Vivre, tout un art!

Nous avons une tendance naturelle à l’activité; généralement, c’est une activité qui vise l’amélioration de ce que nous sommes ou de ce qui nous entoure : nous faisons de l’exercice physique, nous décorons nos maisons, aménageons notre terrain, suivons des cours ou participons à des ateliers pour augmenter notre savoir ou nos compétences. Nous rêvons tous d’un avenir meilleur pour nous et pour d’autres, mais cette vie idéale nous échappe aussitôt que nous croyons la saisir. Ce que nous savons intuitivement, loin au fond de nous, presque enterré sous les préoccupations quotidiennes, c’est que notre vie peut s’approcher de l’idéal dont nous rêvons : au milieu de la ville, quand nous rêvons de la campagne, au milieu de l’agitation quotidienne, quand nous rêvons de calme et de paix, au milieu des responsabilités quelquefois bien lourdes, quand nous rêvons de liberté. Comment est-ce possible?

Nous avons le pouvoir de transformer ce quotidien qui paraît terne ou chaotique, en transformant notre façon de le vivre. On pourrait appeler cela l’art de vivre. C’est un art supérieur, pour lequel les femmes sont particulièrement douées, ce qui n’exclut pas les hommes pour autant.

En effet, ce n’est pas tant ce que l’on fait qui importe, mais la façon dont nous le faisons. Comment procéder pour opérer cette transformation? L’harmonie, le calme que je cherche, il me faut le cultiver en moi tout d’abord. Cette démarche de l’intérieur fait alors des vagues qui se répercutent sur mon environnement immédiat, mon entourage personnel, puis de cercle en cercle à travers ceux que j’ai touchés, sur des personnes que je ne connais même pas, puis finalement sur toute la société. Ce changement que j’ai apporté se répercute bien au-delà de ma petite personne.

Voilà pourquoi Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde ».

Quoi changer, comment faire vivre cette aspiration en moi? Il me faut écouter mon être intime, entendre ce qu’il a à me dire. Il a de bons conseils : « Sois plus patient envers cette personne », « Prends le temps d’écouter ton enfant », « Aie confiance », « Ne saute pas aux conclusions trop vite », « Ne le prend pas personnel », etc…

Il me faut créer les conditions favorables pour que cette écoute intérieure puisse se produire : me réserver du temps pour entendre ces conseils bienveillants, ce dialogue important avec mon être intime, le cœur de ma personne, ce noyau spirituel, qu’on nomme l’esprit.

Il me faut aussi lui donner « à manger », nourrir son appétit de beauté, d’harmonie et d’amour. L’art peut être un de ces moyens privilégiés pour renouer avec l’intérieur et aussi pour le nourrir. Platon affirmait, quatre siècles avant Jésus-Christ : « La musique est un moyen plus puissant que tout autre parce que le rythme et l’harmonie ont leur siège dans l’âme. Elle enrichit cette dernière, lui confère la grâce et l’illumine. ».

Écouter de la bonne musique, chanter dans une chorale ou seul chez soi, broder, peindre, dessiner, écrire ou lire des textes qui touchent mon cœur; ce n’est pas le résultat extérieur qui compte, c’est le processus, et le résultat est là, même si on ne le voit pas. Ce résultat, c’est le développement de mon être intérieur et la satisfaction d’avoir ajouté à la beauté, d’avoir pu réaliser mon désir d’harmonie.

La construction de mon être intérieur, voilà la mission de ma vie! En m’élevant (comme on élève un enfant), je suis heureux et j’en fais bénéficier tout mon entourage. Je participe à la création de ce monde meilleur que je souhaite pour moi, pour ma famille et mes amis. Je travaille activement à sa venue, par mes pensées bienveillantes envers moi-même et envers les autres. Et cette activité aura un retentissement sur toute la société et, qui sait, sur le monde…

La famille : tremplin ou étouffoir?

Des demandes plus grandes que nature
On demande bien des choses à la famille : d’être à la fois un havre de paix, un lieu où l’on se ressource et où l’on se sent en sécurité, mais aussi où l’on sera stimulé, et où, comme enfant, on trouvera les forces nécessaires pour quitter le nid, prendre son envol et aller voir ailleurs. Au sein de sa famille, chaque individu, père, mère ou enfant, aspire à être aimé de façon inconditionnelle et à réaliser pleinement tous ses désirs. Mais chacun sait, par expérience, qu’il n’y a pas d’amour qui ne soit teinté d’ambivalence, pas de désir qui ne s’accompagne aussi de souffrance.

Des changements historiques et une constante
La famille a de tout temps été un lieu de socialisation, mais sa structure a beaucoup changé. La famille dite « élargie », a été ébranlée par l’industrialisation massive et la profonde mutation des rapports de travail. L’urbanisation à outrance, de plus en plus de déplacements de la main-d’œuvre, l’apparition d’une classe moyenne de plus en plus consumériste ont, entre autres, contribué à l’éclatement de la famille traditionnelle. La famille a aussi subi des changements dans la mesure où l’institution du mariage elle-même a cessé d’être un arrangement garantissant la stabilité sociale et la perpétuation du nom par la descendance. Le contrat de mariage s’est doublé d’un pacte d’amour considéré comme la panacée. À partir des années 1960, avec l’indépendance économique et le contrôle des naissances, un autre changement s’est produit puisque les femmes ont commencé à demander le divorce lorsqu’elles ne trouvaient pas dans le couple les facteurs propices à leur épanouissement. Il reste cependant un fait que le modèle patriarcal est encore très présent, et profondément intériorisé par les femmes, sans compter que le besoin de sécurité matérielle se calque souvent sur le besoin de sécurité affective présent chez tous les individus. D’étendue, la famille est devenue souvent nucléaire, monoparentale voire recomposée. Entre ces configurations diverses règne pourtant une constante : il semble bien que la lente conquête de l’autonomie s’applique en fait tout autant auxdits « adultes » qu’aux enfants!

Les tiraillements de la construction de soi
Depuis l’avènement de la psychanalyse et de la psychologie cognitive, puis l’apport des neurosciences, on sait que la structure psychique d’un individu n’est ni totalement innée ou acquise mais un mélange des deux. Chaque personne se retrouve aux prises avec des pulsions, traverse des stades et des complexes. Dès la naissance, des conflits se jouent avec le monde extérieur, ce qui met en place des modes d’attachement aux autres qui laissent des traces biologiques dans le monde intime du sujet. Les neurosciences nous apprennent qu’il existe une certaine plasticité du cerveau et que donc, même si les premières années de l’enfance sont très formatrices, il existe des possibilités de soigner les traumatismes. Nous aurions donc tous une certaine marge de manœuvre pour nous développer et nous épanouir au-delà des blessures de l’enfance.

Les héritages
Qu’on les appelle des valises ou des casseroles, il semble parfois que nous traînions des maux qui nous dépassent, qui nous viennent de loin. Nous sommes tous plus ou moins conditionnés par les modèles que nous ont imposés nos parents; et la prise de conscience et le démêlage de ce qui nous fait nous et de ce qui nous programme inconsciemment représente souvent le travail d’une vie entière. Mais au-delà de ce bagage génétique et intergénérationnel, il existe aussi un héritage que l’on peut appeler le transgénérationnel. Cet héritage peut se manifester par des loyautés invisibles, des répétitions d’accidents apparemment incompréhensibles qui font partie de ce que l’on appelle le syndrome d’anniversaire. En se penchant sur sa généalogie, on peut travailler certaines étapes du deuil, renoncer à certains schémas et adopter une nouvelle perspective sur la complexité familiale. Même si on n’a pas l’impression d’avoir choisi sa famille, on peut consentir d’y être né et finir par se réapproprier son histoire.

Développer des compétences pour devenir l’artisan de sa vie
Pris dans ce champ de forces, entre nos bagages plus ou moins encombrants et nos pulsions primitives, et sans les rites de passage qui aidaient autrefois l’individu à prendre sa place, il devient difficile de se construire et dépasser ses ardeurs et ses contradictions. Construire sa vie est exigeant et réclame avant tout que l’on puisse tourner son regard vers l’intérieur. À l’image des consignes reçues à bord des avions, en cas d’alerte, il est essentiel de bien ajuster son masque à oxygène avant d’aider son voisin. Il en va de la survie des deux. Si le « je » est faible, il sera incapable de se comporter de façon éthique avec autrui; en étant conscient de nos tensions intérieures, leur impact est moins dévastateur. Gérer ses émotions, accepter les tensions, négocier sans nier l’autre, faire des compromis, passer des contrats et les respecter, c’est tout un art et cela s’apprend. Cet apprentissage peut se faire, dans le meilleur des cas, au sein de la famille mais il est aussi tributaire de choix de société. Il est crucial d’investir dans l’éducation et plus particulièrement dans le développement précoce des compétences qui tournent autour du savoir-être. C’est une étape indispensable dans le cheminement vers l’autonomie. On ne peut pas tout demander à la famille sans quoi elle deviendrait effectivement plus un étouffoir qu’un tremplin…

L’art-thérapie, lorsque les mots nous manquent…

Exprimer nos émotions, des idées ou encore des malaises indicibles en couleurs et en lignes peut sembler, au premier abord, une tâche impossible, voire simpliste. C’est ne pas comprendre le pouvoir d’évocation, de réminiscence et d’intégration intérieure que peut avoir sur nous la création visuelle. Lorsque l’on cherche à exprimer un état d’âme, un traumatisme, un besoin, une émotion – surtout une émotion difficile comme la colère, la violence, la jalousie – il arrive que les mots nous manquent. Et que les maux nous restent… C’est à ce moment que le langage visuel peut nous venir en aide, car il court-circuite le rationnel, permettant ainsi de dépasser des blocages et arriver à des prises de conscience initiatrices de transformations thérapeutiques parfois radicales.

Les couleurs, utilisées en conjonction avec le ressenti, expriment souvent l’émotion pure, non traduite par les mots. Pensez à certaines expressions populaires telles qu’avoir les bleus, voir rouge; les couleurs semblent toutes indiquées pour concrétiser les émotions vécues. Il en est de même pour les traits; voyez ce que véhiculent pour vous les lignes brisées, zigzagantes, horizontales, verticales ou courbes. Prenez un crayon et laissez-vous illustrer la joie, la colère, la tristesse, l’angoisse, l’amour. Découvrez votre langage pictural à l’aide d’un simple crayon à mine ou d’un stylo. Qu’arriveriez-vous à dire si vous y ajoutiez la couleur?

La relation art-thérapeutique est tripartite, sa dynamique provenant à la fois du client, de l’art-thérapeute et de l’image créée. Le client est influencé par son image au fur et à mesure qu’il la crée; il la modifie dans un dialogue visuel intime et intense. L’interprétation et l’émotion de l’art-thérapeute face à cette image passe au second plan, car les images créées par le client lui appartiennent et lui seul sait les décoder. L’art-thérapeute joue un rôle de soutien, de témoin et de reflet du cheminement intérieur de son client à travers ses créations.

L’art-thérapie s’adresse aux individus de tous âges, aux couples, aux familles et aux groupes et toutes les problématiques peuvent en bénéficier. Au Québec, le titre Art-thérapeute professionnel du Québec (ATPQ) est réservé aux personnes ayant complété une maîtrise universitaire (M.A.) en art-thérapie ou une formation universitaire équivalente et reconnue par l’association des art-thérapeutes du Québec.

Bien que cette approche semble nouvelle, elle est bien ancrée dans l’histoire de la psychologie depuis au moins 55 ans. La profession s’est développée parallèlement aux États-Unis et en Angleterre et a maintenant acquis ses lettres de noblesse sur plusieurs continents. L’UNICEF a publié un livre intitulé Dessine-moi la paix, fruit du travail de « debriefing » d’enfants victimes de la guerre en ex-Yougoslavie.

Freud et Jung travaillaient avec les rêves et les émotions de leurs patients, les encourageant à voir et à décrire les images qui se présentaient à eux. S’ils leur avaient demandé de concrétiser en couleurs et en lignes ces images, ils seraient restés branchés plus directement avec l’inconscient de leurs patients, ce qu’ils recherchaient. Jung a utilisé le dessin, surtout les mandalas, pour explorer et étudier son propre inconscient. Quelques années plus tard, ce sont deux femmes aux États-Unis qui ont exploré plus à fond les possibilités du langage visuel concrétisé et qui ont créé les fondements de l’art-thérapie.

On trouve maintenant des art-thérapeutes dans les hôpitaux, dans les cliniques psychiatriques ou médicales, les CLSC, les centres gériatriques, les écoles ainsi que les résidences pour jeunes en difficultés, les organismes communautaires, etc.

En tant que professionnel en santé mentale, l’art-thérapeute doit fournir l’espace thérapeutique sécuritaire essentiel pour que son client se sente accueilli dans sa démarche et développe sa confiance en lui à l’aide de sa créativité et de son expression visuelle et verbale.

Le mandala, outil thérapeutique

J’ai découvert le mandala en participant à un atelier de connaissance de soi, il y a déjà environ quinze ans. Comme exercice de clôture pour boucler son atelier, l’animateur nous a invité à laisser émerger ce avec quoi nous repartions. Il nous a proposé de représenter en couleur, à l’intérieur d’un cercle, notre état d’âme du moment présent. Ce fut pour moi une découverte extraordinaire. Je visualisais mon ressenti comme reflété dans un miroir. Telle couleur représentait ma joie, ma satisfaction, ma fierté de m’être donné ce cadeau, telle forme était l’image d’une nouvelle prise de conscience. Tel mouvement me renvoyait le sentiment que j’avais pris soin de moi et l’ensemble de mon mandala me montrait que j’étais allée plus loin sur le plan psychique, au niveau de ma guérison de l’âme. J’étais émue, très touchée.

Mais qu’est-ce que le mandala?
Mandala est un mot sanskrit (langage des brahmanes de l’Inde) signifiant « cercle, centre, unité, totalité ». Il s’exprime dans un dessin circulaire, convergeant vers un centre porteur d’infini. Dans la tradition orientale, le cercle représente le « Divin », sa manifestation, sa création. Ce symbole du cercle se retrouve dans toutes les cultures et toutes les traditions, tant occidentales qu’orientales. Le cercle est le symbole de la vie : la naissance, la maturité, la mort et la résurrection ou la renaissance.

Pratiquement tout, autour de nous, est circulaire ou mandala. L’atome, la terre, l’univers sont des mandalas. Notre œil, mandala lui-même, nous fait depuis toujours percevoir les choses de façon circulaire et porte notre regard en un point central. Quand nous regardons les choses intensément de façon pleinement consciente, ne touchons-nous pas à leur dimension infinie?

C’est Carl Gustave Jung qui introduit le mandala en psychologie. Il en fit la découverte au cours de sa propre quête intérieure. Il définit le mandala comme le symbole du « soi ». Chaque matin, je dessinais une petite figure circulaire, un mandala, qui semblait correspondre à mon état intérieur du moment. Je n’ai découvert que petit à petit ce qu’était réellement le mandala : « le soi, l’intégrité de la personnalité laquelle, quand tout va bien, est harmonieuse ». (Jung)

Lorsqu’on demande à un guérisseur navaho de venir en aide à une personne malade, il effectue des rites pour restaurer l’équilibre naturel. Il aplanit une surface circulaire sur le sol, puis crée un mandala avec du sable de couleur. La composition picturale ainsi réalisée répond à un modèle traditionnel particulier, choisi par le guérisseur pour les besoins spécifiques de la situation. Le malade est ensuite placé au centre du mandala. L’ordre du dessin est sensé rétablir l’harmonie et sollicite le secours des divinités, donc rendre la santé au malade. (Fincher)

Pour moi, faire un mandala est un moment de méditation qui me permet de me centrer. Ce médium m’a fait découvrir et surtout intégrer que l’ombre est nécessaire pour voir la lumière. Je touche à l’équilibre et je m’apprivoise de mieux en mieux, je m’accepte plus facilement avec mes forces et mes faiblesses. J’accepte de ne pas être parfaite, je deviens plus humaine, plus sensible à moi donc plus acceptable et plus sensible aux autres avec leurs difficultés. Mes jugements sur moi-même tombent et je découvre une grande liberté intérieure.

Le mandala travaille inconsciemment, c’est un outil accessible à tous. Carl Gustave Jung se servait de ce médium dans son travail auprès des schizophrènes. Il croyait que le mandala pouvait aider la personne à découvrir pleinement son potentiel, à réaliser, unifier, équilibrer sa personnalité. Je vous souhaite d’avoir la curiosité d’essayer et de vous laisser prendre par la magie, le miracle de vous découvrir de l’intérieur.

Beau mandala!

La chance de notre vie

À travers nos activités quotidiennes, on se demande quelquefois pourquoi on est ici sur terre, dans cette vie qui est la nôtre, avec notre entourage personnel, conjoint, enfants, belle-famille, amis, et notre entourage professionnel presque aussi important.

On se demande pourquoi il nous faut vivre cette vie-là; tantôt poser des gestes qu’il faut refaire constamment : gagner sa vie, tenir la maison, encourager les enfants à faire leurs devoirs, prendre l’autobus, faire l’épicerie; ou tantôt vivre des situations exceptionnelles dans le bonheur ou la douleur : la naissance d’un enfant, la maladie et la mort d’un proche, l’accident d’un ami. Toutes ces situations peuvent sembler n’avoir aucun sens et pourtant, elles en ont un.

Un sage améridien de la nation cree dit dans un de ses poèmes : « Nous sommes venus sur cette terre pour bénéficier des leçons de la vie. » 1

Oui, la vie, c’est fait pour la vivre. Cela semble une évidence… On vit pour faire des expériences qui nous rendent toujours plus conscients, toujours plus capables de ressentir ce qui est essentiel. On « se pratique » à vivre de mieux en mieux, à discerner l’important de ce qui ne l’est pas. Et quelquefois ce qui est important n’apparaît pas au premier coup d’œil. Un exemple : les personnes qui reviennent d’une expérience de mort approchée (NDE) disent qu’elles ont pu voir le film de leur vie; ce qui les a frappées dans ce retour sur leur vie, c’est que les gestes qui témoignaient de leur égard pour les autres avaient été les plus valables, et les avaient fait progresser.

Nous sommes des apprentis à l’école de la vie; notre temps d’apprentissage sur la terre est court, il faut en profiter pleinement pour accomplir ce qui est demandé de nous : devenir des êtres humains qui respectent les autres, incluant notre environnement naturel, et qui ce faisant se respectent eux-mêmes. Il faut être capable d’être fier de nous. Comment savoir ce qui est le bon choix à faire pour nous et pour les autres? Comment ne pas céder à la facilité de se dire : « Ce n’est pas mon affaire, je ne m’en mêle pas. » ou « Personne ne le saura, je le fais quand même!»?

Voici ce qu’en dit le même sage amérindien : « Notre existence terrestre n’est qu’une partie de notre voyage vers le monde des esprits, et il est essentiel de bien le préparer. […] Selon nos enseignements traditionnels, la façon dont nous vivons notre existence terrestre influence notre voyage spirituel. Si nous sommes amers, coléreux et pleins de remords, notre voyage s’en ressentira. C’est pourquoi nous pensons que l’existence terrestre est sacrée. Chaque jour doit être un bon jour, avec plein de pensées et de sentiments positifs, car nous ne savons pas quand nous devrons quitter cette terre. […] » 2

Dans son message du Graal, Abd-ru-shin est très précis : « Il vous est donné de parcourir consciemment la Création. Toutefois, au cours de votre périple, vous n’avez pas le droit d’infliger la moindre peine à autrui pour satisfaire vos propres désirs! Vivez en conséquence, et vous serez heureux! Votre chemin ascendant vous conduira vers les lumineux jardins de votre Dieu afin que vous puissiez contribuer dans la joie au développement ultérieur de cette Création. » 3

Notre bonheur passe par l’effort qu’on fait pour rendre les autres heureux. La petite voix en nous est une alliée sûre pour savoir si on a fait le bon choix. Si on l’écoute, oui, on peut déjà être heureux dans cette vie; par nos efforts au jour le jour, nous augmentons notre capacité à nous activer pour la construction d’un monde plus harmonieux. Cette chance qu’est la vie, c’est la possibilité de collaborer à cette Création, de nous transformer pour mieux jouer le rôle important demandé du véritable être humain.

Références :
1- Vernon Harper, (XX siècle), Le Livre des Anciens, p. 202, poème n° 498 (Sagesse et traditions amérindiennes, Tribu des Cree)

2- Idem, p.p. 200-202, poème n° 519

3- Abd-ru-shin, Dans la lumière de la vérité – Message du Graal, Tome III, Conférence 16, p. 110.

L’expérience prénatale et la personnalité de nos enfants

Les enfants élevés dans une même famille, issus des mêmes parents, ont souvent de grandes différences de personnalité dès leur sortie du ventre maternel et qui se précisent au fur et à mesure qu’ils grandissent. Au-delà des variations du climat familial qui affectent chaque enfant, la psychologie pré et périnatale offre des pistes pouvant expliquer certaines de ces différences de fond. Nous verrons que les couples qui conçoivent un enfant peuvent faire beaucoup pour favoriser le développement optimal de leur enfant.

Les études récentes démontrent que la santé physique du bébé et de l’adulte qu’il deviendra dépend non seulement des facteurs génétiques présents à sa conception, mais de son environnement utérin. L’alimentation de la mère et son niveau de stress durant la grossesse sont des facteurs importants. Sur le plan de la personnalité, le cheminement du bébé serait comparable à son développement physique. Si on en croit les revécus d’expériences prénatales, dont certaines ont été corroborées par la mère ou les proches, le bébé serait non seulement conscient, mais capable de réagir et d’emmagasiner dans son inconscient toutes les expériences qu’il vit dès sa conception.

Les gènes physiques présents à la conception deviennent le « plan d’architecte » selon lequel le corps du bébé, et de l’adulte, se formera, si le milieu physique, la santé et l’alimentation de la mère le permettent. Sur le plan psychologique, c’est un peu comme si les « gènes de la personnalité » étaient activés au moment de la conception. Ces « gènes de la personnalité » sont formés de l’ensemble énergétique vécu par les parents au moment de la fécondation : ce qu’est chaque parent dans son être profond, ainsi que tous les sentiments, désirs et pensées qui accompagnent l’acte sexuel. Cet ensemble devient le « tableau de fond » de la personnalité de l’enfant à naître.

Les parents peuvent donc aider leur enfant avant même sa conception en se préparant physiquement, psychologiquement et spirituellement à le concevoir. Au-delà de cette préparation, le lâcher prise sur le résultat est ensuite essentiel. Ce « tableau de fond » de la conception peut être différent d’une conception, d’un enfant à l’autre. Dans certains cas, les parents ont consciemment un grand désir d’avoir un enfant et dans d’autres cas, l’enfant peut être conçu dans des conditions moins favorables, du moins en apparence. Cependant, toute conception humaine sans exception se passe à l’intérieur de l’enveloppe de ce qu’on pourrait appeler l’explosion du désir de la force de vie, qui permet qu’une vie humaine débute. Sur le plan spirituel, toute conception est désirée. Même l’enfant conçu dans la colère ou la violence a tout le potentiel pour devenir un être lumineux, tout autant que l’enfant conçu dans l’amour.

Sur le plan psychologique, la dynamique de la personnalité du bébé, ayant déjà sa base dans le « tableau de fond » de la conception, se dessine ensuite selon les couleurs de la vie de sa mère, de ses préoccupations, de ses activités et de ses attitudes de vie. Le père a une influence moins directe, mais très significative. La manière dont la mère, et ensuite le père, gère son désir de l’enfant durant la grossesse continue d’influencer la personnalité émergente du bébé. La base de l’estime de soi de l’enfant se construit : par exemple, « je suis accepté, désiré et désirable », ou bien « je dérange et on préfère que je disparaisse ».

D’ailleurs, si la conception et la grossesse surviennent à un moment problématique, l’amour des parents pour leur bébé durant la grossesse peut transformer le « tableau de fond sombre » en « œuvre d’art ». Le lien d’amour entre les parents et le bébé durant la grossesse permet de dire, d’exprimer ce qui se passe et de transformer les expériences difficiles. Les difficultés affrontées peuvent s’apprivoiser, se comprendre. Parler, rencontrer le bébé avant sa naissance peut faire une grande différence pour les parents et l’enfant.

Les parents qui désirent être soutenus dans leur travail d’éducation prénatale et de sécurisation du bébé, peuvent par exemple suivre la démarche proposée par la préparation affective à la naissance. Cette approche aide les parents à sécuriser leur bébé par le toucher affectif durant la grossesse et au moment de sa naissance. Le père y joue un rôle très actif de soutien de la mère et du bébé lors de l’accouchement.

Aussi, le jour de la naissance est une autre étape très importante pour la personnalité du bébé. La naissance est parfois traumatisante, car elle est souvent une expérience de grand stress et peut être vécue dans une grande solitude si personne n’est conscient de l’expérience physique et affective du bébé. Par contre, une naissance durant laquelle la mère et le bébé sont bien accompagnés et entourés a des conséquences positives, sécurisantes, pour la vie de l’enfant. La mère en retire aussi une plus grande confiance en elle-même comme femme et comme mère.

Évidemment, ce n’est pas tout. La personnalité continue de se construire après la naissance du bébé. Beaucoup de blessures prénatales guérissent lors d’une éducation remplie d’amour et d’expériences positives que la vie offre à l’enfant. Si votre enfant est plus vieux et que vous soupçonnez qu’il lui reste des blessures non guéries qui datent de son expérience prénatale, parlez-lui franchement de ce qui s’est passé. Laissez-le exprimer sa peine, la peur qu’il a vécue. La souffrance exprimée, partagée et reçue par quelqu’un qui nous aime, grandit et enrichit la personne concernée.

Danser sa vie pour réduire la pression!

Le mot stress a été emprunté au vocabulaire de la sidérurgie par Hans Selye, endocrinologue, qui voulait dire, état de tension du métal. Cet état de tension pouvait varier en fonction des situations et de la capacité de chacun à réagir aux facteurs stressants.

N’oublions pas que le stress est nécessaire à la vie (eustress). Toutefois, un stress excessif installe des tensions chroniques qui mènent à une rigidité excessive (distress). Les causes de stress peuvent être multiples, médicales, fonctionnelles, psychologiques, environnementales… Le perfectionnisme est une cause psychologique assez répandue.

Perfectionniste? moi jamais!

La quête de la perfection crée un stress phénoménal qui nous empêche de croquer la vie dans toute l’intensité de son mouvement.

Sur un plan collectif, la course à la perfection cultive un esprit compétitif où la vitesse et le dépassement de soi sont des qualités profondément valorisées dans notre société. La conséquence est une société à deux vitesses, ceux qui performent et les autres.

Sur un plan individuel, les perfectionnistes ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils sont. Ils ont toujours peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas plaire. Impossible donc de savourer ce que l’on est tout simplement. La satisfaction semble toujours dépendre d’un idéal à atteindre. À force de courir après une perfection extérieure à soi, vers un bonheur de l’ailleurs qui décentre, nous restons éloignés de la sensation et de l’accueil de ces moments magiques comme se sentir bien tel que l’on est. Ce qui aboutit inévitablement à enfermer l’individu dans une spirale d’insatisfactions permanentes, anxiogènes, coûteuses en terme d’énergie et exigeante à maintenir à tout prix.

Le stress comme résultat

Évidemment, cette exigence permanente imposée de l’extérieur ou par nos pensées crée un stress majeur qui se manifeste par toutes sortes de réactions physiologiques et comportementales pour nous adapter et trouver une façon pour répondre aux agents stresseurs. Par exemple, sous l’effet de l’adrénaline le corps se tend, le rythme cardiaque accélère, des douleurs diverses apparaissent avec une difficulté à se relâcher et goûter tranquillement au moment présent. Ces tensions laissent des traces, des cicatrices chimiques dans notre organisme, aboutit à la « désharmonisation » de nos organes, affaiblit notre système immunitaire. Nous nuisons à notre équilibre somatique. Ces accumulations de tension nous transforment en bloc de béton, et le dépassement permanent de nos limites brûle finalement notre fluidité corporelle.

Au travail, il arrive fréquemment que notre mouvement devienne sectionné, stéréotypé, répétitif. Ce stress laisse des traces dans notre mobilité qui à la longue inhibe et réduit l’amplitude de nos mouvements ce qui à la longue peut nuire à un vieillissement optimal.

Soyons toutefois rassurés. Ce processus limitatif est réversible. Toutes les stratégies mises en place pour réduire les effets du stress seront à privilégier.

Certains auront besoin de consulter en psychologie, d’autres de s’investir dans un sport ou une activité sociale. Mais personne ne pourra faire l’économie de casser ce cercle infernal; de se recentrer et de se remettre en mouvement en douceur pour commencer à réhabiter son corps et danser sa vie.

Danser sa vie au quotidien

Sur un plan corporel, prendre le temps de se détendre, de se remettre en mouvement, de se déplier, quel que soit son âge laisse émerger une motricité économique et un rayonnement, reflets d’une intériorité vivante.

Il faut du courage pour décider de danser avec nos agents stresseurs. Du lever au coucher, notre quotidien regorge de situations où notre corps est mis à contribution. Que de flexions, d’extensions, de torsions nous faisons sans même nous en rendre compte. Notre agenda chargé, nos horaires variés, nous poussent à nous ajuster en permanence sur un plan rythmique. Et même lorsque notre motricité est réduite au minimum, soit pendant que nous dormons, le mouvement reste encore présent et agit sur la qualité de notre sommeil. C’est ce qui nous fait être vivant.

J’ai toujours aimé me promener dans la nature. C’est pour moi la meilleure façon de me ressourcer. C’est accessible et non coûteux. Je trouve la source de mon inspiration lorsque j’observe la fluidité des arbres dans le vent. Je regarde l’herbe se trémousser sous la brise légère. Lors de ces marches, je respire au rythme du vivant qui m’entoure et j’y trouve encore la paix. J’ai l’impression de faire corps avec cet environnement paisible, de danser avec la nature.

À vous de varier vos plaisirs et de trouver votre façon de danser votre quotidien!

Références :

SELYE, H., The Stress of life. New York, McGraw-Hill, 1956 www.unisson06.org/dossiers/relation_aide/stress.htm

Ce qui appelle à vivre en nous

J’entame l’écriture de cet article devant un bon café crème, confortablement installée sur une terrasse du vieux Nice, dans le sud de la France.  Dans quelques jours, je suivrai une formation à laquelle je tenais beaucoup et qui me permettra d’approfondir davantage mes connaissances sur le potentiel humain. Cette « pause–cadeau » sur la Côte d’Azur me permet de m’arrêter quelques minutes et de dire merci pour ces moments de douce magie que je me suis autorisée à faire fleurir dans ma vie.

Et vous?  Vous autorisez-vous à faire fleurir votre existence, à votre façon?

Au plus près de votre plus intime désir

Le prêtre, philosophe et psychologue français, Jean-Yves Leloup, répète souvent que la santé, du point de vue des psychanalystes, c’est savoir se tenir au plus près de son plus intime désir.  D’aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu un espace en moi pour ma vie idéale. Comme une petite voix, une petite lumière toute simple, qui ressent le chemin à suivre et la créativité à me donner pour me sentir saine, vivante et en relation privilégiée avec le monde qui m’entoure…

Chaque fois que j’ai le bonheur d’accompagner les gens dans l’écoute rapprochée de cette petite voix, j’ai l’impression de voir soudain le soleil se lever dans leurs yeux. Ce soleil, ils le connaissent, mais ils ont appris à l’enfermer.  En fait, nous sommes tous plus ou moins prisonniers d’une cage de fausses croyances et de non-amour, construite et maintenue par nul autre que nous.  Une cage prenant la forme de masques ou de mécanismes de défense que nous avons installés, convaincus qu’autrement, nous ne pourrions être suffisamment aimés ou protégés.  Tout le défi consiste à oser sortir de la cage pour enfin manifester nos plus intimes et légitimes désirs.

Connaître sa cage et en connaître la sortie

La psychologie et la psychiatrie modernes se sont spécialisées dans l’étude de la cage.  Si l’on veut être véritablement vivant, nous ne pouvons pas faire l’économie de la connaissance des principaux barreaux qui nous enferment.  Par contre, plusieurs font l’erreur de passer leur vie à tourner en rond dans l’étude de la cage et leur âme finit par mourir d’inanition à force de ne pouvoir s’exprimer.

Philon d’Alexandrie, un thérapeute de l’Antiquité, disait ceci : « Prendre soin de l’Être, n’est-ce pas s’occuper d’abord de ce qui va bien en nous, regarder vers ce point de Lumière qui dissipera nos ténèbres? ».  Connaître mieux notre essence, nos talents, nos passions et ce qui donne un sens à notre vie, c’est le point de départ vers cette vie idéale – et nécessaire! – qui attend de rayonner et qui aura raison de nos zones d’ombre les plus tenaces.

Quelques pistes d’exploration

Avant de passer à l’action pour manifester vos rêves, voici deux questions pouvant vous aider à préciser la nature de votre essence et les aspirations de votre être profond :

  • Quand j’étais enfant, quels étaient mes jeux préférés et quels étaient mes rêves?
  • Qui sont les personnes que j’admire le plus?  Quelles qualités m’inspirent-elles?

Explorez à fond ces deux thèmes.  Ils parlent de vous dans ce que vous avez de plus pur.  Si vous restez bien à l’écoute de votre petite voix, vous trouverez bientôt des idées créatives vous permettant de vivre de plus en plus en accord avec vous-même.  En osant un premier pas vers votre existence idéale, la magie des opportunités et des synchronicités se mettront en branle.

Une fois que vous serez passé de l’étape de la vision à celle de la mise en action, ne craignez pas de commettre des erreurs.  On m’a récemment expliqué que pour intégrer un nouvel apprentissage, comme apprendre à marcher par exemple, un enfant vivra en moyenne 256 échecs.  256 fois, il tombera et se relèvera, sans jamais se juger ou se décourager! Seul l’élan de vie compte.  N’est-ce pas prodigieux?  Et nous sommes tous passés par là!  De la même manière, pour sortir de nos vieux schèmes, il faudra nous attendre à tomber et nous relever.  Mais ce faisant, nous nous ferons aussi des muscles et bientôt, c’est l’élan de vie qui sera le plus fort.  Bientôt, la joie et les moments d’extase seront votre récompense.  Oui, je parle bien « d’extase ».  Ces moments bénis où convergent notre essence et l’instant de pure créativité surviendront.  Vous ne serez pas constamment perchés sur votre nuage, mais retenez que cette forme de joie est aussi possible.  Et je sais qu’au fond, vous le savez…

Que vous cherchiez ou non à vivre ces moments de grâce, il ne fait aucun doute que chacun d’entre nous tente plus ou moins adroitement de répondre à ce qui appelle à Vivre en lui-même.  Plus j’avance sur le chemin de la connaissance de soi, plus ces deux grandes vérités s’imposent constamment :

  1. Le point commun à toutes démarches spirituelles authentiques est de favoriser le Vivant en nous;
  2. Et pour y parvenir, il s’agit de retrouver notre spontanéité et notre authenticité.

De toute manière, il n’y a pas d’échappatoire : la Vie veut la vie en nous et tous les mensonges ou demi-vérités qu’on essaiera de se raconter finissent tôt ou tard par éclater d’eux-mêmes.  C’est le grand paradoxe de l’existence, le beau grand Mystère qui fait que, bon gré mal gré, nous avançons vers notre liberté véritable.  Plus nous autorisons la Lumière à se manifester à travers nos paroles, nos gestes et notre œuvre, plus nous nous sentons aimés et aimants et plus la vie nous le rend.

Myriam ou la dimension sacrée du féminin

Interview avec Jean-Yves Leloup

Il y avait longtemps que le personnage de Marie-Madeleine m’interpellait.  Il faut croire que sans bien le comprendre, je pressentais la force de ce symbole féminin par excellence.  En tout cas, depuis le jour où j’ai reçu l’éclairage de Jean-Yves Leloup sur ce personnage mythique, je ne cesse de découvrir les multiples facettes de la Marie-Madeleine en moi et de me mettre au défi de vivre les prises de conscience que cela suppose.  Tout un contrat, vous verrez!  Et en même temps, un chemin fabuleusement transformateur…

Prêtre orthodoxe d’origine française, docteur en psychologie, en philosophie et en théologie, Jean-Yves Leloup est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages hautement inspirés et chaudement accueillis par le public.  Cet homme à l’intelligence du cœur peu commune s’est rapidement intéressé au personnage de Myriam de Magdala (Marie-Madeleine), d’abord dans le cadre d’une démarche personnelle, puis en tant qu’érudit.

Q.  Jean-Yves Leloup, comment vous êtes-vous intéressé au personnage de Marie-Madeleine et à ce qu’elle symbolise?

R.  Cela s’est produit lorsque j’ai visité la Sainte-Baume, en Provence, qui est un lieu sacré dédié à la présence de Myriam de Magdala.  On peut dire que Myriam est l’incarnation du féminin face à la présence du personnage de Jésus, lequel est l’incarnation du masculin.  Tout cela est à réconcilier : que l’on soit de sexe masculin ou féminin, retrouver en soi le féminin sacré passe d’abord par une réconciliation psychologique et même physique avec sa propre mère, avec sa propre matrice.  Tant qu’on n’a pas rencontré son propre féminin ou son propre masculin, on le projette sur l’autre.  Quand on a l’impression de connaître quelqu’un depuis très longtemps et qu’on a ce que l’on appelle un coup de foudre, c’est en fait une partie ignorée de nous-même qui réagit.  La personne aimée nous aide à découvrir ce féminin ou ce masculin qu’on ne connaissait pas.  Lorsqu’on a retrouvé cet autre aspect en soi, il arrive alors qu’on se demande ce qu’on peut bien faire avec cette même personne!  Mais c’est peut-être justement le moment où on va commencer à l’aimer vraiment et à ne plus la considérer comme la projection d’une partie de soi-même.

Q.  Vous voyez donc le personnage de Marie-Madeleine comme un symbole non seulement spirituel, mais aussi purement psychologique?

R.  Je crois que cela a d’abord été une démarche psychologique de connaissance de moi-même à partir des différentes polarités, ce qu’on appelle « l’Anima » chez Jung.  Mais à côté du féminin spirituel, un féminin sacré; on parlera de la Sophia, c’est-à-dire de la sagesse.  Je crois que c’est en se réconciliant avec la dimension féminine de l’être que l’on se réconcilie avec sa dimension spirituelle.  C’est Graf Dürckeim qui disait que le chemin vers le spirituel passe par la reconquête de la dimension féminine, contemplative, creuse : la coupe qui accueille l’Être, le Graal.

Q.  On parle de l’Anima et de l’Animus en psychanalyse, du yin et du yang dans le Tao, mais dans l’enseignement chrétien, il me semble qu’on en parle très peu, hormis peut-être les personnages de Marie et Joseph?

R.  Dans la tradition chrétienne, c’est le personnage de Marie, la mère de Jésus, qui a pris toute la place.  Nous avons tous à vivre ce que Marie a incarné dans sa réceptivité.  Marie, c’est la terre, c’est le cosmos, c’est la matière qui accueille le Verbe, la formation créatrice.  Chacun de nous est appelé à devenir une Mère de Dieu, c’est-à-dire à mettre Dieu au monde.  Cela peut sembler un peu curieux que pour devenir mère, il faille devenir vierge!  Lorsqu’on dit que Marie est vierge, ce n’est pas dans le sens anatomique ou physique du terme, mais c’est la virginité de l’esprit, du cœur.  Dans ce silence du cœur, du corps, de l’esprit, une autre conscience peut naître, le verbe peut naître.

Q.  Dans l’imaginaire de bien des gens, Marie-Madeleine est en effet la prostituée.  Dans vos livres, vous remettez les pendules à l’heure sur ce point.

R.  Nulle part dans les Évangiles, il n’est question de Myriam de Magdala comme une prostituée.  C’est une création de l’Église qui est apparue par la suite.  Myriam était considérée comme une pécheresse, comme quelqu’un de hors-la-loi, qui n’entre pas dans les normes de la religion, dans la société de son époque.  La raison en est qu’elle cherchait la connaissance par l’étude de la Torah et des Écritures, un domaine réservé aux hommes.  Les femmes devaient rester à la maison, s’occuper des enfants et du ménage, et voilà qu’apparaît une femme libre à la recherche de la Connaissance.

Q.  Croyez-vous que les gens sont maintenant prêts à comprendre que ces métaphores s’adressent à des aspects intérieurs de nous-mêmes?

R.  Bien sûr, les écrits sacrés sont des écrits symboliques où Marie n’est pas simplement un personnage de l’Histoire, mais elle représente un archétype.  On pourrait dire qu’elle incarne le « oui originel ».  On parle toujours du péché originel, mais on peut aussi parler de la grâce originelle :  de cet état de Oui qui précède tous les Non.  Dans nos vies, le Oui consiste à découvrir ce qui est plus profond que notre premier Non, c’est-à-dire à trouver ce qui est plus profond que la peur.  Trouver le féminin sacré en nous, c’est découvrir en nous le « Oui à la vie », le « Oui sans peur ».  Chacun de nous a à découvrir en lui-même la Marie de son être, le féminin de son être.  On pourrait dire que chacun de nous a à vivre l’Immaculée conception, c’est-à-dire le silence immaculé qui conçoit le Verbe.  Il y a ce que l’on conçoit parce qu’on l’a appris, on l’a médité, on l’a lu, on l’a acquis.  Et il y a aussi ce qui est conçu à partir du silence, c’est ce qu’on appelle une Immaculée conception.

Q.  À quoi pourrait ressembler une société où le féminin reprendrait tout à coup ses droits?

R.  Ce serait une société beaucoup plus tranquille.  Ce ne seraient pas les valeurs de production et la réussite sociale qui compteraient.  L’important n’est pas d’être riche et d’avoir beaucoup.  L’important, c’est d’être et d’être riche dans ses relations.  Ne pas avoir peur du silence, de l’espace dans lequel la vie apparaît.  Se réconcilier avec le féminin, c’est se réconcilier avec la vacuité, avec cet espace dans lequel apparaissent toutes choses.

Les jeux divinatoires

Depuis la nuit des temps, les humains utilisent des objets et des rituels pour tenter de percer les mystères du passé, du présent, du futur, du monde invisible et de l’âme. Ce sont les jeux divinatoires, qui étaient auparavant réservés aux chamanes, devins et magiciens. Maintenant, il est commun de trouver sur la table des Québécois moyens un jeu de cartes divinatoires. Les boutiques ésotériques offrent de nos jours une panoplie toujours grandissante de ces jeux. Qui d’entre nous n’a pas encore eu la chance de se faire « tirer aux cartes » par une voyante ou, tout simplement, une amie? Cheminement a voulu explorer plus à fond ce monde en effervescence. (Mado Sauvé)

Les jeux divinatoires, que je préfère appeler des oracles, sont d’excellents outils pour la croissance personnelle de ceux qui s’ouvrent à leur mystère. Lors des ateliers que j’anime à ce sujet, les gens m’ont dévoilé leurs motivations pour apprendre à utiliser ces jeux. Ce sont des outils pour se connaître, faire des déblocages et des prises de conscience, développer l’intuition ou nous relier à notre Soi Supérieur. Ils aident à comprendre le présent par rapport au passé et au futur et mettent au clair ce que nous savons déjà. Ils facilitent la communication et nous aident à briser la glace socialement.

Ce sont parfois des instruments de méditation. Comme les ados s’y intéressent, les parents peuvent s’en servir pour améliorer leurs rapports avec eux. Ils facilitent la résolution de problèmes, la prise de décisions; ils donnent de la perspective et construisent un pont entre le conscient et l’inconscient. Ce sont de bons outils pour approfondir diverses voies : la kabbale, le zen, les mythologies (celte, etc.), la psychologie, la magie, les templiers, etc. Ce sont de bons outils professionnels et thérapeutiques pour ceux qui veulent faire carrière dans ce domaine.

Finalement, d’autre gens viennent par curiosité, par influence d’un proche, pour le plaisir ou par hasard. À la fin de ces soirées d’initiation aux jeux divinatoires, tous s’accordent pour dire que même si leur utilisation procure un vrai plaisir, ce sont aussi des outils initiatiques sérieux et qui commandent notre respect. Si on veut bénéficier de ces outils précieux, il est important d’être en accord avec une transformation, d’un vécu intensif et une conscience élargie.

Le choix de l’oracle est une étape importante. Il devrait y avoir une attirance indéniable entre la personne et l’outil. De nos jours, nous bénéficions d’un choix extraordinaire de jeux divinatoires. Chacun peut donc trouver quelque chose à son goût. Les jeux peuvent s’utiliser de diverses manières :

– approche intellectuelle

– approche intuitive

– transfert de connaissance d’un proche ou d’un ancêtre

– initiation en vivant avec l’oracle au quotidien

– association les approches entre elles

Il est important de choisir une méthode qui vous plaît et de répéter les mêmes écarts de divinations afin de les maîtriser. Au début, il est préférable de s’abstenir de consulter trop de livres et d’auteurs différents. Vous pourrez le faire avec moins de confusion plus tard, quand vous aurez acquis une bonne base de connaissances. Ce renouveau d’intérêt pour les arts divinatoires peut être lié au besoin que nous avons de nous retrouver. Ces outils se révèlent à nous comme des amis longtemps égarés. Leur apparition précède les civilisations égyptiennes. Ils ont survécu à l’épreuve du temps et c’est cette ancienneté qui incite notre respect. Je vous souhaite un cheminement valorisant avec l’outil de votre choix.