Comment pourrions-nous limiter le féminin à une seule définition? Tellement de richesses et de visions sont contenues dans les archétypes du féminin. Ils habitent l’homme autant que la femme, car le féminin à mes yeux n’a pas de sexe au sens littéral du terme sans pour autant nier son origine chez la femme telle qu’elle est représentée dans les grands mythes ou dans les arcanes du Tarot. Ici comme dans diverses représentations, ses visages sont multiples et le féminin habite chacun de nous, en équilibre ou dans des proportions plus ou moins harmonieuses. Nous pourrions en dire autant du masculin.
L’essentiel n’est-il pas de prendre conscience de ce féminin qui nous habite et non seulement d’en être conscient, mais de lui laisser la place qui lui revient, sans honte, avec joie et plaisir.
Il y a un féminin passif et un féminin actif, un féminin qui reçoit, qui accueille, qui protège, qui aime, qui consent à donner sans retour, qui sème l’amour discrètement, qui se révolte, qui souffre, qui partage et se passionne pour la vie dans sa totalité.
L’avenir, en partie, est entre les mains du féminin. Que ferons-nous du féminin? Nous permettrons-nous d’y faire confiance, de le laisser s’exprimer dans ses formes infinies, à travers l’art, le politique, le social, les sciences et bien sûr à travers la spiritualité? Quel espace sommes-nous prêts à lui donner? Comment souhaitons-nous le célébrer? Peut-il se manifester sans guerre? Peut-être. Mais non sans combat, car il doit retrouver ses lettres de noblesse autant dans le fait d’entretenir un foyer, soigner des enfants, découvrir une nouvelle équation en physique ou dans les rituels au sein des diverses expressions religieuses. Il fut un temps où le féminin était représenté par le ciel et le père ou le masculin par la terre puis ce fut l’inverse. Souhaitons que le féminin soit sur la terre comme au ciel!
Je ressens une certaine tristesse en constatant le trop grand nombre d’hommes qui refoulent en leur profondeur le féminin et le trop grand nombre de femmes qui troquent le féminin pour un masculin disproportionné, dans le but de conquérir un pouvoir et une puissance qui répondent aux valeurs déformées de nos sociétés.
Respecter le féminin et le laisser vivre librement dépasse les images conformistes de la publicité. S’il doit passer par les soins du bébé, la sensibilité, la douceur, il doit aussi se manifester dans les luttes pour l’équité et la justice, la vision juste des choses, loin de la haine et des rancœurs. Le féminin est une arme à manier avec dextérité, souplesse et discernement.
La peur, chez les hommes, empêche trop souvent la manifestation des émotions et les remises en question, les luttes aveugles ou acharnées empêchent chez les femmes, dans une haine du masculin, l’essor du féminin. Je ne prétends pas ici que les luttes ou les revendications soient à bannir, mais à équilibrer.
Le féminin désire l’harmonie, l’équilibre, ce retour à la terre comme matrice de vie, cette relation féconde à l’eau, dans la joie, la danse ou le chant, dans le secret ou dans de grandes manifestations. Le féminin, c’est l’origine, la connaissance, la juste part des choses, l’imaginaire et la créativité, cette force intérieure trop souvent contenue, le don de soi, la sensualité, la part de mystère et la réalisation de soi.
Comment ne pas souhaiter que chaque femme et chaque homme puisse vivre le féminin jusqu’à l’extase? Je vous le souhaite amoureusement.