nous rêvons de la campagne, au milieu de l’agitation quotidienne, quand nous rêvons de calme et de paix, au milieu des responsabilités quelquefois bien lourdes, quand nous rêvons de liberté. Comment est-ce possible?
Nous avons le pouvoir de transformer ce quotidien qui paraît terne ou chaotique, en transformant notre façon de le vivre. On pourrait appeler cela l’art de vivre. C’est un art supérieur, pour lequel les femmes sont particulièrement douées, ce qui n’exclut pas les hommes pour autant.
En effet, ce n’est pas tant ce que l’on fait qui importe, mais la façon dont nous le faisons. Comment procéder pour opérer cette transformation? L’harmonie, le calme que je cherche, il me faut le cultiver en moi tout d’abord. Cette démarche de l’intérieur fait alors des vagues qui se répercutent sur mon environnement immédiat, mon entourage personnel, puis de cercle en cercle à travers ceux que j’ai touchés, sur des personnes que je ne connais même pas, puis finalement sur toute la société. Ce changement que j’ai apporté se répercute bien au-delà de ma petite personne.
Voilà pourquoi Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde ».
Quoi changer, comment faire vivre cette aspiration en moi? Il me faut écouter mon être intime, entendre ce qu’il a à me dire. Il a de bons conseils : « Sois plus patient envers cette personne », « Prends le temps d’écouter ton enfant », « Aie confiance », « Ne saute pas aux conclusions trop vite », « Ne le prend pas personnel », etc…
Il me faut créer les conditions favorables pour que cette écoute intérieure puisse se produire : me réserver du temps pour entendre ces conseils bienveillants, ce dialogue important avec mon être intime, le cœur de ma personne, ce noyau spirituel, qu’on nomme l’esprit.
Il me faut aussi lui donner « à manger », nourrir son appétit de beauté, d’harmonie et d’amour. L’art peut être un de ces moyens privilégiés pour renouer avec l’intérieur et aussi pour le nourrir. Platon affirmait, quatre siècles avant Jésus-Christ : « La musique est un moyen plus puissant que tout autre parce que le rythme et l’harmonie ont leur siège dans l’âme. Elle enrichit cette dernière, lui confère la grâce et l’illumine. ».
Écouter de la bonne musique, chanter dans une chorale ou seul chez soi, broder, peindre, dessiner, écrire ou lire des textes qui touchent mon cœur; ce n’est pas le résultat extérieur qui compte, c’est le processus, et le résultat est là, même si on ne le voit pas. Ce résultat, c’est le développement de mon être intérieur et la satisfaction d’avoir ajouté à la beauté, d’avoir pu réaliser mon désir d’harmonie.
La construction de mon être intérieur, voilà la mission de ma vie! En m’élevant (comme on élève un enfant), je suis heureux et j’en fais bénéficier tout mon entourage. Je participe à la création de ce monde meilleur que je souhaite pour moi, pour ma famille et mes amis. Je travaille activement à sa venue, par mes pensées bienveillantes envers moi-même et envers les autres. Et cette activité aura un retentissement sur toute la société et, qui sait, sur le monde…