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Retrouver le rythme grâce au tricot

Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, une maille à l’endroit, une maille à l’envers… Ne trouvez-vous pas que cette répétition rythmée ressemble au battement d’un cœur, au mouvement de nos bras qui bercent un enfant ou encore au rythme des vagues qui caressent le sable?

Tricoter ou crocheter peut être une méditation active plus accessible pour les cerveaux hyperactifs qu’une visualisation ou un exercice de cohérence cardiaque. En effet, il peut être dérangeant de se contenter de respirer pour devenir zen (comme il peut être frustrant de se faire dire « calme-toi » quand on est tout, sauf calme). La méditation statique et silencieuse n’est pas la solution pour tout le monde. 

Un peu comme la marche ou l’écoute de musique occupent le cerveau pendant que le corps se détend, l’artisanat nous permet de nous arrêter pendant quelques minutes ou quelques heures. On tient notre esprit occupé, tout en le gardant éloigné de la charge mentale du quotidien, de l’ennui ou des scénarios catastrophes.

Même si on en profite pour regarder un film ou pour parler en famille pendant qu’on tricote, une partie de nous est entièrement centrée sur le mouvement de nos mains. Ces mains doivent d’ailleurs être détendues, et la respiration doit être contrôlée sinon le tricot sera tendu lui aussi. Le geste de tricoter ne sera pas agréable : impossible de passer l’aiguille dans une maille trop serrée, sans compter que des tensions musculaires s’installeront dans la nuque, le dos et les bras. Tricoter amène donc à observer notre corps, nos pensées et nos émotions. Un bel exercice de pleine conscience.

En plus de nous amener dans un état de calme actif, l’artisanat nous met en contact constant avec la matière et avec l’essence de la créativité. On part de presque rien (un fil) et on crée quelque chose qui n’existait pas. On doit se consacrer à ce fil qui passe entre nos doigts et qui se transforme au rythme des mailles et des rangs. On fait face à nos compétences et à nos limites devant un patron plus ou moins complexe, devant la fatigue du moment, devant nos restrictions physiques ou mentales ou devant le temps qui passe. On apprend, on évolue, on se lance des défis, on éprouve une fierté personnelle devant notre accomplissement. On peut même partager ces moments avec d’autres pour leur enseigner ou pour apprendre d’eux. 

Quand on tient notre tricot, on se retrouve aussi devant un pouvoir de création et un plaisir partagé. La couverture douce qu’on confectionne pour le bébé d’une amie nous accom­pagne pendant plusieurs heures, mais elle restera dans la vie d’une famille pour encore plus longtemps. Les bas tricotés pour un petit-fils ou le foulard qui tiendra un sans-abri au chaud poursuivront leur chemin après avoir quitté nos mains. En allant habiter chez quelqu’un d’autre, nos créations laissent nos mains libres de créer d’autres tricots créatifs et méditatifs, pour soi ou pour d’autres. À la présence croissante de l’anxiété, des écrans et du « chacun pour soi », pourquoi ne pas répondre par un loisir créatif comme le tricot, la couture, la peinture, la broderie? Ce sont des façons originales de s’imprégner du rythme des vagues et de retourner à l’essentiel.

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